Les milliers de Guinéens qui ont décidé de se lancer dans l’aventure entrepreneuriale méritent d’être davantage soutenus par l’État, estime l’avocat Baba Hady Thiam, cofondateur du Guinean Young Professionals’ Club.

On ne peut que saluer les progrès dans les secteurs de la bauxite et du fer, après des décennies d’espoirs déçus. Pourtant, force est de constater que les milliards de dollars d’investissement consentis par les sociétés minières ont des effets limités sur la prospérité des Guinéens.

Un fort esprit entrepreneurial

La bonne nouvelle, c’est que nombre de Guinéennes et de Guinéens sont animés d’un fort esprit entrepreneurial et se lancent avec succès dans de nombreux domaines comme les nouvelles technologies, l’agro-industrie ou la santé.

Ainsi, Mountaga Keïta, fondateur de Tulip Industries a contribué à l’effort de lutte contre le Covid-19 en Guinée en mettant au point la tablette Health Scan, capable de détecter les symptômes grâce à sa caméra thermique. Il avait déjà été reconnu parmi les meilleurs innovateurs africains à l’occasion du Sommet de Kigali sur l’innovation en Afrique.

Citons également Fatoumata Cissoko, une jeune entrepreneuse qui a monté une usine de transformation d’ananas, mettant ainsi sur pied une chaîne de valeur, allant de la collecte auprès des agriculteurs locaux jusqu’au conditionnement et à la commercialisation des fruits dans tout le pays. L’entreprise Sodiaplast s’est quant à elle attaquée au fléau des déchets plastiques en créant toute une filière de recyclage et de transformation industrielle locale.

Soutien des miniers

Malgré leur bonne volonté, ces entrepreneurs risquent d’être les oubliés de la croissance guinéenne. Ils mériteraient d’être soutenus, non seulement par l’État, mais aussi par les grands acteurs miniers. Eux qui s’interrogent sur leurs retombées locales pourraient mettre en œuvre des politiques de développement local pérennes en soutenant des filières d’approvisionnement et des stratégies de diversification innovantes.

Souvent mis en place par obligation légale, les programmes RSE (responsabilité sociale et environnementale) des sociétés minières, généralement très coûteux et inadaptés, s’écroulent aussitôt qu’elles mettent fin à leur exploitation. En soutenant les entrepreneurs locaux dans leurs efforts de développement, à la manière d’un fonds d’impact, elles pourraient au contraire jouer un rôle de catalyseur, voire dégager une rentabilité sur le long terme.

L’État a son rôle à jouer

Pour en bénéficier pleinement, ces entrepreneurs devront aussi réaliser un travail de structuration et de formalisation leur permettant d’accéder aux sources de financement disponibles. L’investissement récent de 25 millions de dollars de IFC (SFI,  groupe Banque mondiale) dans la Société  nouvelle de commerce (Sonoco), groupe à 100 % guinéenne, montre que les entreprises locales peuvent accéder aux ressources d’institutions très rigoureuses dans leurs critères de sélection.

De son côté, l’État a un rôle d’architecte à jouer pour soutenir les jeunes pousses guinéennes. En ce sens, le futur Fonds de garantie des prêts aux entreprises (FGPE) pourrait faciliter l’accès aux financements bancaires. L’État pourrait également structurer un fonds souverain abondé par les revenus miniers pour le financement en capital des entreprises guinéennes, avec la possibilité pour les entreprises bénéficiaires d’accéder à un accompagnement sur mesure.

La Guinée a tous les atouts pour faire du secteur minier le véritable moteur de la diversification économique du pays, à la condition de soutenir et de valoriser la vraie richesse du pays : ses entrepreneuses et entrepreneurs.
Lu sur jeuneafrique.com

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