Cette semaine, la rédaction de guineeminesnatures.com a eu l’occasion de rencontrer M.Bangaly Haidara, qui est à la tête du Centre de Métiers Industriels de Guinée (CMI Guinée) et PDG de 2H Group SA. Fort de 15 années d’expérience dans le secteur minier, M. Haidara a observé un déséquilibre persistant entre l’offre et la demande de main-d’œuvre qualifiée en Guinée, ce qui le rend inefficace pour le développement local.

Pour relever ce défi, il a mis en place CMI Guinée, un centre de formation professionnelle spécialisé dans les métiers industriels, notamment la conduite d’engins lourds et de poids lourds. Aujourd’hui, CMI Guinée s’impose comme une référence en matière de formation professionnelle dans le pays. Son influence se propage maintenant à plusieurs zones : Conakry, Kamsar, Kindia, Boké, Mamou , Kankan, Siguiri, Beyla et Nzérékoré .

2H Group S.A est composé de quatre filiales aujourd’hui, à savoir : CMI Guinée (formation aux métiers industriels); Auto-école Spatiale ( formation véhicules légers, pickup, bus , land cruiser et tous types de camions ) ; 2H Consulting ( recrutement, partage de salariés et aux services d’intérim) et 2H Global Services ( vente et location d’engins lourds, btp …) .

Découvrez ci-dessous le contenu complet de notre discussion avec M. Bangaly Haidara, dans lequel il partage sa vision, les défis et les ambitions du centre des métiers industriels de Guinée.

Guineeminesnature: Bonjour M. Haidara !

Bangaly Haidara : Bonjour !

Guineeminesnature : Pourriez-vous nous donner une brève présentation du CMI Guinée et de ses principales missions ?

Bangaly Haidara : Le Centre des Métiers industriels de Guinée (CMI Guinée) est un centre de formation professionnelle. En premier lieu, dans le volet un, nous avons une formation sur la conduite des engins lourds et des poids lourds. Nous venons de débuter une formation sur la santé, la sécurité et l’environnement au travail dans le volet deux. Nous prévoyons d’ajouter un volet 3 et 4 qui traite de la mécanique des engins lourds et poids lourds, ainsi que de tout ce qui concerne le BTP, y compris la topographie, les calculs de structure, l’ingénierie des bâtiments et les travaux publics.

Quelle est la motivation derrière la création de CMI Guinée et d’où provient l’idée ?

Vous savez, j’ai travaillé dans les mines pendant 15 ans. Au fil des années, j’ai remarqué qu’il y avait une difficulté avec le contenu local. C’est-à-dire, le manque de compétences au niveau de la Guinée . Il arrive parfois que les entreprises minières soient obligées d’explorer d’autres pays comme le Sénégal, le Mali et la Côte d’Ivoire pour trouver des compétences. Donc , pour lutter contre cela, je me suis dit : pourquoi ne pas créer un centre de formation pour valoriser le contenu local. C’est pourquoi ce centre a été créé dans le but de former la jeunesse guinéenne en lien avec les secteurs miniers industriels.

Quelles sont les formations principales dispensées par le centre?

Nous faisons la formation sur les engins lourds et les poids lourds. En plus, nous offrons une formation sur la mobilité à l’auto-école Spatial, qui est affiliée à CMI Guinée. Nous faisons la formation sur la santé, la sécurité, l’environnement au travail. Cette formation couvre le travail en hauteur, le montage et le démontage des échafaudages, les premiers secours, les espaces confinés, bref tout ce qui concerne la sécurité au travail.

Le PDG du 2H Group, Fondateur du CMI Guinée, M. Bangaly Haïdara, en pleine séance de formation avec les apprenants

Quels types de personnes sont les destinataires de vos formations?

Le volet un de la formation vise principalement les travailleurs miniers. Ensuite, vient le secteur du BTP. Lorsqu’on évoque les opérateurs de machines, il est primordial de comprendre qu’ils sont utilisés dans les mines, les manutentions, les ports autonomes. De nombreuses autres entreprises utilisent également ce genre d’engins, pourquoi pas les industries agroalimentaires. Si vous choisissez par exemple Métal Guinée ou Sobragui, ainsi que d’autres entreprises, vous verrez qu’elles utilisent des grues, des chariots élévateurs et des chariots porte-conteneurs. Nous dispensons la formation sur tout cela.

Vous avez listé quelques formations que vous proposez aux apprenants, mais comment les répartissez-vous?

Deux variétés se présentent dans notre formation : le CAP (Certificat d’Aptitude Professionnelle) et le CACES (Certificat d’Aptitude à la Conduite en toute Sécurité). Le CAP s’adresse aux particuliers, c’est-à-dire aux B2B, aux personnes qui viennent étudier au sein du CMI Guinée pour trouver du travail dans les mines ou d’autres secteurs tels que le BTP et l’agroalimentaire. Le CACES est une formation conçue pour les personnes déjà employées dans certaines entreprises et qui viennent se certifier chez nous. Ils sont souvent des gens qui n’ont pas de document. Cependant, nous ne commercialisons pas le certificat. Nous faisons en sorte que ces personnes soient évaluées. Lorsqu’on les évalue, on leur remet des documents qui leur permettent d’être véritablement reconnues, en particulier sur le plan de la conduite, de l’opération et de la sécurité.

Depuis que vous êtes installé, quelle est votre position actuelle dans votre domaine?

Aujourd’hui, nous sommes leaders dans ce domaine au niveau du pays. À ce jour, nous avons réussi à couvrir neuf (9) villes en Guinée, y compris Conakry, Kamsar, Kindia, Boké, Kankan, Siguiri, Mamou, Beyla et N’Zérékoré. En ce qui concerne l’accès aux conducteurs d’engins lourds et de poids lourds, nous sommes véritablement les leaders de la Guinée. Il y a peu, nous avons fait un voyage au Sénégal dans le but de mettre en place un centre. En ce moment, nous travaillons avec un Sénégalais pour ce projet, car nous avons maintenant l’intention de nous tourner vers la sous-région.

Auriez-vous l’amabilité de partager quelques réussites des anciens apprenants qui ont réussi à intégrer le marché du travail grâce à votre centre?

Quand vous partez dans de nombreuses entreprises, nous recevons régulièrement des remerciements de la part des apprenants qui étaient chez nous, qui sont actuellement en train de travailler. Il y a des gens parmi eux à Caterpillar, appelés Nimba. D’autres sont impliqués dans les projets de Rio Tinto, et ils sont même nombreux à cette position. Lorsque vous partez dans des entreprises telles que COVEC ou SMB, nous avons de nombreux apprenants qui y travaillent. En outre, nous recevons fréquemment des images de ces apprenants qui expriment leur fierté pour la formation qu’ils ont suivie dans notre centre.

Quelle est la façon dont CMI Guinée s’ajuste aux nouvelles exigences des industries, en particulier en ce qui concerne les technologies et l’innovation ?

À l’heure actuelle, nous sommes en train de rivaliser avec certaines entreprises guinéennes. À ce jour, nous sommes le seul centre dans notre domaine à utiliser des simulateurs pour la formation professionnelle en conduite d’engins lourds. Cependant, aujourd’hui, il est possible pour un Guinéen lambda de venir s’asseoir pour suivre une formation sur des simulateurs. Aucun projecteur n’est utilisé, nous utilisons des télédispositifs, des téléinteractifs, qui sont vraiment conçus pour la formation. Il est important de noter que tous nos apprenants sont vêtus de tenues de mines. Cela signifie qu’ils sont déjà prêts pour la santé et la sécurité avant même d’être embauchés dans les différentes entreprises minières ou de BTP de la région.

Un apprenant du CMI Guinée en formation pratique sur un simulateur

Quel est le coût moyen des formations ?

Les coûts de la formation varient entre 6 500 000 jusqu’à 14 000 000 GNF. Cela dépend du nombre d’engins choisis et du type d’engins choisis. Vous n’êtes pas sans savoir que nous essayons de faire en sorte que nous soyons au niveau de vie du Guinéen. Parce que si nous comparons aux autres centres qui se trouvent dans certains pays de la sous-région, comme le Sénégal et la Côte d’Ivoire, nous sommes un peu très en bas, parce que nous suivons en fonction du coût de vie de la population guinéenne. Sinon, si on faisait comme les autres pays, personne ne viendra. C’est pourquoi, nous faisons en sorte que ça aille avec le niveau de vie du Guinéen.

Quel message adressez-vous aux jeunes Guinéens qui hésitent à se former dans les métiers industriels ?

Ce que je vais demander à la jeunesse guinéenne, c’est qu’aujourd’hui, si nous ne venons pas nous former au niveau du centre des métiers industriels de Guinée, nous ne serons pas demain au rendez-vous. Aujourd’hui, on est en train de parler de Simandou 2040, et moi je ne me limite pas seulement à Simandou 2040, parce que je sais que la Guinée est un pays vierge où nos minerais ne sont même pas utilisés à 20%. Ça veut dire que beaucoup d’entreprises sont en train de naître. Le souci aujourd’hui est qu’on a un problème de ressources humaines, on n’a pas de conducteurs. Donc moi, je pense qu’il est temps que les gens viennent se former pour être au rendez-vous, parce qu’il ne faut pas qu’on quitte la Guinée pour aller prendre la main d’œuvre dans les autres pays pour venir travailler ici. Donc, il est temps de se former pour être au rendez-vous, d’abord pour Simandou 2040 et pour les entreprises qui ne font que naître du jour au lendemain.

Que souhaitez-vous dire à l’État guinéen et aux entreprises nationales sur l’importance d’investir dans la formation industrielle locale ?

D’abord, je vais m’adresser à l’État. Vous savez, au niveau de notre page, nous voyons beaucoup de commentaires. Les jeunes demandent tout le temps la subvention de l’État. Donc nous voulons demander à l’État de venir en aide à cette jeunesse qui veut aujourd’hui se former. Aujourd’hui, nous, nous avons pris le devant, nous avons créé le centre. Maintenant, nous demandons à l’État de subventionner une partie de ces formations. C’est des formations qui ne sont pas destinées à tout le monde vu que les équipements coûtent excessivement cher. Vous n’êtes pas sans savoir que les équipements des mines sont très chers. Si vous voulez faire une formation sans pour autant utiliser ces équipements, c’est que vous allez faire une formation bâclée. Mais pour que la formation réponde vraiment à la qualité, il faut que les équipements soient sur place. Et si les équipements sont sur place, la formation va donc coûter cher. C’est ce qui fait que nous, nous demandons vraiment à ce que l’État guinéen accompagne d’abord la jeunesse en les subventionnant, mais aussi accompagne les centres de formation en amenant plus d’apprenants subventionnés afin que la formation soit de taille en Guinée. En ce moment, on pourra se comparer aux autres pays.

Maintenant, à l’endroit des entreprises, il y a beaucoup qui sont en partenariat avec nous. Mais d’autres sont en train d’hésiter. Alors, il est temps que vous veniez avec nous pour pouvoir travailler afin que vos employés soient d’abord certifiés. Parce que qui parle de formation, parle de la sécurité. Et aujourd’hui, il manque beaucoup de sécurité dans les différentes entreprises de la place. Il est donc temps de s’approcher de nous, nous qui sommes des hommes de métiers, pour qu’on puisse les accompagner par rapport à la sécurité, que ce soit les engins lourds ou la santé sécurité au travail.

Une équipe d’apprenants du CMI Guinée sur un terrain de pratique en conduite des engins lourds

Vous êtes leader dans votre domaine, dites-nous ce qui fait votre particularité?

Ma particularité est que j’aime bien l’éthique. J’aime le travail professionnel bien fait. Je veux de la compétence guinéenne. C’est ce qui fait qu’aujourd’hui je suis en train de me battre. Et si vous remarquez, parmi tout le personnel de CMI Guinée, il n’y a que des jeunes. C’est des jeunes qui sont en train de travailler ici. Cela veut dire que chez nous, nous privilégions plus la jeunesse guinéenne. C’est pourquoi, nous faisons appel à des ressources extérieures pour venir former ces jeunes guinéens afin d’être vraiment aptes à la formation que nous voulons donner de qualité pour la jeunesse guinéenne.

Comment peut-on vous joindre?

Nous sommes présents ici à Conakry, à Kobayah plus précisément, au Carrefour Fall, ainsi qu’à l’intérieur du pays, notamment : Kamsar, Kindia, Boké, Kankan, Siguiri, Mamou, Beyla et Nzérékoré.

Ou contactez-nous :

Téléphone : +224 626 56 43 00 / 610 10 64 49 / 613 00 34 94

WhatsApp : +224 626 56 43 00 / 610 10 64 49

E-mail : info@cmi-gn.org

Site web : www.cmiguinee.com

Votre mot de la fin ?

Mon dernier mot, c’est de vous remercier de vous être déplacé pour venir nous interviewer ici. Cela prouve déjà qu’on est vu et qu’on est en train de faire un travail de rigueur qui est apprécié par tout un chacun.

Merci M. Haidara !

C’est moi qui vous remercie

Entretien réalisé par Sylla Youn,

pour Guineeminesnature.com

Tél : 624 36 64 35