« Un réchauffement comme celui de ces dernières décennies n’a jamais été observé depuis des millénaires ou même davantage », alerte le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC). Ce lundi 9 août, l’instance onusienne de référence sur l’étude du climat publie le très attendu premier chapitre de son sixième rapport, qui porte sur les bases physiques du changement climatique.

Les scientifiques tirent la sonnette d’alarme : le climat se réchauffe pratiquement partout, les températures augmentent rapidement et certains des changements déjà amorcés, comme la fonte des calottes glaciaires, sont déjà irréversibles sur des centaines voire des milliers d’années. Tels sont les éléments d’alerte inscrits dans le premier chapitre du sixième rapport choc du GIEC, fruit du travail de 234 experts internationaux.

« Ce rapport est une confrontation avec la réalité« , assure la climatologue Valérie Masson-Delmotte, coprésidente du Groupe de travail 1 du GIEC. « Nous avons maintenant une image beaucoup plus claire du climat passé, présent et futur, ce qui est essentiel pour comprendre où nous allons, ce qui peut être fait et comment nous pouvons nous préparer« . Le rapport du GIEC s’appuie en effet sur 14 000 études. Les chercheurs ont particulièrement travaillé sur l’impact du réchauffement climatique à l’échelle régionale, grâce à des modélisations de plus en plus sophistiquées.

« Aucune région ne sera épargnée« , prévient le GIEC. Celles-ci seront touchées différemment, avec un réchauffement plus important dans l’hémisphère nord, des précipitations plus importantes dans les hautes latitudes, et les tropiques. Et les effets sont déjà visibles. « Le changement climatique induit par l’homme affecte déjà de nombreux phénomènes météorologiques et climatiques extrêmes dans toutes les régions du monde » et en particulier « à travers les extrêmes tels que les vagues de chaleur, les fortes précipitations, les sécheresses et les cyclones tropicaux« .

Les chances de limiter le réchauffement à 1,5°C s’amincissent

Pour limiter ces effets, chaque dixième de degré compte. Le rapport fournit de nouvelles estimations sur les chances de franchir le niveau de réchauffement global de 1,5°C, seuil préconisé par l’Accord de Paris. Les émissions de gaz à effet de serre provenant des activités humaines sont déjà responsables d’environ 1,1 °C de réchauffement par rapport à la période 1850-1900. Si l’humanité poursuit cette trajectoire, le seuil d’1,5°C devrait être dépassé au cours des 20 prochaines années, alertent les scientifiques.

Dans un résumé adressé aux décideurs, les experts soulignent néanmoins que tout n’est pas encore perdu. « La stabilisation du climat nécessitera des réductions fortes, rapides et soutenues des émissions de gaz à effet de serre et l’atteinte de zéro émission nette de CO2« , a déclaré le coprésident du Groupe de travail 1 du GIEC, Panmao Zhai. « Limiter d’autres gaz à effet de serre et polluants atmosphériques, en particulier le méthane, pourrait avoir des avantages à la fois pour la santé et le climat« , ajoute-t-il. Mais ces actions doivent être immédiates, rapides et à grande échelle, sans quoi le seuil de 2°C sera lui aussi hors de portée.

Et les effets ne seront pas immédiats. Même en cas de réduction drastique des émissions « les bénéfices sur la qualité de l’air seraient visibles rapidement« , mais « cela prendrait au moins 20 à 30 ans pour voir les températures globales se stabiliser« , détaille le GIEC. La publication de l’ensemble du rapport, qui comprend deux autres chapitres sur la vulnérabilité des systèmes socio-économiques, l’adaptation, et les façons de limiter ou atténuer les émissions, est prévu pour 2022. Il doit permettre d’éclairer les décisions politiques.

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