Le contentieux entre la Chine et l’Australie, suite aux propos tenus par le premier ministre Australien Scott Morrison sur l’ouverture d’une enquête sur les origines de la Covid-19, a poussé Pékin à accroitre ses investissements en Afrique, notamment dans le méga gisement de fer de Simandou situé dans le sud de la Guinée, pour diversifier son approvisionnement en minerai de fer au détriment de la production de fer Australien.

En effet, ce durcissement commercial entre le géant Asiatique et son premier fournisseur en minerai de fer, dont la valeur d’exportation vers l’empire du milieu s’est élevée en 2020 de près de 7,6 milliards USD soit 80% de la production de fer Australien, augmente l’appétit de Pékin pour le gisement de haute teneur (65%) de Simandou dans lequel il a investi 6,5 milliards USD en 2012 à travers la société d’Etat China aluminium Co (Chinalco) et la China Investment Fund au côté de Rio-Tinto sur le projet SIMFER. De même, Chinalco a racheté en 2016 les parts de Rio-Tinto (45,05%) dans le bloc 3 et 4 de Simandou alors qu’il est déjà détenteur de 41,3% (Chinalco) des parts sur le même gisement.

Au mois de Novembre 2019, le consortium SMB-Winning, une joint-venture entre société Chinoise et Singapourienne a mis main sur les blocs 1 et 2 du méga gisement de Simandou. Bien que les coûts d’investissement avoisinent les 15 milliards USD, gonflés par la construction d’un chemin de fer et d’un port d’évacuation, la qualité géologique du minerai répond effectivement à l’attente des autorités chinoises, notamment dans la nouvelle politique de bas carbone du gouvernement pour son l’industrie d’acier qui occupe une position hégémonique à l’échelle mondiale.

L’Afrique du Sud qui est le premier producteur sur le continent (62,26 Mt en 2017), exporte principalement vers les ports chinois, suivie de la Mauritanie avec une production modeste de 11,77 Mt en 2017 ainsi que la Sierra Leone et le Liberia qui ont produit respectivement d’après le Worldsteel 6,96 Mt et 2,00 Mt en 2017. La production de Simandou qui vise pour un premier temps une exploitation à une allure de 40 millions de tonnes par an et ensuite passer à 170 millions de tonnes par an, devrait pleinement réconforter la Chine dans sa quête de sécurisation de ses approvisionnements en minerais de fer de haute teneur.

Globalement, la Chine produit 10,8% du minerai de fer à l’échelle mondiale, mais de piètre qualité géologique, avec une teneur inférieure à 40% en moyenne. Ce qui explique la forte dépendance des sidérurgistes chinoises vis-à-vis de l’approvisionnement extérieur et façonne en même temps la diplomatie que mène Pékin sur le continent Africain. Qualifié par certains de diplomatie minière afin de diversifier ses sources d’approvisionnement pour éviter toute forme de ruptures pouvant conduire à une récession économique en Chine et de menacer la position de leader mondiale de Pékin dans le domaine sidérurgique. Même si les exportations Africaines restent modestes (5% des exportations mondiales), elles occupent néanmoins une dimension stratégique et géopolitique pour la Chine.

Mohamed Lamine SIDIBE

Spécialiste en gouvernance et gestion des impacts des activités extractives en Afrique

mlsidibe03@gmail.com

 

LEAVE A REPLY

Please enter your comment!
Please enter your name here

Résoudre : *
18 + 4 =