Le président de la transition, le Colonel Mamadi Doumbouya a assené la semaine dernière les responsables des sociétés minières évoluant en Guinée la construction sur place des usines de raffinerie des matières premières. Une décision qui parait ‘’volontariste’’ pour certains acteurs du secteur minier guinéen, comme Oumar Totiya Barry, spécialiste en mines. Dans l’émission ‘’Mirador’’ de nos confrères de la radio Fim Fm, ce lundi 11 avril 2022, ce dernier a apporté quelques analyses autour des risques qui pourraient s’imposer à une telle décision.

La rédaction de guineeminesnature.com vous propose de lire ci-dessous un extrait :

« La décision du président, c’est  une décision volontariste. Elle n’est pas la première en Guinée. On a vu en 1962, le président  Sékou Touré a nationalisé les actifs d’une société  minière sous prétexte qu’elle n’a pas tenu ses engagements de transformer la bauxite en aluminium. Donc cette décision du président ne tient pas compte d’un certain nombre de problèmes qui assaillent le secteur minier.

Si vous prenez par exemple une raffinerie d’alumine comme celle de Fria, il y a 7 paramètres qui entrent dans le calcul de la rentabilité de cette raffinerie. Parmi ces 7 paramètres, il y a trois que nous maitrisons et il y a quatre qui nous échappent. Les trois que nous maitrisons effectivement c’est la volonté politique affichée par les  gouvernants.

Sur le cadre juridique, le code minier, il est attractif, c’est l’un des plus incitatifs de la sous région disons, mais aussi la ressource, c’est-à-dire la matière première que nous disposons abondamment sur place. Les quatre autres paramètres qui nous échappent et qui sont vraiment des paramètres majeurs qui rentrent dans le calcul de la rentabilité  d’une raffinerie.

Premièrement, il ya des capitaux, ça demande des investissements lourds. Une raffinerie comme celle de GAC qui était l’une des plus avancées, c’est près de 2 milliards de dollars d’investissement. Et ce n’est pas seulement l’entreprise qui mobilise, il y a la part de contribution de l’Etat.

Le deuxième paramètre qui échappe, c’est le facteur de production, et parmi ces facteurs de production, l’énergie occupe une place prépondérante. Pour produire une tonne d’aluminium, il faut 13 MW/h d’électricité, c’est l’équivalent du double de la consommation de toute la ville de Boké en énergie électrique, c’est ce qu’on ne dispose pas pour le moment.

Il y a aussi les marchés, les débouchés. Par exemple, l’Australie a un avantage par rapport à la Guinée du faite de son positionnement près des grands consommateurs du produit fini qui sont la Chine et les pays du moyen orient. Il y a aussi l’expertise, c’est-à-dire la ressource humaine qualifiée qu’il faut employer dans ces raffineries qui, au départ, on est obligé de les importer, après quelques années on fait un transfert de compétence. Donc il faut tenir compte de ces différents éléments pour penser à imposer cette stratégie de transformation aux opérateurs miniers ».

A suivre…

La Rédaction

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