Les âpres tractations à la COP26, capitales pour la lutte contre le réchauffement climatique, se poursuivaient samedi sans avancée sur l’aide aux pays pauvres, mais appelant toujours à sortir des énergies fossiles et à accélérer la réduction des émissions de gaz à effet de serre.

Les appels vibrants se sont multipliés samedi 13 novembre, à la COP26, pour que les quelque 200 pays participants mettent de côté leurs intérêts particuliers pour accepter le compromis sur la table en ce « moment de vérité » afin de limiter le réchauffement de la planète.

Un nouveau projet de déclaration finale de la conférence mondiale sur le climat publié samedi par la présidence britannique n’a pas débouché sur les avancées espérées, mais une session plénière reportée de plusieurs heures a mis en lumière, samedi après-midi, la volonté de compromis de nombreuses délégations, malgré des déceptions et quelques mécontentements.

« C’est le moment de vérité »

« C’est le moment de vérité pour notre planète et c’est aussi le moment de vérité pour nos enfants et nos petits enfants », a lancé aux délégations le président britannique de la COP26 Alok Sharma.

Admettant que le monde n’avait pas tenu les promesses de l’accord de Paris, il a estimé que le texte « reconnaissait ce fait et appelait à y répondre », demandant aux délégations d’adopter ce texte qu’il a qualifié d' »équilibré ».

« Nous sommes au moment des négociations où votre délégation peut se demander si vous pouvez utiliser ce temps pour obtenir plus pour votre pays, votre région, votre groupe. Je vous implore de ne pas le faire », a-t-il ajouté.

Après un sommet accueillant plus de 120 chefs d’État, des annonces en tout genre sur les forêts ou le méthane, et deux semaines de négociations serrées sur de nombreux sujets explosifs, la présidence espère boucler samedi les difficiles négociations, avec un jour de retard sur le calendrier prévu.

Et réussir ainsi à « garder vivant » l’objectif le plus ambitieux de l’accord de Paris, celui de limiter le réchauffement à 1,5 °C par rapport à l’ère pré-industrielle.

Alors que le monde se trouve toujours, selon l’ONU, sur la trajectoire « catastrophique » d’un réchauffement de +2,7 °C, le nouveau texte préserve les avancées en matière de réductions d’émissions et sur les énergies fossiles, principales sources de gaz à effet de serre.

Méfiance des pays pauvres

Le représentant de la Chine a assuré n’avoir pas l’intention de « rouvrir » les négociations sur le texte, tout aussi « imparfait » qu’il soit.

Le vice-président de la Commission européenne Frans Timmermans a lui aussi souligné le « risque dans ce marathon de trébucher dans les derniers mètres avant la ligne d’arrivée » en cas de réouverture des discussions sur cette dernière proposition.

Ces discussions sont compliquées par la méfiance des pays pauvres, les moins responsables du réchauffement mais en première ligne face à ses impact, puisque les pays riches n’ont toujours pas tenu leur promesse faite en 2009 de porter à partir de 2020 leur aide climat au Sud à 100 milliards de dollars par an.

Et le texte n’apporte pas de progrès sur ce dossier au cœur des tensions de ces derniers jours. Les pays en développement avaient notamment demandé un mécanisme spécifique de prise en compte des « pertes et préjudices », c’est-à-dire les dommages déjà causés par les impacts ravageurs des tempêtes, sécheresses et canicules qui se multiplient.

Mais les pays en développement ont malgré tout signalé leur intention d’accepter, à contrecoeur, l’absence de leur proposition dans le texte.

Débats sur les énergies fossiles

Autre point très controversé, la mention inédite dans un texte à ce niveau des énergies fossiles, principales responsables du réchauffement de la planète et qui ne sont même pas citées dans l’accord de Paris, est préservée dans cette troisième version du projet de déclaration, au grand dam des pays producteurs.

Le texte, dont la portée a été amoindrie au fil des versions, appelle désormais les pays membres à « accélérer les efforts vers la sortie de l’énergie au charbon sans systèmes de capture (de CO2) et des subventions inefficaces aux énergies fossiles », alors que les premières versions ne comportaient notamment pas les termes « efforts » et « inefficacité ».

Sur ce point, l’Inde a fait entendre une voix discordante. « Les pays en développement ont le droit à leur juste part du budget carbone mondial et à un usage responsable des énergies fossiles », a martelé le ministre de l’Environnement Bhupender Yadav.

Les délégations aimeraient d’autre part enfin venir à bout des discussions sur le dernier reliquat des règles d’utilisation de l’accord de Paris, en particulier sur le fonctionnement des marchés carbone. Les négociations sur cet article très disputé n’avaient pu aboutir aux deux dernières COP.

Avec AFP

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