Annoncé en novembre 2017, le premier « contrat de solutions » du monde agricole a été présenté ce matin par la FNSEA et ses 39 partenaires. Son objectif ? Identifier des solutions prêtes à l’emploi et efficaces pour réduire l’utilisation des pesticides. Pour en finir avec les « injonctions d’interdiction » venues d’en haut, la ferme France se veut proactive : « C’est une première depuis le Grenelle de l’environnement, explique Christiane Lambert, présidente de la FNSEA. Nous avons décidé d’unir nos forces pour répondre à une attente sociétale ». Le syndicat veut répondre à la « confiance » qui leur a été accordée dans le cadre de la loi agricole. Au cours des débats, le gouvernement n’a pas imposé d’interdictions, notamment pour le glyphosate.

La France agricole mise sur trois mots : « combinatoire », car seule une palette de solutions répondra à l’enjeu, « massif » car chaque agriculteur va devoir se les approprier et non les seuls « pionniers », et « collectif » pour créer un mouvement de fond sur le long terme. Avec l’effet de masse, les acteurs sont convaincus d’avoir des résultats à la hauteur. Au point de faire oublier l’échec du plan Ecophyto ? « Ecophyto n’ a pas marché car c’est une approche punitive et stigmatisante, explique Christiane Lambert. Les solutions n’étaient pas disponibles, le climat ne nous a pas aidé et l’approche était élitiste« . Cette fois, ce sera la bonne, promet le principal syndicat agricole.

36 solutions à disposition

Pour cet exercice, la FNSEA a su mobiliser des représentants des producteurs, des acteurs du conseil, de la distribution, de la formation, et des pourvoyeurs de solutions. Tous ont regroupé leurs « bonnes idées ». Bénéfices environnementaux, incidences sur les pratiques, sur le temps de travail, sur la compétitivité des exploitations : tout a été passé au crible.

Après huit mois de travail, le contrat contient pour l’instant 36 solutions « prêtes et crédibles » selon Alexandre Quillet, membre de la Confédération générale des planteurs de betteraves. Cela va du décalage de la date de semis en blé tendre d’hiver, à la mise en place de bandes fleuries pour que la faune auxiliaire régule les bio-agresseurs en passant par l’utilisation de variétés résistantes à certaines maladies ou la mise en place d’une charte de bon voisinage pour faciliter le dialogue entre riverains et agriculteurs.

Plus de 300 autres pistes sont en cours d’évaluation. « Certaines solutions ne sont pas prêtes. Elles sont sur des pas de temps différents« , explique Alexandre Quillet. « Tout ne se fera pas d’un claquement de doigt« , prévient Christiane Lambert. Une mise à jour du contrat est prévue tous les six mois. Reste à voir si les agriculteurs vont s’approprier les pratiques conseillées par ces différents interlocuteurs. « On publiera les chiffres », assure Alexandre Quillet.

Contrat cherche signataires

Ce contrat, le monde agricole l’a présenté aux parlementaires, aux ONG environnementales mais surtout à quatre ministères pour signature : agriculture, transition écologique, recherche et santé. Les partenaires agricoles ne veulent pas être les seuls à s’engager dans cette « révolution silencieuse« , dixit Christiane Lambert. « Si les pouvoirs publics décidaient de nous accompagner sur les plans techniques, financiers et réglementaires, on pourrait aller plus vite et plus loin », estime Alexandre Quillet de la Confédération générale des planteurs de betteraves.

En contrepartie, la ferme France demande un soutien additionnel à la recherche pour faire émerger les solutions (prioriser les travaux), un accompagnement financier « immédiat » des agriculteurs pour la mise en place des solutions déjà identifiées et une stabilité réglementaire suffisamment longue. « Il faut du temps pour vérifier l’efficacité d’une solution, des dizaines d’années. Ce n’est pas le temps politique », estime Christian Pees, vice-président de Coop de France. Pour chaque fiche, les acteurs listent précisément leurs attentes. De quoi donner du grain à moudre aux pouvoirs publics pour élaborer les politiques adaptées.

Mais il reste un point sur lequel l’Etat est très attendu : la cohérence des règles du jeu. Exposée aux pratiques moins vertueuses de ses voisins européens et mondiaux, la France agricole ne veut pas subir des « surtranspositions et des accords commerciaux intempestifs« , précise Christiane Lambert. « Laisser entrer sur nos territoires des productions obtenus avec des produits interdits en France, je dis non« .

In actu-environnement.com

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