L’association des producteurs africains de bananes et autres fruits (AFRUIBANA) souhaite exprimer sa grande inquiétude face à la situation actuelle en Ukraine et aux répercussions qu’elle a commencé et va continuer à avoir sur le marché européen de la banane. Si nous tenons tout d’abord à déplorer la tragédie humaine qui se déroule actuellement aux portes de l’Europe et redire notre conviction que l’agriculture et le commerce doivent être des vecteurs de paix et de coopération entre les peuples et les continents, à une époque où tous les efforts devraient être concentrés sur la réalisation d’une transition écologique et énergétique mondiale, nos membres n’en doivent pas moins manifester leurs vives préoccupations et inviter les décideurs de part et d’autre de la Méditerranée à agir avec résolution.

Pour mémoire, le marché européen s’est significativement dégradé ces dernières années du fait d’une surabondance structurelle de bananes latino-américaines et d’une chute continue du prix des bananes desserts : le prix moyen à la caisse (de 18,5 kg) était de 14,2 euros en 2015 contre seulement 11,6 euros en 2020. Cette évolution dramatique, qui s’est encore amplifiée en 2021 (avec des prix tombant temporairement en-deçà de 10 euros), a déjà eu un fort impact sur nos producteurs, dont il faut rappeler les efforts considérables déjà accomplis pour faire face à la vague mondiale de hausse de coûts de production. Ces lourdes contraintes antagonistes ont été soulevées par notre association et les membres de notre filière dès la rentrée 2021, dans un contexte où le marché européen demeure la destination de près de 90% de nos exportations.

Les tensions provoquées par le conflit actuel menacent d’aggraver encore considérablement ces difficultés. Le reroutage vers le marché européen de bananes latino-américaines habituellement commercialisées en Russie, en Biélorussie et en Ukraine (soit environ 1,8 million de tonnes) nous inquiète tout particulièrement. Avec l’arrêt des activités du port d’Odessa ou la suspension de la desserte de ports russes majeurs par les grandes compagnies de transport maritime, des reroutages vers le marché roumain ont déjà eu lieu, où une baisse substantielle des prix a été relevée dès la fin du mois de février. Alors qu’agrégées les consommations européenne et britannique de bananes représentaient près de 6,7 millions de tonnes en 2021, cette vague de réorientations de flux commerciaux a le potentiel de déstabiliser en profondeur et durablement tout le marché européen.

À situation exceptionnelle, mesures exceptionnelles : les producteurs africains de bananes appellent les institutions européennes et les gouvernements à une grande vigilance de supervision et envisager la mise en œuvre des instruments de régulation commerciale prévus par les accords de libre-échange signés par l’Union européenne ou relevant de l’Organisation mondiale du commerce.

Enfin, face à la tempête qui secoue et inquiète notre planète, nous encourageons les institutions européennes à ne pas déserter le pont, à s’agripper fermement au gouvernail du navire et à maintenir le cap ambitieux de la transition écologique, en veillant à donner à leurs partenaires des pays tiers des moyens techniques et financiers conséquents pour qu’ensemble nous traversions ce détroit périlleux et arrivions bientôt au bon port d’un futur digne des prochaines générations.

fhrty1235

LEAVE A REPLY

Please enter your comment!
Please enter your name here

Résoudre : *
17 − 3 =