Le Dr Hadiza Jackou est responsable du Programme national de lutte contre le paludisme (PNLP) au Niger depuis 10 ans. Elle se souvient du jour où elle a rejoint le programme, pleinement consciente de l’énormité de la tâche qui l’attendait.

Aussi loin qu’elle s’en souvienne, le Niger a toujours été victime du paludisme. Tant de mères n’ont pu qu’assister, impuissantes, à la mort de leurs bébés et de leurs enfants terrassés par une fièvre mortelle, des vomissements et des diarrhées à la suite d’une simple piqûre de moustique.

Comment pouvait-elle les protéger ? Elle devait impérativement agir rapidement et trouver une solution économique et efficace.

En 2013, le PNLP du Niger, avec le soutien de partenaires financiers et techniques, s’est lancé dans la mise en œuvre de la chimioprévention du paludisme saisonnier (CPS), initiative recommandée dans un premier temps par l’Organisation mondiale de la santé en 2012. La CPS offre une chimioprotection fiable aux enfants pendant le pic de la saison du paludisme, ce qui a permis aux soignants de pousser un gros soupir de soulagement.

Sans titre-1De nos jours, la CPS est prodiguée chaque année à plus de 4 millions d’enfants de moins de 5 ans au Niger. Le Dr Jackou et son équipe prévoient désormais d’intensifier encore le programme. Cette initiative a permis de réduire de plus de 40 % la mortalité et la morbidité infantiles dans le pays entre 2013 et 2019. Même en ces temps de pandémie de COVID-19, le Niger a continué de trouver des moyens opérationnels, économiques et socialement viables pour mettre en œuvre cette initiative qui sauve des vies.

Qu’est-ce que la chimioprévention du paludisme saisonnier (CPS) ?

  1. La CPS est une initiative qui a fait ses preuves. Recommandée par l’OMS et présentant un bon rapport coût/efficacité,[1] elle prévient l’apparition du paludisme chez les enfants pendant la saison des pluies, période du pic de transmission de la maladie.
  2. Des traitements à base d’une combinaison d’antipaludiques sont administrées à des enfants âgés de 3 à 59 mois dans les régions où le paludisme est très saisonnier.
  3. Cette opération consiste en un traitement médicamenteux préventif sur 3 jours, administré chaque mois pendant 3 à 4 mois, en fonction de la durée de la saison de transmission du paludisme. Ce traitement est différent de celui administré en cas de paludisme confirmé.
  4. Même si d’autres zones de la région du Sahel en Afrique sont éligibles à la CPS du fait de la présence du paludisme saisonnier, l’initiative est actuellement mise en œuvre dans tout ou partie de 13 pays : Bénin, Burkina Faso, Cameroun, Gambie, Ghana, Guinée, Guinée-Bissau, Mali, Niger, Nigeria, Sénégal, Tchad et Togo.[2]

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Impact incroyable de la CPS

Depuis 2013, plusieurs pays du Sahel ont mis en place des campagnes de CPS, réalisant des progrès remarquables dans le domaine de la protection contre le paludisme des jeunes enfants.

Rien qu’en 2020, malgré les inquiétudes liées à la pandémie de COVID-19, plus de 33 millions d’enfants ont bénéficié de la CPS dans les 13 pays où elle est mise en œuvre, soit 10 millions de plus que l’année précédente. Cinq pays ont fait état d’une réduction de 60 à 90 % de l’incidence du paludisme chez les moins de 5 ans, de 4 à 6 semaines après le traitement par CPS.[3]

L’impact est toujours en cours d’évaluation et des données continuent d’être collectées.

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