L’exploitation des mines, notamment aurifères, par les compagnies étrangères au Mali est « renégociée » par les militaires au pouvoir. De façon musclée.

Le Mali a émis un mandat d’arrêt pour blanchiment de capitaux contre le patron du groupe minier canadien Barrick Gold. Mark Bristow peut dormir tranquille : le Sud-Africain ne se trouve pas au Mali et il y a zéro chance qu’un pays tiers le livre aux militaires, au pouvoir à Bamako depuis le coup d’État de 2020. L’épisode illustre en revanche la méthode musclée de la junte du colonel Assimi Goita pour renégocier les contrats d’exploitation du sous-sol malien.

Quatre cadres maliens de Barrick Gold sont en détention depuis fin novembre et la justice recherche le directeur malien de la mine d’or géante de Loulo-Gounkoto, détenue à 80 % par Barrick Gold et à 20 % par l’État. C’est un schéma d’exploitation classique, appliquée aux autres gisements du pays, essentiellement aurifères mais aussi de lithium. Le Mali est le troisième producteur africain de métal jaune, qui contribue à un quart du budget national et trois quarts des exportations.

Douze jours de détention pour trois membres d’une compagnie australienne

De quoi faire saliver les militaires qui veulent en tirer davantage. C’est que la guerre contre la double rébellion, djihadistes et des Touaregs, dans le nord et l’est du pays, coûte très cher. L’arrivée de mercenaires russes, à la place des militaires français chassés en 2022, n’a pas eu les effets espérés.

Pour la junte, qui surfe sur un discours nationaliste et antioccidental, le Mali ne touche pas  sa juste part des bénéfices . Mercredi 4 décembre, elle a donc fait passer par décret sa participation de 20 % à 30 % dans les mines de lithium de Bougouni et de Goulamina, exploitées respectivement par Kodal Minerals (Royaume-Uni) et Ganfeng (Chine), et aussi dans la mine d’or de Korali des Canadiens d’Allied Gold.

De la même manière, les dirigeants de Barrick Gold sont invités à régler au plus vite leur  différend  avec les autorités. Qui ne plaisantent pas. Du 8 au 20 novembre, le patron britannique et deux employés de la compagnie australienne Resolute, qui exploite la mine d’or de Syama, ont passé douze jours en détention pour un différend de même nature. Ils ont été libérés après versement de 160 millions de dollars…

Source : Ouest-France