La guerre commerciale internationale déclenchée par les Etats-Unis a provoqué un choc macroéconomique au sein des PED. Ils sont touchés au niveau des Produits primaires, facteurs majeurs de vulnérabilité économiques ces pays. Nombre de pays en développement, souvent caractérisés par une grande ouverture commerciale, dépendent fortement d’exportations de produits primaires agricoles comme la Côte d’Ivoire, de produits miniers ou pétroliers comme l’Algérie, le Congo, le Niger ou la République Démocratique du Congo, et parfois des deux catégories de produits agricoles et miniers comme le Burkina Faso ou le Mali avec le coton et les produits aurifères.

Étroite relation entre exportations de produits primaires et niveau des recettes fiscales. Les produits d’exportation sont porteurs de recettes fiscales traditionnelles et de recettes non fiscales (impôt sur le bénéfice, redevances diverses). Les produits d’exportation primaires peuvent être directement l’objet de prélèvements ; l’activité liée à ces produits peut aussi être porteuse de manière plus indirecte de recettes fiscales à travers la distribution de richesses qu’ils permettent.

Les booms des prix internationaux des produits primaires permettent de dégager des montants additionnels de recettes publiques parfois considérables. Une rapide progression des recettes publiques exogènes (le plus souvent des recettes non fiscales) Guide méthodologique : Sécurisation des recettes fiscales dans les périodes de crise incite souvent les pays bénéficiaires à relâcher leur effort de mobilisation des recettes fiscales traditionnelles tandis que l’afflux de recettes publiques exogènes supplémentaires les incite à augmenter leurs dépenses publiques.

Lorsqu’un brutal retournement de tendance sur le marché des produits primaires intervient, les dépenses publiques, rigides à la baisse, demeurent à un niveau élevé tandis que les recettes publiques régressent rapidement en raison de la chute des recettes liée aux exportations de produits primaires et de la baisse des recettes fiscales traditionnelles dont la mobilisation a été négligée (phénomène de démobilisation fiscale pendant la période de boom). Il en résulte de graves déséquilibres budgétaires susceptibles d’entrainer un endettement public insoutenable. De profondes difficultés de trésorerie publique peuvent alors intervenir : assez fréquemment, ces difficultés empêchent l’Etat d’honorer ses engagements vis-à-vis des opérateurs privés, vis-à-vis de partenaires extérieurs (arriérés vis-à-vis des fournisseurs de l’Etat et parfois aussi, vis-à-vis de ses fonctionnaires (arriérés de salaires).

Le risque majeur de l’accumulation d’arriérés publics est un enchainement de difficultés : les opérateurs économiques, créanciers à travers la fourniture de marchés publics d’un Etat défaillant, rencontrent à leur tour des difficultés pour honorer leurs engagements vis-à-vis de leurs partenaires commerciaux et des banques (risque de blocage économique et financier) et aussi, pour s’acquitter des impôts dont ils sont redevables (risque de forte chute des recettes fiscales).

Le déséquilibre budgétaire consécutif à une gestion procyclique des finances publiques se combine fréquemment avec d’autres déséquilibres consécutifs à la survenue du syndrome hollandais. La Guinée, est-elle préparée à ce choc des droits de douanes internationales et macroéconomique ?

Dr Mamadou Aliou BAH, Inspecteur Principal des Impôts