Le niveau de violence et de brutalité enduré par les enfants au Soudan du Sud est consternant, a déclaré la Représentante spéciale du Secrétaire général pour les enfants et les conflits armés, Virginia Gamba, alors qu’un nouveau rapport des Nations Unies indique que des milliers d’enfants ont été victimes d’infractions graves au cours des quatre dernières années.

Ces violations graves contre les enfants sont souvent liées entre elles : des enlèvements ont eu lieu à des fins de recrutement, les garçons et filles recrutés ont été tués, mutilés ou victimes d’abus sexuels. De nombreux enfants ont également été utilisés pour commettre des atrocités contre des civils et d’autres enfants, perpétuant ainsi le cycle de la violence », a souligné Mme Gamba dans un communiqué de presse.

L’ONU a été en mesure de vérifier qu’à travers le pays plus de 5.700 enfants ont été recrutés et utilisés, ce qui en fait l’infraction la plus répandue. En outre, près de 2.000 enfants ont été enlevés et plus de 980 enfants ont été tués ou mutilés, à la fois par les forces gouvernementales et par des groupes armés.

La violence sexuelle contre les enfants a été utilisée comme tactique de guerre et comme forme de punition collective. Il a été établi que plus de 650 enfants ont été victimes d’abus sexuel au cours de la période considérée (octobre 2014-juin 2018), dont 75% de cas impliquant des viols collectifs. En raison de la sous-déclaration des cas de violence sexuelle, notamment à l’encontre de garçons, le nombre serait plus élevé.

Un plan d’action pour protéger les enfants

Les efforts visant à protéger les enfants, tels que la mise en œuvre du plan d’action de 2012 avec l’engagement renouvelé de l’APLS (Armée populaire de libération du Soudan) en 2014, ont été sérieusement perturbés par le déclenchement du conflit en décembre 2013.

« Il est urgent de lutter contre l’impunité et de transformer le plan d’action existant en un plan global visant à mettre un terme et à prévenir toutes les violations graves contre les enfants, comme convenu avec les autorités lors de ma visite en septembre », a déclaré Mme Gamba.

Le Soudan du Sud est l’un des pays où le nombre d’enfants libérés des forces gouvernementales et des groupes armés est le plus élevé, avec 2.740 garçons et filles libérés entre janvier 2015 et juin 2018. Les enfants libérés ont reçu un soutien pour se réinsérer de la part de la Commission nationale pour le désarmement, la démobilisation et la réinsertion, de l’UNICEF et d’ONG partenaires.

Virginia Gamba a appelé les partenaires internationaux à garantir le financement de ce soutien sur le long terme pour tous les enfants libérés, un élément essentiel pour éviter que les enfants soient de nouveau recrutés.

En dépit de ces libérations, la situation des enfants au Soudan du Sud reste sombre. Près de 970 affaires de violations graves contre des enfants n’ont pas pu être vérifiées et auraient touché plus de 9.500 enfants.

La Représentante spéciale se félicite de l’adhésion du Soudan du Sud en septembre aux Protocoles facultatifs à la Convention relative aux droits de l’enfant, en particulier du Protocole facultatif concernant l’implication d’enfants dans les conflits armés, et encourage les autorités à redoubler d’efforts pour protéger les garçons et les filles.