Les ONG environnementales voient dans la démission de Nicolas Hulot le signe de l’échec de la politique environnementale d’Emmanuel Macron. Elles dénoncent l’écart entre les engagements et les actes.

Pour la plupart des organisations environnementales et des hommes et femmes politiques de la sphère écologiste, la démission de Nicolas Hulot ce mardi 28 août 2018 est la conséquence des atermoiements de la politique environnementale menée par Emmanuel Macron et Edouard Philippe. Les principaux acteurs reprennent à leur compte et valident les grandes lignes du discours de Nicolas Hulot lors de l’annonce de sa démission : les actes du gouvernement ne sont pas à la hauteur des engagements pris par le président de la République.

De son côté, Emmanuel Macron a réagi à l’occasion de sa conférence de presse à Copenhague avec Lars Løkke Rasmussen, Premier ministre du Danemark. Il a pointé « une décision personnelle » et a surtout défendu son bilan : « Je pense qu’en quinze mois, ce gouvernement a fait plus que n’importe quel autre dans la même période sur ce sujet ». A l’avenir, Emmanuel Macron « souhaite toujours pouvoir compter sur [l’engagement de Nicolas Hulot en matière d’écologie], sous une autre forme ».

Manque d’ambition du gouvernement

« Les enjeux environnementaux et climatiques n’ont pas été traités à la hauteur de l’urgence », résume Greenpeace qui juge que la démission du ministre de la Transition écologique et solidaire « signe un constat d’échec et la faiblesse des mesures prises, très éloignées des ambitions affichées ». Et de dénoncer un président de la République qui « s’est contenté d’effets d’annonce sur le climat, la biodiversité et tous les sujets environnementaux ». Même constat aussi pour le Réseau pour la transition énergétique (Cler) qui estime que la « décision de Nicolas Hulot démontre le manque de résultats, de cohérence et d’écoute de la part du gouvernement ». Oxfam voit aussi dans la démission de Nicolas Hulot une confirmation « [du] manque d’ambition flagrant du gouvernement sur les problématiques écologiques et sociales ». Le WWF est plus mesuré. Il y voit « une décision qui témoigne de la gravité de la situation » et « un appel, non pas à la résignation mais à un changement structurel profond, y compris au sein de l’organisation du gouvernement ».

Les associations sectorielles reprennent elles aussi ce message, en apportant parfois des nuances. La Fédération des Parcs naturels régionaux de France « salue la justesse du discours du Ministre d’Etat« . Sur le terrain, la fédération constate toutefois que « les professionnels ont des positions beaucoup moins rétrogrades et tranchées que leurs lobbys nationaux ». Pour la Confédération paysanne, la démission de Nicolas Hulot « confirme surtout l’absence de politique agro-environnementale globale de ce gouvernement qui refuse de remettre en cause le modèle agricole dominant ». Elle y voit néanmoins « un « non-évènement » pour les paysan-ne-s, tant Nicolas Hulot était devenu adepte du discours plus que des actes, et compte-tenu du peu d’avancées obtenues sur un trop grand nombre de dossiers ». Le syndicat dénonce l’absence de changement des pratiques en matière de pesticides, la politique pro-loup et pro-ours menée par Nicolas Hulot et le peu de prise en compte des dégâts du gros gibier sur les cultures.

Un électrochoc

La future Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) pour les périodes 2018-2023 et 2024-2028 inquiètent les acteurs des associations écologistes : la démission de Nicolas Hulot est « de mauvais augure alors que des décisions importantes doivent être prises prochainement sur l’énergie et le climat », craint Anne Bringault, coordinatrice transition énergétique du Réseau Action Climat (RAC). Les associations perdent un allier de taille. D’ailleurs, l’opinion sur le nucléaire exprimée ce matin par Nicolas Hulot a retenu l’attention de Greenpeace et du réseau Sortir du nucléaire : « Nicolas Hulot a confirmé ce matin l’absurdité du soutien à une filière qui est une « folie techniquement et économiquement » », se félicite Greenpeace.

Du côté des hommes et femmes politiques, EELV dénonce aussi « un gouvernement qui préfère les lobbies à l’écologie ». Yannick Jadot, le chef de file du parti aux élections européennes de 2019, juge que cette démission « est la conséquence de l’absence de politique écologique de ce gouvernement ». L’eurodéputée Michèle Rivasi estime aussi que Nicolas Hulot « ne pouvait plus servir de caution et avaler des couleuvres comme il l’a fait [notamment] avec la loi sur la transition énergétique et le nucléaire, avec les perturbateurs endocriniens, avec la loi sur l’alimentation et le glyphosate ».

Du côté des élus LREM issus du mouvement écologiste, la position est plus ambigüe. « La décision (…) de Nicolas Hulot est avant tout un appel à la réflexion et à l’action – individuelles et collectives -« , estime Barabara Pompili qui juge sur Twitter que « récupération ou jugement hâtif ne seraient pas à la hauteur des défis ». Le président de l’Assemblée nationale, François de Rugy, « salue (…) les transformations écologiques profondes » engagées par l’ancien ministre et estime que « plus que jamais, celles-ci doivent être accomplies avec engagement, persévérance et détermination ». Quant au député Matthieu Orphelin, précédemment porte-parole de la Fondation pour la Nature et l’Homme (FNH), il considère que cette démission « doit sonner comme un électrochoc ». « Il faut faire plus, beaucoup plus. Pour le climat, la biodiversité, l’environnement, la solidarité. Et changer de modèle et de priorités. Car pour l’instant, on va dans le mur », synthétise-t-il.

Lu sur actu-environnement.com

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