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Je suis souvent interpellé sur ce réseau par des personnes qui veulent débuter une activité dans le domaine agricole. Me demandant comment faire pour réussir, mais souvent ces personnes ne connaissent rien au monde de l’agriculture (ce qui n’est pas un obstacle pour qui aime le travail et la nature).

Le but de cet article sera de leur donner quelques pistes de réflexion avant de revenir me voir éventuellement pour les aider à finaliser leur projet.

Les 5 règles principales selon moi pour réussir dans ce secteur :

  1. Beaucoup de travail et de patience
  2. Veiller à garantir la qualité du produit en toutes circonstances sur toute la chaîne de valeur (c’est à dire de la graine à l’assiette)
  3. Se faire bien conseiller et accompagner par des spécialistes
  4. Commencer petit et grandir selon vos moyens
  5. Ne pas s’attendre à des bénéfices de 100 ou 200%, l’agriculture ce n’est pas le casino.

Petite note à mes amis ivoiriens ayant placé leur argent dans des « entreprises » telles que « MonHévéa » : ils auraient mieux fait de se renseigner d’abord auprès d’agronomes de terrain pour savoir si les rendements financiers proposés étaient réalistes. Certains de mes amis/contacts me l’on demandé et voici l’analyse que j’avais faite fin 2016 : 1/ je n’y ai vu aucun système de traçabilité entre l’investisseur et le terrain sur lequel il était censé investir son argent (le lien aurait dû être unique) ; 2/ les rendements annoncés étaient théoriques et ne tenaient aucun compte de la réalité du terrain, des risques climatiques ou phytosanitaires ou encore des prix du marché variables au cours de l’année ; 3/ il n’y avait aucune volonté de transparence des dirigeants de ces sociétés lorsque je leur ai proposé de réaliser un audit pour rassurer les investisseurs ; 4/ j’en ai rapidement conclut à une arnaque à la Ponzi.

Si vous voulez investir votre argent dans l’agriculture et en tirer un bénéfice, faites le via des sociétés sérieuses et faites vous conseiller par des experts en la matière.

L’agro-business reste en effet une activité où les risques sont nombreux (climatiques : sécheresse, fortes pluies, inondations), maladies et ravageurs, vols, prix du marché non garantis…

Alors comment choisir une activité rentable ? Commencer par choisir la partie de la chaîne de valeur qui vous correspond le mieux, selon votre sensibilité, votre expérience de vie…:

  1. La production agricole (il vous faudra des terres de bonne qualité)
  2. Le commerce de gros et/ou la logistique (vous devrez avoir la confiance des producteurs)
  3. La transformation et/ou le commerce de détail
  4. Les services (au producteurs ou aux commerçants)
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Vous devez avoir la bonne idée pour réussir. Regardez autour de vous, que manque-t-il sur les marchés ? certains produits sont en excédent par moment (ou dans certaines régions) et en déficit à d’autres moments. En cas d’excédents la transformation (séchage, jus, conserve, plats préparés) ou le transport vers des zones déficitaires peuvent être des sources de revenus. En cas de déficit, le choix de variétés adaptées, l’irrigation, la culture sous serre, la culture hors sol peuvent améliorer la production ou les rendements et permettre de produire quand les prix sont élevés sur un marché en déficit.

Production agricole :

Si vous choisissez la production agricole, une fois effectué le choix de la culture* (céréales : maïs, riz, mil, sorgho, sésame ; maraîchage : tomates, oignons, carottes, piments, fruits : mangue, oranges, coco, avocats, goyage, papaye ; vivrières : plantain, manioc, igname, soja, arbre à pain ; épices : poivre, canelle, girofle, muscade…) ou de l’élevage (poulets, canards, autruches, dindons, lapins, escargots, poissons, agoutis, cochons, moutons, chèvres, boeufs…), il faut maintenant voir si ce choix est compatible avec 1./ le type de sol, 2./ le climat de la zone considérée (celle où vous possédez ou louez vos terres), 3./ la position géographique (en termes de facilité de logistique vers les marchés, d’accès à l’électricité), 4./ la facilité d’accès à l’eau en saison sèche (irrigation, transformation, boisson des animaux) : rivière, puits, forage, marigot, retenue d’eau.

*c’est volontairement que je n’ai pas cité les cultures industrielles ou d’exportation (coton, sucre, banane, chanvre, hévéa, cacao, palmier, cajou…). Je pense que l’agriculture doit d’abord servir à l’autosuffisance alimentaire d’un pays avant de se tourner vers l’exportation ou l’industrie.

Un point important à ne pas négliger est le choix de la variété (plantes) ou de la race (animaux) selon la demande du marché, l’adaptation à la transformation, le climat, le type de sol (argileux, sableux…), la résistance aux maladies, la rapidité de croissance…

La commercialisation :

En ce qui concerne la commercialisation, 3 grands choix de marchés possibles :

  1. Local (marchés, en vrac, épiceries de quartier, restaurants, supermarchés (bien qu’en termes d’exigences de qualité du produit, il faudrait classer ces derniers en 2. ou même en 3.)
  2. Sous-région, pays voisins
  3. Marchés distants (Europe, USA, Asie, Moyen Orient), par avion ou par bateau selon le produit (frais ou sec), réfrigéré ou surgelé

2. et 3. nécessitent un plus haut niveau de qualité, un meilleur système de conditionnement (ce dernier pouvant parfois coûter plus cher que le produit qu’il contient)

La Transformation :

Plusieurs méthodes permettent de conserver plus longtemps les produits agricoles ou de faciliter leur préparation par l’utilisateur :

Séchage, mise en conserve, cuisson, extraction (jus/ pulpe), surgélation, transformation en farine, égrainage, décorticage…

Les Services :

Les services offerts peuvent être très variés également :

  • location d’entrepôts de stockage (réfrigérés ou non)
  • prestation de services mécanisés (labours, défrichage)
  • traitements phytosanitaires
  • vente d’intrants (semences, engrais) ou d’emballages (bouteilles, sacs, cartons…)
  • fabrication et vente de compost ou autres engrais organiques)
  • transport (du champ au grossiste, du grossiste au détaillant), avec la logistique adaptée (sacs, cagettes, transport réfrigéré…
  • services vétérinaires ou phytosanitaires
  • couvage des oeufs et élevage de poussins d’un jour
  • pépinières d’arbres fruitiers ou de plants maraîchers
  • vente et installation de matériel d’irrigation, de motoculteurs
  • entretien et réparation des machines

(liste non limitative, ouvrez les yeux je n’ai donné que quelques idées)

Vous pouvez viser 1./ de gros volumes de production avec de faibles marges ou 2./ de faibles volumes de produits de premier choix avec une meilleure marge.

Le Business Plan :

Une fois répondu aux questions ci-dessus, il faudra passer à la rédaction de votre Business Plan (BP).

Pardon ? C’est quel zèbre encore ça ???

Il s’agit d’un document de travail en deux parties qui peut vous aider à trouver un investisseur ou convaincre un banquier de vous attribuer un crédit (de préférence si vous avez déjà une comptabilité tenue sur 3 ans, ça facilitera), mais surtout ce document sera votre tableau de bord pour suivre vos activités pendant les 3-5 premières années de fonctionnement de votre entreprise. C’est aussi un outil pour votre équipe pour clarifier votre vision de l’entreprise.

La première partie du BP est une description textuelle de votre (future) activité. Cette description doit être simple, vous parlez à des gens qui ne connaissent rien à votre activité. Parlez de votre business model (votre activité), en quoi est-il innovant ? En quoi répond-t-il à une problématique donnée ? Donnez le maximum de détails.

Joignez votre étude de marché. Vous pouvez aussi joindre l’analyse SWOT de votre activité (en français Forces, Faiblesses, Opportunités et Menaces) Parlez de vous, de votre équipe (combien de travailleurs à chaque étape de production, en détaillant les spécialités à recruter), les différents talents complémentaires qui vous aideront à réussir ce business. Quel expert vous encadre dans les domaines pour lesquels vous avez des lacunes (marketing, management, gestion financière, aspects techniques).

Listez les ressources dont vous aurez besoin et leur valeur unitaire, listez également les équipements indispensables et ceux utiles si les moyens financiers le permettent, N’oubliez pas de vous renseigner sur les législations en vigueur et les normes de qualité. Donnez également votre chronogramme de réalisation et un calendrier de production prévisionnel. Enfin joignez une copie des tableaux de production et des tableaux financiers décrits ci-après.

La deuxième partie du BP ce sont les tableaux financiers et les prévisions de production (travaillez de préférence avec un tableur). Le premier tableau comprendra les hypothèses de base (coûts unitaires, salaires, impôts, rendements de production, prévisions…). Déterminez les moyens financiers dont vous aurez besoin (fonds propres disponibles, partenaires, business angels, crédits bancaires…).

Ces tableaux ne sont pas uniquement des calculs de coûts et de rentabilité, c’est aussi un guide de suivi de production pour vos premiers mois d’activité, afin de voir si vous êtes sur la voie de la rentabilité prévue, ou si vous dérapez, auquel cas, en plus de prendre des mesures de correction, il faudra d’urgence en informer vos partenaires financiers avec les raisons du dérapage et les mesures correctives prises (à faire idéalement de façon mensuelle ou maximum trimestrielle : tableau de bord ou reporting de production et reporting financier).

Fixez-vous également un salaire mensuel raisonnable (pas forcément le plus élevé de l’entreprise au démarrage), ça vous évitera de piocher dans la trésorerie de l’entreprise pour vivre, et de vous retrouver sans moyens financiers pour payer vos fournisseurs.

Paul JEANGILLE

Directeur en agro-business (plantations, transformation, agro-industries, développement rural durable, environnement), manager senior et consultant

Je reste à votre disposition pour vous assister dans la définition de vos objectifs, la rédaction de votre BP et le démarrage de votre activité. (paul.jeangille@hortus-consult.eu)

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