Les Ntions Unies ont marqué ce lundi la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes et des filles, l’occasion pour le Secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, de dénoncer une « pandémie mondiale » qui a de lourdes conséquences pour les familles et la société.

Rappelant que l’ONU préconise de mettre fin aux lois discriminatoires sur le genre, le Secrétaire général a fait valoir que la violence à l’égard des femmes et des filles constitue un « affront moral à tous, un signe de honte dans toutes les sociétés et un obstacle majeur à un développement inclusif, équitable et durable ».

António Guterres a souligné que « la violence à l’égard des femmes et des filles sous toutes ses formes est la manifestation d’un profond manque de respect, un échec des hommes à reconnaître l’égalité et la dignité des femmes ».

Pour le chef du Secrétariat des Nations Unies, il s’agit d’une question de droits humains fondamentaux. « Cette violence peut revêtir de nombreuses formes, allant de la violence domestique au trafic des personnes, de la violence sexuelle dans les conflits au mariage des enfants, en passant par les mutilations génitales et le féminicide », a-t-il souligné.

António Guterres a aussi rappelé que cette violence « a de lourdes conséquences pour les familles et la société, avec de graves conséquences pour les enfants ainsi que des conséquences à long terme pour la santé physique et mentale et des coûts pour les individus et la société ».

Pour lui, cette question est aussi politique, car « la violence à l’égard des femmes est liée à des questions plus larges de pouvoir et de contrôle des sociétés » dans un monde dominé par les hommes dans lequel « les femmes sont vulnérables à la violence de multiples façons ».

Maria Fernanda Espinosa, Présidente de l’Assemblée générale des Nations Unies, a signalé que 35% des femmes auraient été victimes de violence physique ou sexuelle et que 38% des meurtres de femmes ont été commis par un partenaire intime. « Il est triste de constater, pour l’ensemble des communautés, des États et des Nations Unies, que le monde est encore loin d’atteindre l’objectif de mettre fin à la violence à l’égard des femmes et des filles », a-t-elle déclaré lundi.

Pour sa part, Phumzile Mlambo-Ngcuka, Directrice exécutive d’ONU Femmes, l’entité de l’Organisation pour l’égalité des sexes, a souligné que les initiatives de l’ONU visant à modifier les moyens de subsistance des femmes sont un espoir de progrès.

Elle a aussi estimé qu’ « une culture qui passe de la remise en question de la crédibilité des victimes à la poursuite de la responsabilité des auteurs dans le respect des procédures, est possible ».

Des lois discriminatoires, obstacles au changementSelon le Secrétaire général, tant qu’il existera des lois discriminatoires à l’égard des femmes en matière d’héritage, de garde et de divorce, ou tant que les sociétés « restreindront leur accès aux ressources financières et au crédit », elles resteront exposées à des situations de violence.

António Guterres a mis en garde contre la montée de ce type de violence en soulignant que le harcèlement sexuel affecte presque toutes les femmes à un moment de leur vie et qu’il se produit dans des institutions privées et publiques, y compris à l’ONU.

Il a reconnu que dans le contexte du mouvement #MeToo « le nombre croissant de révélations publiques de la part de femmes de toutes les régions et de tous les horizons met en lumière l’ampleur du problème » et révèle « le pouvoir de galvanisation des mouvements de femmes pour conduire l’action et la sensibilisation nécessaires pour éliminer le harcèlement et la violence partout ».

António Guterres a fait valoir qu’il faut faire davantage pour « soutenir les victimes et responsabiliser les auteurs » et entreprendre « le difficile travail de transformation des structures et des cultures qui permettent le harcèlement sexuel et d’autres formes de violence sexiste ».

Tolérance zéro à l’ONUL’ONU, a également insisté son chef, réaffirme une politique de tolérance zéro à l’égard du harcèlement sexuel et de l’agression sexuelle commis par des responsables et des partenaires de l’ONU.

À cette fin, António Guterres a indiqué que des enquêteurs spécialisés dans le harcèlement sexuel avaient été recrutés. Il a réaffirmé son engagement « à mettre fin à toutes les formes d’exploitation et d’abus sexuels commis par des soldats de la paix et des responsables de l’ONU sur le terrain ».

Une centaine d’États Membres soutenant les opérations de terrain des Nations Unies ont à présent signé des accords volontaires pour remédier au problème et ont appelé de plus en plus de pays à assumer pleinement leurs responsabilités en matière de formation, mais également à mettre fin à l’impunité.

Dans son allocution, le chef des Nations Unies a expliqué le travail accompli dans le cadre du Fonds d’affectation spéciale des Nations Unies pour mettre fin à la violence à l’égard des femmes. Le Fonds met l’accent sur la prévention de la violence, la mise en œuvre de lois et de politiques et l’amélioration de l’accès aux services essentiels pour les victimes.

Avec plus de 460 programmes dans 139 pays et territoires au cours des deux dernières décennies, le Fonds a investi dans des organisations de la société civile qui défendent les droits des femmes.