Les pays les plus vulnérables à la crise alimentaire mondiale sont les plus grands importateurs des principaux produits céréaliers les plus touchés par la guerre en Ukraine. 

L’agence de notation, Standard & Poor’s (S&P), a estimé dans un rapport publié le mercredi 1er juin, que le choc alimentaire mondial consécutif au conflit russo-ukrainien aura des retombées néfastes sur la stabilité sociale et les notations souveraines en Afrique et dans d’autres régions du monde.

« Les pays à revenu faible et moyen inférieur d’Asie centrale, du Moyen-Orient, d’Afrique et du Caucase seront particulièrement touchés par la hausse des prix des denrées alimentaires et les pénuries d’approvisionnement, dans le sillage de la guerre entre la Russie et l’Ukraine », souligne le rapport intitulé « Le choc alimentaire mondial durera des années, pas des mois » (The Global Food Shock Will Last Years, Not Months).

S&P a également noté que la hausse des prix alimentaires risque de peser sur la stabilité sociale d’un grand nombre de pays à travers le monde.

Etant donné que nombre de ces pays ont une capacité limitée à remplacer les importations par des produits de substitution, l’ajustement aux chocs de prix entraînerait une baisse des disponibilités alimentaires. Ce qui augmenterait le risque de troubles sociaux, selon le rapport.

« Nous pensons que le choc de l’offre alimentaire aura des implications négatives pour les pays pauvres et émergents, affectant la croissance du PIB, les performances budgétaires et la stabilité sociale », a déclaré Samuel Tilleray, analyste de crédit chez S&P Global Ratings.

L’agence a par ailleurs précisé que les pays les plus vulnérables sont les plus grands importateurs, par rapport à leur PIB, des principaux produits céréaliers les plus touchés par le conflit, indiquant que les Etats arabes tels que le Maroc, le Liban et l’Egypte sont « sensibles aux perturbations », en raison de leur forte dépendance à l’Ukraine pour leur approvisionnement en denrées alimentaires.

Vers la dégradation des notes souveraines

Le rapport révèle aussi que le choc alimentaire mondial aura un impact négatif sur les notations souveraines et les obligations d’Etat dans plusieurs pays.

« Bien que nombre d’obligations d’Etat les plus exposées à ce risque aient déjà des notes de crédit très basses, les retombées économiques et politiques du choc alimentaire pourraient contribuer à la dégradation des notes », a affirmé M. Tilleray.

S&P a aussi indiqué que la hausse des prix des denrées alimentaires et les pénuries d’approvisionnement devraient durer probablement jusqu’en 2024, et peut-être au-delà. D’autant plus que l’augmentation des prix des intrants, tels que les engrais et les machines, entraînera des coûts supplémentaires pour la production agricole.

« La Russie, l’un des principaux exportateurs d’engrais, pourrait continuer à contrôler ses exportations, et la concurrence accrue pour les principaux intrants agricoles en 2022 et 2023 limiterait les hausses de production, prolongeant ainsi l’impact des prix élevés des denrées alimentaires. Les marchés internationaux semblent considérer les retombées de la guerre en Ukraine sur les prix alimentaires comme un choc d’une seule année. En revanche, nous pensons que le choc sur l’offre alimentaire durera jusqu’en 2024 et au-delà », souligne le rapport.

Principaux exportateurs de blé, de maïs et d’huile de tournesol à l’échelle mondiale, l’Ukraine et la Russie représentent 12 % de toutes les calories alimentaires échangées sur la planète.

LEAVE A REPLY

Please enter your comment!
Please enter your name here

Résoudre : *
1 + 10 =