Les catastrophes naturelles ont affecté 61,7 millions de personnes et fait 10.733 décès dans le monde en 2018, a annoncé l’ONU jeudi à Genève. Les tremblements de terre, les tsunamis et les éruptions volcaniques ont été les plus meurtriers parmi les désastres en 2018, avec 289 incidents répertoriés.

Le rapport conjoint du Bureau des Nations Unies pour la réduction des risques de catastrophes et du Centre de recherche sur l’épidémiologie des catastrophes (CREC) de l’Université de Louvain (Belgique) montre que ces catastrophes naturelles ont aussi affecté le quotidien de 3,4 millions de personnes.

Le bilan en 2018 de 10.373 pertes en vies humaines est à comparer avec une moyenne annuelle de 77.144 décès enregistrés entre 2000 et 2017. Durant cette période, les importantes pertes en vies humaines sont dues à des catastrophes telles que le tsunami dans l’océan Indien (2004), le cyclone Nargis (2008) et le séisme en Haïti (2010).

« Il n’y a pas eu de méga-catastrophes de ce type en 2018, mais les pertes en vies humaines dues à des catastrophes naturelles majeures semblent être en diminution, probablement en raison de l’amélioration du niveau de vie et d’une meilleure gestion des risques de catastrophe », fait valoir le rapport.

Pourtant selon Mami Mizutori, Représentante spéciale du Secrétaire général de l’ONU pour la réduction de catastrophes, aucune région du monde « n’a été épargnée » l’année dernière par ces événements météorologiques extrêmes. Parmi les pays touchés, l’Indonésie a subi les pertes humaines les plus importantes (4.535). Par pays, l’Inde (environ 24 millions), les Philippines (plus de 6 millions) et la Chine (plus de 6 millions) ont rassemblé le plus grand nombre de personnes affectées.

Le temps presse pour limiter le réchauffement climatique, selon l’UNISDR

La Représentante spéciale appelle d’ailleurs à œuvrer pour l’adaptation au changement climatique. « Le temps presse pour limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C ou 2  C. Nous devons être tout aussi actifs en matière d’adaptation au changement climatique », a-t-elle mis en garde.

Selon la cheffe du Bureau des Nations unies pour la réduction des risques de catastrophes, cela signifie que les risques doivent être réduits dans les villes, les territoires doivent mieux être utilisés en améliorant l’utilisation des sols.

Les réglementations et les critères des bâtiments doivent être renforcés alors que les écosystèmes doivent être protégés et sauvegardés. « La pauvreté doit être combattue », a poursuivi Mme Mizutori qui a demandé également que des mesures actives soient lancées pour atténuer l’exposition à l’augmentation des niveaux des mers.

Les inondations, la sécheresse, les tempêtes et les feux de forêt ont touché 57,3 millions de personnes, soulignant une fois de plus que pour diminuer les pertes liées à ces situations extrêmes, « nous devons améliorer » le dispositif face à menaces, a dit Mme Mizutori.

Les inondations ont constitué à nouveau les perturbations aux conséquences sur le plus grand nombre de personnes. Au total, 35,4 millions de personnes y ont été confrontées, dont 23 millions au Kerala, en Inde. Les intempéries ont également causé plus de 2.800 décès, dont plus de 500 en Inde, 220 au Japon, 199 au Nigéria et 151 en Corée du Nord.

Moins ravageuses, les tempêtes ont toutefois fait un record de victimes pour ce type de désastres, près de 1.600. Elles ont affecté 12,8 millions de personnes et devraient être les plus coûteuses parmi les catastrophes en 2018.

Plus de 9 millions de victimes de la sécheresse

De même, jamais des incendies aussi meurtriers n’avaient été observés en Europe et dans le nord du continent américain. Selon le document, la Grèce, avec 126 décès, a enregistré l’incendie le plus meurtrier jamais enregistré en Europe et les États-Unis (88 morts) ont connu l’incendie le plus mortel depuis plus d’un siècle et le plus coûteux jamais enregistré, avec une estimation de 16,5 milliards de dollars.

En outre, le rapport souligne que 9,3 millions de personnes ont fait face à une sécheresse. Parmi les pays les plus touchés, le rapport cite le Kenya (3 millions), l’Afghanistan (2,2 millions) et l’Amérique centrale (2,5 millions), notamment dans « des foyers de migration comme au Guatemala, au Honduras, au Salvador et au Nicaragua ».

L’impact de la sécheresse et des températures extrêmes est moins relayé par les autorités, notamment dans les pays en développement, et empêche une meilleure compréhension de ces événements dans le monde, précise une responsable du rapport Debarati Guha-Sapir. Par conséquent, la responsable du CREC invite les agences des Nations Unies à aborder les approches novatrices qui mesurent les progrès en matière de résilience et la capacité d’adaptation des communautés.

Les Etats membres de l’ONU se sont engagés à réduire les décès, le nombre de désastres et les pertes économiques d’ici 2030. Les États se sont également engagés à mettre en œuvre le Cadre de Sendai (2015-2030), le plan mondial de réduction des pertes dues aux catastrophes, qui met clairement l’accent sur la réduction de la mortalité et du nombre de personnes touchées par les catastrophes, ainsi que réduire les pertes économiques et les dommages associés aux infrastructures critiques.