C’est compréhensible de voir certains de nos concitoyens se réjouir des avancées portant sur le projet d’exploitation du minerai de fer du Simandou. Mais ne faudrait-il pas s’interroger sur les contours des conventions d’exploitation et la légitimité des décideurs publics (transition militaire) dans un secteur aussi stratégique ?

La création de la richesse étant une chose et sa distribution une autre, il faut comprendre que la garantie d’un meilleur usage des bénéfices tirés de l’exploitation des ressources naturelles, réside dans la qualité de la gouvernance politique.

Quel est le parlement qui a discuté et validé les conventions ? Quelle est sa légitimité ? Ceux qui siègent au CNT étant nommés par décret, donc agissant sous le contrôle de l’exécutif de la transition, représentent-ils les intérêts du peuple ou ceux d’un petit cercle ? Quelles sont les compétences techniques et morales qui ont travaillé sur ce projet pour les intérêts de la Guinée ?

Partant de l’amère expérience de plus de 50 ans de gestion des ressources minières et de la malédiction des mines pour la plupart des pays politiquement mal gérés, a-t-on des raisons de croire que le Simandou sera le déclic pour un meilleur futur de la Guinée ? Avec plus d’argent et de corruption, et moins de transparence et de démocratie, les équilibres de la société Guinéenne ne seront-ils pas davantage menacés ?

Pour ma part, le réalisme et l’esprit critique m’obligent à être prudent et lucide car ma préoccupation principale est l’impact positif de l’exploitation des ressources sur les conditions de vie des populations. Cet objectif ne peut être atteint qu’à travers la gouvernance vertueuse et représentative, la stabilité et l’efficacité des institutions publiques, et le contrôle citoyen.
Aliou BAH
Président du MoDeL