La production mondiale de viande était de 317 millions de tonnes en 2016, en constante augmentation, (FAOSTAT) tandis que la production de lait était de 818 milliards de litres en 2015.
Or, pour entretenir autant d’animaux (61 % de la biomasse des mammifères sur Terre – The biomass distribution on Earth), la demande en céréales augmente de manière considérable, les céréales étant de plus en plus l’aliment de base du bétail, au détriment de l’herbe, des résidus de culture et des déchets alimentaires comme auparavant.

C’est pourquoi, « les pâturages et les terres arables consacrés à la production de fourrages représentent près de 80 pour cent de l’ensemble des terres agricoles mondiales. Les cultures fourragères occupent un tiers de l’ensemble des terres arables, tandis que la superficie totale des terres utilisées pour le pâturage équivaut à 26 pour cent de la surface terrestre libre de glace. » (FAO)
Ce n’est guère étonnant puisque pour pour produire un kilo de viande, il faut environ 7 kilos de céréales, céréales qui auraient pu donc nourrir 7 fois plus si elles étaient consommées directement.

L’élevage engendre une pression insoutenable sur les sols dont l’état est devenu critique, notamment à cause de la déforestation. Par exemple, plus de 80% de la déforestation dans la forêt amazonienne a pour cause la libération d’espace pour le pâturage ou la production de soja et de céréales qui seront exportés pour nourrir le bétail dans différentes parties du monde (Greenpeace, 2009) ; et notamment en France où le bétail est nourri avec des importations de tourteaux de soja, tournesol ou de maïs, souvent transgéniques.

Surfaces de sol nécessaires par aliment

L’élevage augmente également l’empreinte phosphore de l’humanité puisque le phosphore, utilisé dans les engrais pour les céréales des animaux, provient principalement de l’extraction minière et constitue donc une ressource non renouvelable qui est, de surcroît, répartie de façon inégale dans le monde.

Ces conséquences environnementales ne sont pas une fatalité puisqu’à surface égale, les cultures produisent 10 à 15 fois plus de protéines que la production de viande. Autrement dit, pourquoi manger de la viande alors que les végétaux, bien plus efficaces, sont à la base des acides aminés dont nous avons besoin pour synthétiser nos protéines ?

Enfin, la production animale entre maintenant en concurrence avec les agrocarburants et bientôt les bioplastiques dans l’utilisation des surfaces agricoles.

Élevage et émissions de gaz à effet de serre

En 2013, un rapport de la FAO soulignait que l’élevage était responsable de près de 15 % des émissions annuelles de gaz à effet de serre (GES) dans le monde, une contribution en forte augmentation qui dépasse maintenant l’ensemble du secteur des transports (environ 13 % selon le GIEC).

En France, en 2016, l’élevage représentait 9,3 % du Pouvoir de Réchauffement Global (PRG) (hors modification de l’occupation du sol), 3e secteur d’émission derrière le résidentiel (12,5 %) et les voitures à motorisation diesel (12 %), selon les données CITEPA.
Ce secteur participe donc massivement au réchauffement climatique alors que son impact n’est pratiquement jamais souligné ni même évoqué par les décideurs…

Le rapport de Foodwatch propose une illustration de l’effet sur le climat de 3 types de régimes alimentaires. Une alimentation sans produits animaux émet de 7 à 15 fois moins de GES qu’une alimentation qui contient de la viande et des produits laitiers.

Effet de serre selon l'alimentation

Les conséquences environnementales de l’élevage intensif

L’augmentation constante des élevages intensifs en France et surtout en région Bretagne a des conséquences directes sur l’apparition des marées vertes. Ce phénomène se manifeste par la pullulation de certaines algues vertes qui envahissent le littoral au point de dégager de fortes concentrations d’hydrogène sulfuré (H2S). Or, ce gaz est toxique lorsqu’il est inhalé et peut être mortel lorsque l’exposition est importante comme en témoigne la mort de nombreux animaux aquatiques et de quelques animaux terrestres (animaux domestiques, sangliers…). L’élevage y contribue de façon directe par les rejets de lisiers et indirecte par l’excès d’engrais apportés aux cultures de céréales destinées à nourrir le bétail.

L’élevage pollue et épuise la ressource en eau

De plus, la gestion des déjections animales dans les élevages intensifs provoque le lessivage des nitrates et des agents pathogènes dans la nappe aquifère, qui met souvent en péril les réserves d’eau potable.

Au niveau de la ressource en eau, environ 5 000 litres d’eau sont nécessaires pour produire 1 000 kcal d’aliments d’origine animale contre 1 000 litres si l’origine est végétale, c’est donc cinq fois plus. En effet, l’élevage nécessite des quantités colossales d’eau : pour produire 1 kg de boeuf, il faut plus de 15 400 litres d’eau (Water footprint and virtual water) contre seulement 290 litres pour 1 kg de pommes de terre ! Un gâchis irresponsable alors que la demande et la mauvaise qualité de l’eau en France sont devenues inacceptables.
Ces chiffres sont cependant nuancés par l’Association Nationale Interprofessionnelle du Bétail et des Viandes (INTERBEV) qui souligne dans un communiqué que 94 % de l’eau nécessaire à la production de la viande de boeuf provient de l’eau de pluie. Ce qui n’exclut pas que celle-ci puisse être utilisée plus efficacement et notamment pour la recharge des nappes d’eau très affectées par les sécheresses récurrentes en France.

Besoin en eau des aliments

Puis, à l’abattage, chaque vache nécessitera 1 500 litres d’eau supplémentaires pour être nettoyée…

Mais ce n’est pas tout, l’élevage est la plus grande source sectorielle de polluants de l’eau : principalement les déchets animaux, les antibiotiques, les hormones, les produits chimiques des tanneries, les engrais et les pesticides utilisés pour les cultures fourragères, et les sédiments des pâturages érodés.

L’élevage contribue à la pollution de l’air

Selon la commission européenne, l’élevage est responsable de 64 % des émissions d’ammoniac (NH3 – la volatilisation des déjections des animaux en stabulation constituent la principale source d’émission de NH3), une des principales causes des pluies acides. Les précipitations s’acidifient au contact de l’ammoniaque présent dans l’air (gaz très soluble dans l’eau), perturbent la photosynthèse et détruisent les éléments nutritifs du sol causant le dépérissement forestier et l’altération des systèmes hydrologiques où on observe une réduction et une disparition d’espèces aquatiques, très sensibles au changement d’acidité.

En outre, l’ammoniac participe significativement à la formation de particules qui peuvent perdurer dans l’atmosphère pendant plusieurs jours et ainsi être transportées sur de longues distances (plusieurs centaines de kilomètres). Les émissions d’ammoniac contribuent ainsi à la formation des pics de pollution.

La viande de boeuf : l’élevage le plus polluant

Selon une recherche menée à l’Institut Weizmann et publiée dans PNAS en juillet 2014, la viande de boeuf détériore environ dix fois plus l’environnement que les autres produits alimentaires d’origine animale, parmi lesquels le porc et la volaille. En effet, ce type de bétail exige en moyenne 28 fois plus de terres et 11 fois plus d’eau d’irrigation ; de plus, il émet 5 fois plus de gaz à effet de serre et consomme 6 fois plus d’azote que les œufs et la volaille…

Cette étude a montré que le porc, la volaille, les œufs et les produits laitiers affectent dans des proportions équivalentes l’environnement. Ainsi, les produits laitiers sont également préjudiciables pour l’environnement, contrairement à une idée reçue.

Les conditions de l’élevage intensif et la souffrance animale

Considérés comme de simples protéines sur pattes dans l’élevage intensif, les animaux souffrent comme jamais. Rien n’est venu enrayer l’extension de ce modèle et la toute puissance des filières agroalimentaires qui le portent.

Les conditions d’élevage, de transport et d’abattage, souvent méconnues du grand public, sont bien souvent inacceptables, comme en témoigne ce nouveau scandale dans un abattoir.
Malheureusement, les associations qui luttent pour le respect des animaux et la transparence se heurtent à de puissants intérêts financiers qui méprisent le bien-être animal et dupent les consommateurs avec des publicités rassurantes.

Aujourd’hui, l’éthique passe après la marchandise qu’est la viande ; la souffrance et l’environnement après les intérêts économiques. Ce système industriel perdure contre toute raison et contre une partie de plus en plus grande de l’opinion publique, tout en bénéficiant d’importantes subventions et du soutien des pouvoirs publics, comme des décideurs.

Or, il est impossible de produire une telle quantité de viande sans entasser les animaux, les adapter de force par des mutilations à des conditions de vie qui limitent drastiquement leurs comportements. Étendre les ailes, se dresser, fouiner, ronger, explorer, élever ses petits, se déplacer, prendre l’air… La liste des comportements entravés est longue dans la plupart des élevages. Les sélections génétiques se sont faites au détriment des animaux et poussent les organismes au maximum.

En outre, les pratiques actuelles de l’élevage visent à produire des « matières animales » à moindre coût et le plus rapidement possible. C’est pourquoi la durée de vie normale des animaux d’élevage est très fortement réduite comme l’indique le tableau ci-dessous :

espérance de vie des animaux d'élevage

Le vrai visage de l’élevage en France

Des hangars immenses, des silos imposants, des dizaines de milliers d’animaux enfermés. Voilà à quoi ressemblent la plupart des fermes professionnelles qui se sont développées depuis les années 70.
En France, plus de 80% des animaux sont élevés en bâtiments fermés, parqués en cage ou sur des caillebotis sans accès à l’extérieur. Les poissons d’élevage sont maintenus à des densités inouïes.
Ainsi :

  • 83 % des 800 millions de poulets de chair sont élevés sans accès à l’extérieur ;
  • 68 % des 48 millions de poules pondeuses sont élevées en batterie de cages ;
  • 99 % des 36 millions de lapins sont élevés en batterie de cages ;
  • 95% des 25 millions de cochons sont élevés sur caillebotis en bâtiments…

Or, il est illusoire d’espérer améliorer le sort d’un si grand nombre d’animaux, nécessairement confinés dans des espaces restreints, et « traités » par un nombre réduit de travailleurs. Il faut donc diminuer significativement sa consommation de produits animaux, tout en se tournant vers les produits français issus de l’agriculture biologique.

Élevage, viande et santé humaine

L’élevage est en soi un facteur de risque pour notre santé. Les systèmes industriels de production sont depuis longtemps la norme dans les pays développés et deviennent de plus en plus répandus dans les pays en développement. Le nombre énorme d’animaux élevés en confinement, dotés d’une variabilité génétique très pauvre, et soumis à une croissance rapide dans des conditions effroyables, crée des conditions idéales pour l’émergence et la propagation de nouveaux pathogènes.
Sans oublier les scandales qui ont éclaboussé l’industrie agro-alimentaire : vache folle (encéphalopathie spongiforme bovine), hormones de croissance, grippe aviaire, fièvre aphteuse…

Quelques scènes du film Samsara sur l’élevage industriel, devenu la norme dans les pays dits avancés

Ainsi, les systèmes modernes d’élevage sont des incubateurs à virus, listeria monocytogènes, salmonelles, campylobacters, E. coli, et autres promoteurs de « grippes » en tout genre. Comme l’indique un rapport de la FAO : « il n’est pas surprenant que les trois-quarts des nouveaux pathogènes ayant affecté les humains dans les dix dernières années proviennent des animaux ou des produits animaux ».

La consommation de viande rouge nuit à la santé

La surconsommation de viande a pour effet d’augmenter la prévalence des affections suivantes : cancers (colon, prostate, intestin, rectum), maladies cardio-vasculaires, hypercholestérolémie, obésité, hypertension, ostéoporose, diabète de type 2, altération des fonctions cognitives, calculs biliaires, polyarthrite rhumatoïde.

« Différents facteurs semblent poser problème dans la viande rouge. Le fer notamment qui joue un rôle oxydant, favorisant les maladies inflammatoires et le vieillissement lorsqu’il est présent en trop grande quantité, en particulier chez les hommes ou les femmes ménopausées. Les graisses présentes dans la viande rouge, en majorité saturées ou de type oméga-6, pourraient également jouer un rôle » explique le site La Nutrition.fr

Des chercheurs de l’Inserm ont montré que des femmes qui ont une alimentation plus riche en viande, fromage et en produits laitiers avaient un risque augmenté de 56% de développer un diabète par rapport à celles qui avaient un régime alimentaire plus riche en fruits et légumes.

La viande est cancérogène

Le Fonds de recherche mondial sur le cancer a présenté en 2010 un examen détaillé de 7000 études cliniques portant sur les liens entre alimentation et cancer. Il en ressort que les viandes transformées peuvent être dangereuses pour la consommation humaine et sont fortement liée à une augmentation du risque de cancer colorectal. Et en octobre 2015, le CIRC a classé la consommation de viande comme cancérogène.

Les viandes transformées (jambon, bacon, saucisses, pepperoni, salami, et presque toutes les viandes présentes dans les plats préparés comme les pizzas, lasagnes ou raviolis) sont généralement fabriquées avec un ingrédient cancérogène : le nitrate de sodium. Le nitrate de sodium est principalement utilisé comme un colorant qui fait croire que la viande est fraîche. Or, le nitrate de sodium (ou salpêtre du Chili) se combine avec les protéines de la viande pour donner des nitrosamines, hautement cancérigènes.

Une étude menée par l’Université d’Hawaï en 2005 a montré que la consommation de viandes transformées augmentait le risque de cancer du pancréas de 67 %, tandis qu’une autre étude a montré qu’il augmentait le risque de cancer colorectal de 50 % !

Autre additif alimentaire ajouté : le glutamate monosodique ou glutamate de sodium (E 621). Présent dans pratiquement tous les produits de viande transformés, il serait lié à des troubles neurologiques tels que la migraine, la maladie d’Alzheimer, la perte de contrôle de l’appétit, l’obésité…

Manger de la viande n’est pas indispensable

Contrairement à une idée reçue, les produits d’origine animale ne sont pas indispensables à la santé humaine. La position conjointe des diététiciens américains et canadiens, émise en 2003, a formulé un bon résumé de cette réalité. Ces deux organisations, qui regroupent maintenant plus de 100 000 diététiciens, ont endossé le fait que « les régimes végétariens (y compris le végétalisme) menés de façon appropriée, sont bons pour la santé, adéquats sur le plan nutritionnel et bénéfiques pour la prévention et le traitement de certaines maladies ». Cette position de l’Association américaine de diététique (ADA) a été réaffirmée en 2009 et en 2016.
De surcroît, la tertiarisation de nos sociétés et notre mode de vie de plus en plus sédentaire ne justifient plus cette surconsommation de viande.

Le célèbre discours de Philip Wollen sur la nécessité de ne plus manger de viande pour nos sociétés

Soulignons enfin, qu’il y a plus de 600 millions de végétariens dans le monde mais c’est dans les pays riches que la consommation de produits animaux est la plus forte, alors que paradoxalement, nous bénéficions de la plus grande variété alimentaire. Un état de fait qui ne répond à aucune nécessité nutritionnelle et cause des dommages environnementaux catastrophiques. Or, l’élevage y est soutenu par des aides publiques conséquentes…

Source: www.notre-planete.info

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