À Conakry, la décharge de Dar-es-Lam est devenue un symbole des défis environnementaux auxquels fait face la capitale guinéenne. Située en plein de cœur de la ville, cette décharge reçoit des milliers de tonnes de déchets chaque année, avec des effets désastreux sur la santé des riverains et l’environnement. Dans cet article, nous allons explorer les impacts climatiques et environnementaux de cette décharge à travers les témoignages de deux habitants de la localité, qui vivent au quotidien les conséquences de cette pollution.
La décharge de Dar-Es-Lam a été ouverte dans les années 1980 comme une solution temporaire à la gestion des déchets de Conakry. Toutefois, elle s’est transformée en un immense site d’enfouissement, où les déchets s’accumulent sans réelle gestion. Selon les informations, la décharge reçoit environ 1 200 tonnes de déchets par jour, représentant un mélange de résidus organiques, plastiques, et matériaux dangereux. Cette accumulation massive entraîne une pollution de l’air, de l’eau et des sols, affectant gravement la santé publique et l’écosystème local.
Les conséquences de cette décharge sur l’environnement sont alarmantes. D’une part, la décomposition des déchets génère des gaz à effet de serre, contribuant ainsi au changement climatique. Le méthane, un gaz 25 fois plus puissant que le dioxyde de carbone en termes de potentiel de réchauffement, est émis en grande quantité. D’autre part, les lixiviats, ces liquides pollués qui s’écoulent des déchets, contaminent les nappes phréatiques, mettant en péril la qualité de l’eau potable pour des milliers de personnes.
Pour mieux comprendre l’impact de cette décharge, nous avons recueilli les témoignages de deux riverains. Abdoul Karim Diaby, père de famille, vit à proximité de la décharge avec sa femme et ses trois enfants. Dans ses mots : « Chaque jour, l’odeur des déchets est insupportable. Je me préoccupe surtout pour la santé de mes enfants. Ils toussent souvent, et je ne peux pas m’empêcher de penser que c’est à cause de la pollution. »
Abdoul Karim a également observé une diminution de la biodiversité autour de son quartier. « Avant, nous avions des jardins potagers, mais maintenant, rien ne pousse correctement. » Ainsi, il a décidé de s’engager dans des initiatives locales visant à sensibiliser ses voisins sur les dangers de la pollution. « Nous organisons des campagnes de nettoyage, mais cela reste insuffisant face à l’ampleur du problème. Parfois, les autorités réagissant, mais sans succès »
Aissatou Barry, mère de famille, raconte une histoire différente mais tout aussi préoccupante. « Je vends des beignets ici pour nourrir ma famille, mais je crains que l’eau que nous utilisons pour nettoyer nos produits soit contaminée par les lixiviats. Cela m’inquiète énormément. » Elle évoque également les problèmes respiratoires fréquents chez ses enfants et certains de ses voisins.
Aissatou participe activement à des groupes de femmes qui militent pour une meilleure gestion des déchets et le transfert de la décharge. « Nous devons nous battre pour notre santé et notre avenir. Si nous ne faisons rien, qui le fera pour nous ? »
Face à cette situation critique, les autorités locales ont tenté de mettre en place des mesures de gestion des déchets. Cependant, ces efforts sont souvent insuffisants et manquent de suivi. Récemment, les autorités ont annoncé un projet qui prévoit la construction d’un centre d’enfouissement technique moderne à « Baritodé », dans la Préfecture de Coyah. Un projet qui sera financé à hauteur de 70 millions d’euros par l’Union européenne et l’AFD.
Cependant, des ONG et des groupes de la société civile, telle que la Fédération Guinéenne des Gestionnaires des Déchets de Guinée (FEGEDEG), travaillent à la sensibilisation des communautés et à la promotion de la réduction des déchets. Ces initiatives incluent des formations sur le recyclage et le compostage, mais leur portée reste limitée par manque de soutien institutionnel solide.
La décharge de Dar-Es-Lam située en plein cœur de la capitale génère des émissions significatives de gaz à effet de serre, principalement sous forme de méthane issu de la décomposition des déchets organiques. Pour atténuer ces émissions, il est crucial d’adopter des pratiques de gestion des déchets plus durables, comme le compostage et le recyclage, afin de réduire l’impact environnemental de cette décharge.
Younoussa Naby SYLLA, pour guineeminesnature.com