Près de 4 à 5 ans  après leur arrivée en Guinée, l’agence belge pour le développement (Enabel) et la représentation diplomatique Belge ont conjointement célébré Ce vendredi 15 novembre 2019 à l’hôtel Palm Camayenne de Conakry « la journée Belge » avec une thématique stratégique de la coopération bilatérale belge « l’appui au secteur privé comme levier de développement : l’approche Belge et les opportunités en Guinée ».   

La représentation diplomatique et Enabel ont voulu saisir l’occasion de la célébration de la fête du Roi Belge, célébrée le 15 novembre de chaque année en Belgique pour fêter les 20 ans d’existence de la coopération internationale belge, qui a connu ses débuts en 1999 avec la CTB (coopération technique Belge) qui a, ensuite à l’occasion des réformes, donné naissance le 1er janvier 2018 à Enabel, avec de nouvelles ambitions, une nouvelle approche et avec comme fil conducteur « permettre », « faciliter » et « autonomiser ».

L’engagement d’Enabel en Guinée       

Il s’agissait également de mettre à profit la célébration de la fête du Roi, pour passer en revue les différents axes d’intervention de la coopération bilatérale avec la Guinée démarrée en Mai 2015 et exécutée en Guinée auparavant par la CTB puis Enabel à partir  de janvier 2018. La première convention entre la Guinée et la Belgique a été paraphée en janvier 2016 couvrant la période 2016-2018 pour un montant de 15 millions d’euros.

Ce programme de « démarrage » qui se veut comme un soutien rapide à la population à travers des interventions concrètes et des résultats tangibles de qualité a touché, les secteurs de l’agriculture (projet DAKMA), l’accès à l’eau potable (projet AEPKM), la santé (renforcement des capacités du centre de Maferinyah…), entre autres, mis en œuvre sur l’axe Conakry- Kindia-Mamou-Dalaba.

Par ailleurs, la « journée Belge » était l’occasion d’officialiser de façon solennelle le lancement fin 2018 du nouveau programme de coopération avec la Guinée (2019-2023), d’une valeur de 45 millions d’euros, axé sur l’Entreprenariat ( agricole, urbain et féminin) qui vise à contribuer au renforcement de filières économiques porteuses, au développement d’entreprises inclusives et à la création d’emplois (en particulier les emplois féminins).

Enabel est au aussi engagée dans le cadre de la coopération multilatérale, dans la mise en œuvre d’une partie du programme INTEGRA de 35 millions d’euros pour lutter contre la pauvreté et les phénomènes migratoires avec comme ambition mobiliser et proposer à 6 000 jeunes des parcours de réussite à travers des chantiers-écoles, des formations qualifiantes, le développement personnel, l’accès aux services financiers et l’aide à l’auto-entreprenariat ; mais également  l’assainissement avec le projet SANITA Villes Propres, de 35,15 millions d’euros, qui vise l’amélioration du système de collecte des déchets de Conakry et de Kindia. Tous financés par l’Union européenne.

Le portefeuille d’intervention d’Enabel en Guinée atteint les 100 millions d’euros avec 75 millions d’euros couvrant la période 2016-2023.

Foire- Exposition

Cette célébration a été ponctuée tout au long de la journée par une foire-exposition dont le but visé par Enabel était non seulement de mettre en avant ses interventions sur le terrain à travers ses différents programmes de démarrage y compris celles de ses ONG partenaires (TRIAS, DAMIEN, WSM, etc…) et des projets subsides, mais également de montrer toutes les potentialités dont regorge le secteur privé Guinéen dans les domaines aussi variés que divers (agro-industrie, économie circulaire, mode design, services…).

Lors de cette foire-expo, les visiteurs ont pu admirer le potentiel et la créativité des jeunes entrepreneurs Guinéens, intervenant dans l’artisanat, le digital avec un accent particulier dans les chaines de valeur transformation, notamment dans l’agro-industrie artisanale où les acteurs font preuve d’imagination dans la transformation et la labélisation de produits agricoles 100 % made in Guinea ; les fédérations paysannes étaient également de la partie en tant qu’acteurs majeurs dans la production et dans le soutien de ces micro-industries embryonnaires( fédérations des producteurs fruitiers de la basse Guinée, fédération des paysans du Fouta Djallon, l’union des groupements agricoles de Soumbalako).

Les incubateurs et accélérateurs n’étaient pas en reste (Saboutech, Jatropha Hub, Oser Innover, etc…), Intervenant beaucoup dans l’agrobusiness, ils représentent aujourd’hui un allié majeur du développement d’un entreprenariat de compétitivité.

Entretiens et Témoignages         

La nouvelle représentante Résidente d’Enabel en Guinée, Verstraelen KRISTA qui dirige désormais le portefeuille de la coopération bilatérale Belge et coordonne l’intervention d’Enabel en Guinée s’est confiée au micro d’AGRONEWS GUINEE.

 « Nous n’avons pas organisé cette célébration seulement pour dire à nos différents responsables des projets d’expliquer ce que nous faisons et ce que nous comptons faire mais nous avons aussi rassemblé des acteurs très importants pour l’entrepreneuriat avec des exemples concrets de ce qui existe déjà ; de ce qui est possible, cela, pas seulement pour les encourager mais également pour les mettre en lumière, inciter et donner des idées à d’autres qui peuvent  se dire tiens ! Il y a des micro-entreprises qui sont capables de le faire moi aussi je peux le faire, innover…en sommes l’appui à l’entreprenariat, c’est cela que nous entendons dérouler dans notre programme de coopération….».

« On va appuyer les entrepreneurs, mais on ne va pas simplement leur donner de l’argent, on va regarder avec eux qu’est-ce qu’ils font maintenant ? Comment est-ce qu’ils le font ? Comment est-ce que ça peut être amélioré ? et ça veut dire vraiment la prise en compte de tous les aspects de A à Z ; nous en avons déjà l’expérience avec le programme DAKMA mis en œuvre à l’occasion du programme de démarrage, nous avons constaté que ce n’est pas seulement la production qui représente un problème chez les agriculteurs, c’est plutôt l’après, le post-recolt : c’est le transport, c’est la distribution, c’est trouver les bonnes personnes pour vendre à temps, au bon moment et au bon endroit, mais c’est aussi la question de comment gérer ses finances ? Comment utiliser de manière rationnelle les ressources issues de son investissement afin de pouvoir les réinvestir ? Comment faire tout simplement son business plan ? donc il faut avoir une vue de A et Z et pas seulement se lever un bon matin et dire moi j’ai un champ, j’ai les outils, la main-d’œuvre, tout ce qu’il faut, je vais faire des pommes de terre…. ça ne se fait pas. Il faut avoir une approche intégrée qui va de la planification de la production à l’exécution, jusqu’au consommateur, donc cela leur permet d’être non seulement indépendant vis-à-vis des banques et microfinances mais d’agrandir leur business ; c’est en partie cette approche que Enabel entend mettre en pratique pour soutenir l’entreprenariat… » a réagi Mme Verstraelen KRISTA.

S’agissant de la composante INTEGRA dont une partie de l’exécution a été confiée à Enabel par l’Union européenne, la représentante explique « c’est un programme subsidié par l’Union européenne qui doit mettre au travail des milliers de jeunes sans emploi, mais pas que, sans diplôme ni aucun niveau de formation. C’est donc en quelque sorte des jeunes un peu perdus qui ne savent pas où ils en sont, ni où ils vont, qui sont désespérés… donc nous collaborons avec des agences comme l’OIM qui nous aide à identifier le public cible, des jeunes qui ont tenté l’aventure et qui n’ont pas réussi et qui cherche à se réintégrer dans la société. Ce programme va dérouler une panoplie de projets d’intégration qui vont être mis en œuvre avec eux… ils vont être formés à des métiers et nous allons les apprendre à bien se comporter dans un cadre professionnel, en un mot leur faciliter l’intégration sur le marché de l’emploi…».  

Mme Delphine PERREMANS est la chargée d’affaires de l’ambassade de Belgique en Guinée. Elle a souligné la montée en puissance du niveau de la coopération bilatérale entre la Guinée et la Belgique « les échanges entre la Belgique et la Guinée ont atteint une valeur de plus de 300 millions d’euros. Ils sont en nette progression depuis plusieurs années ; l’intérêt des entreprises belges pour la Guinée croit élégamment de manière exponentielle (…) » s’est-elle félicitée.

Mme Diènè Keita, ministre Guinéenne en charge de la coopération et de l’intégration africaine a pour sa part relevé que l’apport financier et technique belge à la Guinée, dans plusieurs secteurs d’activité, est la preuve tangible de la qualité et du rayonnement de ce rapprochement qui contribue grandement à l’élan de développement que la Guinée a amorcé « Cette œuvre gigantesque, apparaît à nos yeux comme un outil précieux, pour la mise en œuvre effective des programmes et projets qui meublent notre partenariat. » a-t-elle laissé entendre.

Elle a rassuré que le gouvernement guinéen ne ménagera aucun effort pour la consolidation des liens traditionnels d’amitié et de coopération existant si heureusement entre la Guinée et la Belgique.

Le nouveau directeur général d’Enabel basé à Bruxelles, M. Jean Van WETTER, a depuis la capitale Belge, dans une vidéo retransmise sur écran, adressé un discours à l’occasion du 15 novembre et des 20 ans d’Enabel. Relevant dans son intervention les enjeux liés aux défis globaux. Se félicitant en substance de l’évolution du niveau de la coopération Guinéo-Belge et soulignant au passage la nouvelle approche d’Enabel en matière d’aide au développement international qui mise essentiellement sur l’appui au secteur privé, avec un fort soutien à l’entreprenariat dans des domaines porteurs de croissance.

Panel autour de l’appui au secteur privé

Avec comme thématique centrale « l’appui au secteur privé comme levier de développement » la « journée belge » a également été l’occasion d’échanger avec les différents acteurs et partenaires sur le développement du secteur privé. Parmi les panélistes, une femme entrepreneuse, intervenant au nom du secteur privé, des responsables de l’agence gouvernementale en charge de la promotion des investissements privés (APIP), la  représentante d’un incubateur et un responsable d’Enabel ont partagé avec l’assistance leurs expériences sur les actions qui sont menées, les difficultés et les perspectives qui assaillent le développement de l’entreprenariat et en général du secteur privé en Guinée et sur l’approche belge en matière de coopération bilatérale.

WIATTA Jayna thomas,  directrice générale de « Oser innover », un incubateur qui intervient dans le développement des chaines de valeur et dans le renforcement de capacités, a souligné en substance la nécessité de mutualiser les efforts au niveau des incubateurs pour favoriser le développement d’un véritable écosystème entrepreneurial intégré.

Quant à Gerrit BOSSMAN, intervention Manager de programme à EnabeL, il a rappelé que la Belgique développe désormais une approche basée sur le secteur privé comme levier de développement qui privilégie l’investissement aux aides. Il a expliqué en substance que les différentes interventions d’Enabel seront axées sur l’appui aux jeunes entrepreneurs à travers un accompagnement dans le renforcement de capacités et l’accompagnement technique et financier. Il a laissé entendre qu’Enabel compte également s’appuyer sur les incubateurs dans le cadre de cet accompagnement tout en projetant de développer des mécanismes de financements structurants pour soutenir le secteur privé.

Linda MAYOU, jeune entrepreneuse de Wofa Group, intervenant dans l’agrobusiness, a pour sa part relevé essentiellement quelques goulots d’étranglements liés à l’entrepreneuriat en Guinée. Notamment des difficultés logistiques, les contraintes juridiques et une énorme pression fiscale (notamment la question liée à l’exonération des startups).

Les responsables de l’agence de la promotion des investissements privés (APIP) intervenants dans le panel ont rassuré sur le fait que des solutions adéquates par rapport à la pression fiscale sur les entreprises naissantes seront apportées par leur agence, sans toutefois définir concrètement par quels mécanismes, ni les possibilités existantes pour les startups de bénéficier de la flexibilité du fisc.

Sékouba MARA, directeur général de l’Agence Guinéenne pour la promotion de l’emploi (AGUIPE), intervenant dans le cadre de l’organisation de la deuxième édition du Salon des entrepreneurs de Guinée (SADEN) qui se tiendra en mars 2020, est allé dans le sens de la mise en place et de la fédération des écosystèmes pour une collaboration et des résultats tangibles dans la promotion de l’entreprenariat en Guinée. Il a souligné que le SADEN est un espace qui justement fédère toutes les composantes et les acteurs qui gravitent autour de l’entreprenariat.

Au terme de ces échanges assez édifiants, qui ont permis à l’assistance de rebondir sur les différentes interventions des panélistes, la « journée belge » qui célèbre en même temps, la fête du Roi et les 20 ans d’ENABEL a été clôturée par un cocktail dans une ambiance festive et décontractée.

Transmis par AGRONEWS GUINEE

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