Le nombre de personnes souffrant de la faim de par le monde a encore augemnté en 2017, pour la 3e année consécutive et de sorte que la problématique du manque chronique de nourriture et de la sous-alimentation a retrouvé la même ampleur qu’il y a 10 ans, alors qu’elle avait eu tendance à reculer ensuite, selon le nouvel « État de la sécurité alimentaire et de la nutrition dans le monde 2018 », publié mardi par la FAO, l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture. En 2017, près de 821 millions de personnes étaient en situation de manque chronique de nourriture contre 804 millions en 2016, soit une personne sur neuf sur la planète, selon ce rapport annuel qui se penchait cette année sur le lien entre ce phénomène et les changements climatiques.
Les chiffres confirment « l’inversion de la tendance à la baisse » qui avait été observée jusqu’en 2015, souligne le rapport rédigé par l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), le Fonds international de développement agricole (FIDA), l’UNICEF, le Programme alimentaire mondial (PAM), et l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS).
« La situation s’aggrave en Amérique du Sud, et dans la plupart des régions d’Afrique, et le recul de la sous-alimentation qui caractérisait l’Asie jusqu’à une période récente, semble considérablement ralentir dans cette région » note le rapport. « Si nous ne redoublons pas d’efforts nous risquons de manquer totalement l’objectif de l’élimination de la faim d’ici à 2030 », prescrite par les Objectifs de développement durable de l’ONU, s’inquiètent les agences onusiennes.
Le continent africain est le plus concerné par la sous-alimentation et le manque chronique de nourriture, avec près de 21% de sa population totale touchés, selon Dominique Burgeon, directeur des urgences et de la résilience au sein de la FAO. En Amérique du Nord et en Europe, la proportion est de moins de 2,5% des habitants. Deux pays se démarquent cependant sur le Vieux Continent: l’Albanie (5,5% de la population) et la Serbie (5,6%).
« La variabilité du climat et les extrêmes climatiques sont des facteurs essentiels de la récente recrudescence de la faim dans le monde et l’une des principales causes des graves crises alimentaires », prévient le texte publié mardi. « De plus en plus d’éléments laissent à penser que le changement climatique a déjà des répercussions sur l’agriculture et la sécurité alimentaire ».
Les catastrophes naturelles liées au climat se sont multipliées, avec les sécheresses, des saisons décalées, et d’autres phénomènes qui menacent la production constante d’aliments de qualité, des aliments nutritifs qui sont essentiels à la santé de la population. « L’exposition à des extrêmes climatiques plus complexes, plus fréquents et plus intenses menace d’éroder les progrès réalisés dans la lutte contre la faim et la malnutrition, voire d’inverser la tendance » de manière durable via les conséquences directes qu’elle a sur les récoltes agricoles, constate le rapport. Une piste serait d’élaborer des semences à cycle court, pour des cycles de production et de récolte qui se suivent plus rapidement et sont moins exposés aux risques de la météo.
Les agences onusiennes pointent une évolution « positive » dans leur texte: le nombre de petits enfants (moins de 5 ans) en retard de croissance continue de baisser au niveau mondial. Il reste cependant à un « taux inacceptable » de plus de 22%, soit près de 151 millions d’enfants de moins de cinq ans qui, en 2017, présentaient un retard de croissance.
L’an dernier, la FAO avait souligné « l’intensification des conflits et la sécheresse persistante » comme d’importants facteurs expliquant une hausse du nombre global de personnes touchées par une insécurité alimentaire élevée.