En Guinée, la construction anarchique des bordures de mer est devenue une préoccupation environnementale pour la plus part des citoyens. Ce phénomène, particulièrement visible à Conakry et dans les autres grandes villes côtières ( Coyah, Dubréka, Boffa, Forécariah etc.), prend de l’ampleur et menace sérieusement les écosystèmes maritimes et les populations riveraines. De nombreux habitants se sentent vulnérables, pris entre l’urbanisation incontrôlée et les impacts du changement climatique.
Pour mieux comprendre les enjeux de cette occupation des zones côtières, notre reporter a rencontré quelques citoyens de Conakry qui ont exprimé leurs inquiétudes. Trouvé à son bureau, Sékou Sylla, professeur de géographie, a partagé son avis. Selon lui, « L’occupation anarchique des bordures de la mer est devenue un phénomène inquiétant pour les riverains de Conakry, surtout avec la montée des eaux et la dégradation accélérée des mangroves ». Ces écosystèmes, vitaux pour la régulation climatique et la protection des côtes, subissent une pression intense due à la construction illégale et à l’exploitation des terres côtières. La destruction des mangroves et la bétonisation des littoraux aggravent la vulnérabilité des communautés face aux risques de montée du niveau de la mer et aux catastrophes naturelles.
En outre, l’extension des zones urbanisées vers les littoraux est souvent motivée par des intérêts économiques, en particulier par des projets immobiliers destinés à accueillir de grandes fortunes. Cette spéculation foncière pourrait entraîner la disparition de plusieurs villages et îles dans les préfectures côtières. « La destruction de nos côtes pour les besoins immobiliers pourrait provoquer des déplacements massifs de populations et affecter gravement les ressources naturelles de ces régions », souligne M. Sylla.
En effet, cette urbanisation non maîtrisée menace non seulement la biodiversité, mais aussi les conditions de vie des populations locales, qui dépendent en grande partie de l’agriculture et de la pêche. Face à cette situation alarmante, l’intervention de l’État devient cruciale pour prévenir une catastrophe environnementale. Les autorités doivent prendre des mesures fermes pour interdire la vente des terres littorales aux promoteurs immobiliers et garantir la protection des écosystèmes côtiers. Il est également indispensable d’instaurer des politiques de régulation pour éviter la coupe abusive des mangroves et l’exploitation non durable des ressources maritimes. « L’État doit jouer un rôle de régulation et de sensibilisation pour éviter que les côtes guinéennes ne soient réduites à néant », ajoute le professeur Sylla.
Cette intervention est essentielle pour limiter les effets du changement climatique, notamment la montée des eaux, et protéger les populations vulnérables. pour cet autre citoyen, il est plus que jamais nécessaire que les autorités guinéennes adoptent des mesures de protection strictes pour préserver les littoraux et assurer un avenir durable pour les générations futures.
« A mon avis, les constructions en bordure de mer bloquent la circulation naturelle de l’air et modifient l’équilibre écologique, ce qui entraîne une intensification de la chaleur. Nous appelons donc les autorités guinéennes à intervenir rapidement pour limiter la vente des terres en bordure de mer. Car cette occupation anarchique des côtes aujourd’hui constitue un risque à la fois environnemental et humain, et il est urgent de prendre des mesures pour protéger notre population face à ces enjeux climatiques croissants. », interpelle un habitant de Gbessia-Port 1, à Conakry.
Il faut rappeler que la République de Guinée dispose d’un littoral long de plus de 300 kilomètres bordant l’océan Atlantique. Ce littoral, autrefois source de prospérité économique et culturelle, est aujourd’hui menacé par des phénomènes croissants, tels que l’érosion côtière, la construction anarchique des bordures de mer et l’exploitation des ressources naturelles.
Ousmane Yattara, pour guineeminesnature.com