Un complexe hôtelier de Conakry a abrité cette réunion, du 11 au 12 octobre 2024. Elle a été organisée par les acteurs de la plateforme nationale multi-acteurs sur la gouvernance foncière, à travers l’ONG ACORD-GUINÉE sur financement de l’Agence Française de Développement (AFD), à travers le Comité Technique Foncier Développement ( CTFD). L’objectif était d’informer et sensibiliser les acteurs sur les enjeux de la gouvernance foncière en Guinée.
Ils étaient une quarantaine de participants à prendre part à cette rencontre. Parmi eux, les d’acteurs de la société civile, les organisations professionnelles paysannes, les responsables étatiques et les professionnels de la presse.
Durant deux jours, ces acteurs ont échangé sur plusieurs thématiques d’intérêt communautaire liées à la sécurisation foncière. Ibrahima Soumaoro, chef de bureau régional de ACORD-GUINÉE en Guinée Forestière est revenu sur les objectifs de la rencontre.
« Ce projet qui nous a réunis ces deux jours a pour objectif de sensibiliser les acteurs de la plateforme nationale multi-acteurs sur le foncier en fonction notamment des quatre grandes thématiques qui ont été présentées. Le premier thème, c’est les enjeux et défis liés au droit de sécurisation foncière ; le deuxième, c’est l’expropriation pour cause d’utilité publique; le troisième, c’est la technique de plaidoyer et enfin le quatrième c’est l’accaparement des terres. Donc les acteurs qui sont membres de la plate-forme nationale multi-acteurs qui ont participé à cette réunion sont entre autres les organisations de la société civile, les services techniques des départements ministériels, c’est à dire le Ministère de l’Agriculture et de l’Elevage, le Ministère de l’Urbanisme et de l’Habitat ; la Confédération Nationale des Organisations Paysannes de Guinée ( CNOP-G). Donc la plateforme est représentée dans les quatre régions naturelles de la Guinée ».
Le Collectif des organisations de la société civile pour la défense des droits des communautés impactées par les projets de développement en Guinée (CODEC) a participé à toutes les étapes de la réforme foncière. Le vice-coordinateur, Mamadi Koïvogui, a rappelé le parcours de son organisation dans ce processus de réforme.
« Je rappelle que le CODEC est un acteur majeur dans ces réformes. Nous avons été depuis des phases préparatoires des états généraux du Foncier jusqu’au départ de l’élaboration des politiques nationales et celles agricoles. Nous avons été dans ce processus mobilisateurs des acteurs locaux, notamment communautés locales du monde pays paysan et nous avons contribué au renforcement de leur capacité, nous avions plaidé à leur implication réelle dans le processus et cela a abouti à leur participation très remarquable lors des états généraux du Foncier organisés à Conakry en novembre 2022″.
L’accaparement des terres est un phénomène qui prend de l’ampleur dans la plus part des communautés. Aïssata Yattara, membre de la Confédération Nationale des Organisations Paysannes de Guinée, a présenté un thème pour sensibiliser les acteurs sur les risques et les enjeux afin d’envisager les dispositions.
« Le thème que j’ai animé c’est sur l’accaparement des terres de façon globale mais surtout en Afrique. Car il a été constaté que c’est un phénomène qui est en train de prendre de l’ampleur non seulement dans le monde mais aussi en Afrique, et la Guinée n’est pas en marge de ce phénomène. D’où l’intérêt d’informer, de sensibiliser sur les risques et les enjeux. Donc si les dispositions ne sont pas prises, ça impacterait le droit Foncier des communautés à la base, notamment les exploitants agricoles familiaux ».
Après une présentation sur les enjeux et pistes de sécurisation des droits fonciers, Aboubacar Demba Touré, expert national juriste sur le foncier rural, dénonce quelques insuffisances des textes de loi au niveau national en terme de sécurisation foncière.
« Les enjeux des droits fonciers locaux se situent à deux niveaux à mon avis. Premièrement, c’est le potentiel des ressources naturelles que dispose notre pays, notamment les terres agricoles et nous sommes l’un des plus grands gisement de bauxite au monde. Donc notre pays constitue une destination de premier choix des investisseurs surtout internationaux. Et il se trouve que le cadre juridique relatif aux questions foncières de notre pays est un texte très libéral, voire même extrêmement libéral parce qu’il n’y a pas de limitation de superficie, alors quelqu’un peut être propriétaire pour des discriminations liées aux origines des gens. Et cela met un peu la population dans une situation de menace face à l’envahissement des soi-disants investisseurs étrangers ».
Avant de clore la réunion, le Directeur Pays de ACORD-GUINÉE, Macky Bah, a tenu à rappeler dans un discours aux acteurs de la plateforme nationale multi-acteurs la nécessité de rester de concentrer afin de répondre aux attentes des communautés et l’ensemble des parties prenantes. Par ailleurs, il a remercié l’ensemble des acteurs pour leur participation active au aucours de ces deux jours d’échanges.
Sylla Youn, pour guineeminesnature.com