Au Cameroun, les cours d’eau sont envahis par la jacinthe d’eau qui s’accroit exponentiellement. Elle constitue un grand obstacle pour la pêche, la production d’électricité, l’irrigation et sur la conservation de la diversité biologique car elle provoque la disparition de nombreuses espèces floristiques et fauniques. Malgré la lutte mécanique et chimique intégré en 2016 par le ministère en charge de l’environnement au Cameroun pour éradiquer la jacinthe d’eau, cette dernière ne fait que proliférer.

L’étude est effectuée sur un site mono spécifique situé à l’intérieur de l’estuaire du Wouri (BONABERIE) cordonnée (Longitude 4° 34’ 11’ N, 10° 09° 49° 0 ; Latitude 4° 05° 00’ N, 9° 42’ 00’ E ; altitude 0 m) et couvre une longueur d’environ 160 km. Le développement de la jacinthe est favorisé par la pollution et le déversement des déchets dans les eaux (les toilettes sont sur pilotis).

Dans le contexte actuel, où les prix de plus en plus élevés des combustibles liquides et gazeux dérivés du pétrole, il apparaît que l’alternative biogaz est fiable et viable surtout pour la satisfaction de besoins collectifs (femmes au foyer) à une large gamme d’utilisation : cuisson d’aliments, réfrigération. En effet il est possible d’améliorer les rendements de production de biogaz en procédant à l’extraction des acides gras volatils par fermentation aérobie et injecter la solution dans le digesteur contenant du fumier de bovin.

Nos expériences ont été conduites avec un digesteur anaérobie pouvant être réalisées très facilement et servir pour des opérations de démonstrations ou de sensibilisation. On peut ainsi vérifier la dérivabilité de différents types d’effluents organiques ainsi que l’inflammabilité du biogaz, voire mesurer la quantité de gaz produite. Au niveau du site de l’étude, pendant la saison sèche et pluvieuse la jacinthe d’eau se développe sur 15 cm par jour. La densité moyenne est de 126 pieds de jacinthe d’eau au mètre carré avec un poids moyen de 0,32 kg de biomasse fraiche par unité. Cette teneur en eau élevée fait d’elle un matériel biologique de choix pour la bio méthanisation.

Au cours de nos différentes expérimentations, les valeurs moyennes enregistrées après un an d’expérimentation à l’aide d’un digesteur de type discontinu constitué d’un fût de 100 litres entouré d’une jupe en tôle en fer galvanisée indiquent une production de 1200 litres de biogaz pour 1,80 kg de matière sèche de jacinthe soit 100 litres/kg/Mois. Tel est le type de digesteur approprié pour l’installation et l’alimentation de chaque ménage.

L’application de cette technologique dans les zones côtières infestées par la jacinthe présente plusieurs avantages dont l’emploi jeune, la production d’énergie durable, et le contrôle de la prolifération de la jacinthe d’eau. D’où la mise en valeur de la biomasse foliaire par digestion anaérobie constituerait une modification de la structure actuelle de production et de consommation d’énergie domestique et contribuerait à instaurer un rapport plus équilibré entre l’activité humaine et l’écosystème pour un développement durable.

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