C’est là que se trouve le projet de développement durable – Projeto de desenvolvimento sustentável (PDS) – Boa Esperança. Un projet étonnant au cœur de l’État du Pará, dans la partie nord de l’Amazonie brésilienne, où 150 familles sont réunies autour d’une même volonté : concilier agriculture et respect de l’environnement.

Avant d’arriver dans l’îlot de forêt, il faut traverser 50 km de pâtures, toutes plus grandes et plus vides les unes que les autres, à partir d’Anapu, la ville la plus proche. Les premiers arbres se rapprochent. Sous leur couvert, l’air se rafraîchit et le soleil joue à cache-cache. Les poteaux électriques qui longeaient le début de la route disparaissent.

Ici, plus d’électricité. Tout semble paisible. Jusqu’à ce que notre 4 x 4 freine brusquement. Une chaîne tendue en travers du chemin barre le passage. Un garde surveille la route, droit comme un i devant son poste plus vert que le feuillage des arbres, tel un camouflage raté.

Uniforme marron, gilet pare-balles, rangers et pistolet à la ceinture : l’équipement semble un peu excessif eu égard au calme alentour et au grand sourire qu’affiche l’homme. Mais il ne faut pas s’y fier.

L’agent de sécurité vit là avec un collègue depuis deux semaines, sur demande des habitants du PDS auprès de l’Institut national pour la colonisation et la réforme agraire (Incra), l’organisation gouvernementale en charge du développement agricole au Brésil.

« Apparemment, il y a eu un problème. Des personnes ont coupé, puis vendu du bois illégalement. Depuis, les habitants installent des barrières à toutes les entrées », explique Raquel Lopes, une enseignante-chercheuse à l’université du Pará qui nous accompagne.

Xavier Arnauld de Sartre, géographe au CNRS, travaille sur cette zone depuis dix ans et sur celle du PDS depuis peu. Pour lui, l’événement est absurde : « Il faudrait donc installer des gardes partout autour de l’Amazonie pour la protéger ? », interroge-t-il.

Quelques kilomètres plus loin, une dizaine de maisons s’égrènent le long de la route. Une école, une chapelle, un futur poste de santé… voilà le village du PDS Boa Esperança.

Une petite femme vigoureuse s’avance. Après nous avoir serré la main, Antonia Silva Lima nous invite dans sa maison, faite de terre et de bois, de branchages et de feuilles de palmier. Sur un mur du salon, une immense banderole cache les trous par lesquels perce le soleil. « L’impunité en Amazonie conduit à la mort et à la déforestation », peut-on y lire.

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