e monde pétrolier avait les yeux rivés dimanche 23 septembre, sur la capitale algérienne Alger, et pour cause, la réunion des pays producteurs Opep-Non Opep s’y tenant, devait sonder l’indépendance des producteurs pétroliers mondiaux devant les ordres « émis via Twitter », par la Maison Blanche.

Deux ans après l’entrée en vigueur de l’accord de Vienne, portant réduction de 1.2mb/j de l’offre pétrolière mondiale afin de rééquilibrer un marché pétrolier en dépression depuis juin 2014, les pays signataires de cet accord se sont donnés rendez-vous à Alger, pour étudier la reconduite de l’accord et les quotas de réductions, dans une nouvelle configuration géopolitique marquée par la sortie de Washington de l’accord nucléaire avec l’Iran en mai dernier.

En effet, la tenue de cette réunion a été précédée par un ordre émanant du président américain Donald Trump, dans un tweet posté le 20 septembre, sommant l’Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole (Opep) de réduire « immédiatement les prix du baril », les accusant de monopoliser le marché pétrolier.

Ces prix pétroliers, après leurs chutes au-dessous de 30 dollars en 2016, commencèrent à se réanimer progressivement depuis l’entrée en vigueur de l’accord de Vienne en décembre 2016, et surtout, depuis le respect scrupuleux des quotas de réduction de la production désignée pour chacun des pays producteurs. Ces prix frôlaient les 80 dollars la veille de la réunion d’Alger. Soit, loin devant les 60 dollars escomptés lors de la ratification de l’accord. « Lerespect de cet accord a été de 129% au mois d’aout dernier», avait déclaré le ministre russe de l’énergie Aexander Novak, la veille de la réunion. Alexander Novak, avait affirmé qu’il sera question lors de cette réunion de réajuster les quotas au niveau de 100%.

Juste avant l’ouverture de cette réunion au Centre International des Conférence à Alger, le ministre saoudien de l’Energie Khaled Al Faleh, a annoncé la couleur en indiquant qu’il ne serait en mesure d’influencer le cours des marchés pétroliers. Ce qui sous-entend, que son pays-premier producteur de pétrole au sein de l’Opep avec plus de 10mb/j cette année- n’envisage d’exercer aucun lobbying ou pression au sein de cette organisation. Le ministre saoudien de l’Energie a même fait part de l’intention de son royaume pétrolier, d’inviter davantage de pays producteurs à joindre l’accord de réduction de l’offre.

L’Arabie Saoudite montre encore une fois que les alliances américano-saoudiennes, se descellent à chaque fois, devant les parts de marchés de l’or noir. Pour rappel, la crise pétrolière de 2014, a été en partie, menée par l’Arabie Saoudite à dessin de mettre en difficulté l’industrie américaine du schiste grandissante et menaçante.

Le Venezuela et l’Iran qui changent la donne.

Mais lors du début de la crise pétrolière 2014-2016, l’Iran était amputé d’une grande partie de sa production à cause des sanctions occidentales, et le Venezuela, qui pour se prémunir d’une crise économique féroce, avait initié les tournées diplomatiques pour inciter les producteurs à réduire cette offre excédentaire, responsable de la dépression des marchés. Or, Le Venezuela, dont les recettes reposent à plus de 90% sur le pétrole, s’est quand-même retrouvée au centre d’une crise aigüe, et voit sa production reculer progressivement jusqu’au niveau de 1.2 mb/j au mois d’août dernier, contre 2.5mb/j en 2016, ce qui correspond à son plus bas niveau en 30 ans.

L’Iran, après une reprise de ses exportations pétrolières jusqu’à environ quatre millions de barils, après la levée des sanctions occidentales en 2015, s’est vu à nouveau, sujet à une batterie de sanctions formulées par les Etats Unis, après leur retrait de l’accord nucléaire. Ces sanctions visent notamment le blocage des ventes internationales du pétrole iranien à partir du 5 novembre prochain. Les ventes de brut iranien pourraient ainsi baisser de 700.000 barils par jour par rapport à leur niveau actuel qui est de 2,3 millions/b/j.

En prévision de ce scénario, le représentant de la délégation iranienne à Alger, Hossein Kazempour Ardebili, a exprimé son souhait de voir leurs pays partenaires « exercer leur souveraineté et ne pas se plier aux instructions de Trump ».

Ainsi, dans ce contexte, et pour combler les exportations pétrolières du Venezuela et de l’Iran, qui viennent s’ajouter à un recul significatif de l’offre libyenne et nigériane, en raison des tensions sur les lieux de production, les hôtes d’Alger, ont décidé à l’issue de négociations intenses, de réduire d’un millions barils/j leur production globale.
Le ministre émirati de l’Energie Souheil Al Mazroui, qui présidait la réunion, a clarifié que cette réduction vise à ajuster l’offre et revenir à l’accord de Vienne, car certains pays ont ‘’exagéré’’ dans leurs réductions. Le ministre saoudien de l’Energie, a affirmé qu’il serait désormais ‘’ primordial pour les pays producteurs de continuer à prévoir et anticiper les changements dans l’équilibre de l’offre et la demande ».

Le prix du baril autour de 100 dollars vers 2019

Au grand dam de Trump, les 24 pays Opep-Non-Opep n’ont pas flanché, et les courts du Brent ont ouvert à la hausse ce 24 septembre, affichant 80.94 dollars à la bourse de Londres, pour les marchés à livraison en novembre valait 80,67 dollars sur l’Intercontinental Exchange (ICE) de Londres. Ce niveau est le plus élevé depuis 2014.

Le baril de « Light Sweet Crude » (WTI), s’est de son côté élevé à 72,39 dollars, sur le New York Mercantile Exchange (Nymex). Les cours du brut sont appelés à grimper encore selon plusieurs experts, à l’instar du Holding financier américain JP Morgan,qui prévoit un prix de Brent autour de 90 dollars vers la fin de l’année en cours, et même un prix de 100 dollars le baril, dès le début de l’année 2019.

African Daily Voice (ADV)

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