Alors que les risques sanitaires augmentent au rythme de la montée des températures à l’échelle mondiale, une nouvelle étude estime qu’entre 1,8 et 4,1 milliards de personnes vivant dans les pays en développement d’Asie du Sud, d’Asie du Sud-Est, d’Afrique subsaharienne et d’Amérique latine, n’ont pas accès aux ressources et à la technologie pour refroidir leurs espaces de vie.

“S’attaquer au manque d’accès au confort thermique a des conséquences importantes pour la réduction des risques de décès et de dysfonctionnement liés à la chaleur et pour l’amélioration du bien-être de milliards de personnes dans les pays du Sud”, a déclaré Alessio Mastrucci, auteur de l’étude et chercheur à l’Institut international pour l’analyse des systèmes appliqués (IIASA), à Vienne.”

“L’implication de cette étude est que l’actuel ODD relatif à l’énergie (ODD7) sous-estime l’ampleur de la pauvreté énergétique, alors que plusieurs milliards de personnes dans le Sud ne disposent pas de technologies de refroidissement abordables et sont exposées au risque d’impact sur la santé lié au stress thermique.”

L’accès universel à l’électricité et à des logements adéquats et abordables est une condition préalable pour accéder aux technologies de refroidissement.

L’atteinte de ces objectifs est étroitement liée à la réalisation de plusieurs objectifs de développement durable (ODD) prescrits par l’ONU, note l’étude.

Un communiqué de presse (7 février) sur l’étude de l’IIASA déplore le peu de recherches autour du point de convergence des conditions climatiques défavorables et de la pauvreté.

En outre, les chercheurs ont, pour la première fois, estimé les besoins en climatisation résidentielle et les coûts d’accès aux technologies de refroidissement dans les pays du Sud.

Narasimha Rao, co-auteur de l’étude et professeur assistant en systèmes énergétiques à l’Université Yale, aux États-Unis, a déclaré que l’Asie du Sud, l’Afrique, le Moyen-Orient, l’Asie de l’Est, la Chine, l’Asie centrale et l’Amérique latine présentent un « climat tropical et subtropical » et accueillent les populations les plus pauvres du monde.

Les chercheurs ont examiné la demande en énergie pour répondre aux besoins en refroidissement des populations exposées au stress thermique, en tenant compte du climat, du type de logement, de l’accès à l’électricité et des propriétés des climatiseurs.

« Nous estimons qu’entre 1,8 et 4,1 milliards de personnes dans les pays du Sud, avec une médiane de 3,7 milliards pour un seuil défini à 26 degrés Celsius et une exposition annuelle minimale de cinq jours, sont potentiellement exposées au stress thermique dans leurs maisons», déclare Narasimha Rao.

Et d’ajouter que la demande en énergie pour refroidir ces maisons pourrait atteindre 14% de la demande actuelle en électricité.

Selon Alessio Mastrucci, il existe des interconnexions importantes et des synergies potentielles entre le besoin de combler le « déficit de refroidissement » et celui d’atteindre de nombreux objectifs de développement durable.

Certains de ces objectifs se résument à des énergies bon marché et propres, une réduction de la pauvreté, une bonne santé et un bien-être, ainsi que des villes et des communautés durables.

Les résultats de l’étude indiquent que la réduction de l’écart nécessiterait une croissance moyenne de la demande énergétique de 14% de la consommation électrique résidentielle mondiale actuelle, principalement dans le secteur de la climatisation, qui a des incidences financières et environnementales importantes.

“L’implication de cette étude est que l’actuel ODD en matière d”énergie (ODD7) sous-estime l’ampleur de la pauvreté énergétique, alors que plusieurs milliards de personnes dans le Sud ne disposent pas de technologies de refroidissement abordables et sont exposées au risque d’impact sur la santé lié au stress thermique”, estime encore Narasimha Rao.

L’ODD 7 appelle à fournir un accès universel à une énergie moderne, abordable et fiable d’ici à 2030, comprenant à la fois de l’électricité, ainsi que des foyers et des combustibles propres, a-t-il ajouté.

Clinton Andrews, professeur d’urbanisme à la Rutgers University, aux États-Unis, indique quant à lui que l’étude montre que « même après avoir tenu compte des adaptations de longue date que les habitants des régions chaudes ont apportées aux conditions locales, les pauvres qui n’ont pas accès à l’électricité, et donc à la climatisation, sont exposés à un risque croissant de problèmes de santé dus au stress thermique. »

Des politiques opportunes visant à rendre les technologies de climatisation efficaces et abordables et à améliorer la conception des zones résidentielles, afin de réduire les effets des îlots de chaleur pourraient être une solution gagnante pour le climat et le développement, note l’étude.