Alors que se prépare une offensive militaire de grande ampleur par les forces gouvernementales dans la région d’Idlib, en Syrie, deux hauts responsables onusiens, Staffan de Mistura, et John Ging, ont prévenu vendredi du risque de catastrophe humanitaire, lors d’une réunion du Conseil de sécurité.
L’ONU estime à trois millions environ les habitants de la région, parmi lesquels 1 million d’enfants et près de 99% de civils. Le reste est constitué de groupes terroristes reconnus comme tels par le Conseil de sécurité, des combattants étrangers et d’autres groupes armés d’opposition qui s’y étaient réfugiés à la suite d’accords avec le gouvernement syrien.
L’Envoyé spécial a relevé que tous les yeux sont aujourd’hui rivés vers Téhéran où vient de se tenir une rencontre entre les trois garants du processus d’Astana, à savoir la Russie, la Turquie et l’Iran.
M. de Mistura a invité toutes les parties au conflit à éviter cette tragédie, tout en veillant à ce que la question des groupes terroristes soit réglée.
Il a invité les garants du processus d’Astana, « les grands acteurs du Golfe » et d’autres pays qui ont de l’influence sur les groupes armés à tout faire pour assurer la protection des civils.
Selon l’Envoyé spécial, il faut que les populations soient libres de quitter la région d’Idlib. L’ONU est prête à travailler avec les parties sur le terrain pour assurer des routes d’évacuation des civils. Il a aussi rappelé la position claire du Secrétaire général qui estime que « tout emploi d’armes chimiques est inacceptable ».
M. de Mistura a souligné que des discussions sont en cours pour la création d’un comité constitutionnel syrien. Il a annoncé des rencontres, à Genève, lundi et mardi, avec les pays garants du processus d’Astana, avant d’autres réunions avec d’autres pays qui ont de l’influence en Syrie. Il a dit espérer que ce regain diplomatique ne va pas être affecté par un regain d’activités militaires.
3 millions de personnes ont besoin d’aide humanitaire à Idlib (OCHA)
Le Directeur des opérations et du plaidoyer du Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA), John Ging, a également relevé qu’il y a environ trois millions de personnes qui ont besoin d’une aide humanitaire dans la zone de désescalade d’Idlib.
L’ONU et les organisations non gouvernementales ont continué de mettre en œuvre une opération humanitaire majeure dans cette région, avec en moyenne deux millions de personnes qui bénéficient d’une aide transfrontalière chaque mois, à partir de la Turquie, a souligné M. Ging devant les membres du Conseil.
Au-delà de la fourniture d’une assistance, des efforts ont été entrepris pour veiller à ce que les populations en détresse puissent être soutenues dans l’éventualité d’une intensification des hostilités, a-t-il dit.
En conclusion, M. Ging a attiré l’attention du Conseil de sécurité sur cinq demandes spécifiques, qui s’adressent également à ceux qui ont de l’influence sur les parties au conflit. Tout d’abord, cesser les hostilités dans la zone ou, à tout le moins, veiller à ce qu’il n’y ait pas d’escalade. Ensuite, garantir la protection des civils et des infrastructures civiles. Il a aussi plaidé en faveur d’une liberté de circulation des populations qui souhaitent partir, dans quelque direction que ce soit, et d’un accès sûr et sans entraves de l’aide humanitaire aux nécessiteux. Enfin, a-t-il ajouté, une hausse du financement pour renforcer la réponse humanitaire en préparation est nécessaire.
ONU