C’est un sujet qui fait un vif débat dans la cité des agrumes, Kindia. Dans cette région, plusieurs champs d’ananas ont été incendiés ces derniers temps. Cette situation a troublé le sommeil des jeunes entrepreneurs et celui du président de la fédération des planteurs de la filière fruit de la Basse Guinée.
« C’est un problème qui perturbe carrément la relance. Il faut le reconnaître. Parce que les jeunes sont des débutants. L’ananas coûte cher. L’investissement est très lourd. Quand des jeunes avec des prêts ou l’accompagnement des parents mettent en place une plantation et l’incendie vient brûler tout ça, vous imaginez ce que ça crée d’abord pour le jeune, mais aussi pour les autres qui veulent venir investir dans la filière ananas. C’est une très grande préoccupation pour nous », a déclaré El hadj Moussa Camara, président de la fédération des planteurs de la filière fruit de la Basse Guinée.
« Nous avons récemment organisé une rencontre avec les autorités à tous les niveaux pour essayer de trouver une piste de solution. On a fait venir les victimes des différentes préfectures. Chacun a pris la parole pour expliquer réellement ce qui s’est passé. Les causes sont diverses. Les conséquences sont énormes pour la filière. Si on ne sait pas gérer ce problème, les conséquences retombent sur nous. Même le bailleur qui est en train de nous aider va hésiter. Quand il y a des cas d’incendie, il faut toujours informer la gendarmerie, porter plainte contre X mais les gens ne le font pas. Ce qui me fait très mal c’est quand les victimes utilisent les réseaux sociaux pour exposer leur perte. Nous recensons les victimes. Quand il y a un incendie, si nous sommes informés, on envoie nos techniciens. On identifie et on mesure les superficies. On prend les images et on les garde », a t-il ajouté.
Beaucoup de jeunes se sont lancés dans la culture d’ananas à Kindia. Certains ont malheureusement vu leurs champs partir en fumée. C’est le cas d’Issiaga Sylla.
» Je n’étais pas là au moment où le feu s’est déclaré dans mon champ. J’étais à Conakry. Ce sont mes travailleurs qui m’ont informé de ce sinistre. Deux (2) hectares ont été consumés chez moi. Les ananas et les rejets ont été brûlés. L’investissement va jusqu’à 5 cent millions de francs guinéens. Les rejets m’ont coûté plus de cent millions de francs guinéens », a affirmé la victime qui ne sait plus à quel saint se vouer.
Issiaga Sylla s’est lancé dans la culture d’ananas en 2020. Son rêve de devenir son propre patron se transforme en cauchemar. Il n’a bénéficié d’aucun soutien financier. « Pour le moment, je ne connais pas l’origine de cet incendie. Je n’ai aucune information. J’invite les personnes de bonnes volontés et le gouvernement guinéen de m’aider à me relever. L’incendie des champs d’ananas est fréquent à Kindia », s’est alarmé Issiaga Sylla.
Il faut rappeler que depuis le début de cette crise, aucun pyromane n’a été arrêté, malgré toutes les enquêtes qui ont été annoncées. Pour le moment, les victimes n’ont que leurs yeux pour pleurer.
De Kindia, Ibrahima Sory Traoré, pour guineeminesnature.com