Les chiffres montrent que depuis 2015, le secteur extractif Guinéen est en pleine expansion. Le pays se place désormais au premier rang des pays producteurs de bauxite sur le continent et le deuxième à l’échelle mondiale derrière l’Australie (95 millions de Tonne).

Les revenus miniers quant à eux, se sont élevés à hauteur de 336,9 Millions USD en 2016 soit une augmentation de 38,3%,  et occupe désormais 22,7% du PIB. Malgré cette hausse fulgurante des recettes minières, le pays se trouve piégé par la malédiction des ressources naturelles ou le paradoxe de l’abondance à travers une mauvaise redistribution des revenus tirés du secteur extractif et la gestion mauvaise des impacts environnementaux liés à cette activité.

Les ressources minières étant des gisements épuisables et non renouvelables, leurs gestions rationnelles est indispensables pour tirer le maximum de bénéfice et laisser aux générations futures un environnement vivable. Malheureusement, il semble que l’expansion des activités minières ait pris le pas sur les réglementations sociales et environnementales dans les priorités du gouvernement et laissant les communautés à leur sort. « Nous voulions donner la priorité aux activités minières afin de profiter de l’offre insuffisante sur le marché, tout en garantissant le respect d’un socle minimal de droit dès le départ » avait de laisser entendre un haut fonctionnaire du ministère des mines à Human Right Watch pour justifier les multiples émeutes en Avril et Septembre 2017.

Si la bonne gouvernance est l’art pour les sociétés à créer des régulations nécessaires à leur survie et à l’épanouissement de leurs populations, tel n’est pas souvent le cas en Guinée. Une opacité règne autour de la rétribution des valeurs créées entre l’Etat et les entreprises. Au lieu de permettre de sortir de la pauvreté, la rente obtenue entraine une course clientéliste pour toucher les dividendes de l’exploitation, une concentration des décisions au plus haut niveau du pouvoir, un affaiblissement des institutions de contre-pouvoirs et parfois des conflits violents entre pouvoir et régions productrices comme c’est souvent le cas à Boké et à Siguiri.

Depuis l’adoption du nouveau code en 2011 puis amender en 2013, aucun dispositif juridique et réglementaire uniforme d’indemnisation des populations n’a été adopté par l’Etat dans le secteur minier. Résultat, une paupérisation des communautés suite à l’accaparement des terres agricoles et la perte des moyens de subsistances causés par les sociétés minières. Dans certaine région extractive, la pression sur les ressources en eaux augmente, suite à l’installation de multiples projets miniers dans une même région (Boké) et l’afflux des populations en quête d’opportunité d’emploi. Dans des  zones aurifères, les populations sont confrontées à la pollution de la nappe phréatique, dû principalement à l’utilisation des produits chimiques (cyanure, mercure etc…) dont les conséquences sur la santé sont assez nuisibles.

La voix principale pour sortir de ce paradoxe de l’abondance, est la mise en place d’une institution démocratique forte, capable de surveiller et de contrôler la nature exacte des activités extractives dans le pays. Renforcer le cadre juridique et réglementaire dans le domaine de la transparence et la bonne gouvernance, et dans la lutte contre la corruption. Encourager la discipline budgétaire et la planification à long terme (PNDES) y compris l’équité intergénérationnelle dans la gestion et la répartition des flux financiers issues de ce domaine. Diversifier le secteur économique pour éviter le Syndrome Hollandais ensuite obligé les compagnies minières à réduire leurs empreintes sur l’environnement par des réglementations contraignantes, rendre opérationnelle la loi sur le local content et la RSE, faire de l’éducation et de la formation le fer de lance de notre pays pour pouvoir bien négocier nos ressources avec les multinationales étrangères.

M.L Sidibé

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