La criminalité environnementale ou “l’écocriminalité” est l’ensemble des infractions qui menacent ou portent atteinte à l’environnement, qu’elles aient ou non des répercussions sur l’homme. Au titre de ses infractions, nous avons : l’exploitation forestière illégale et la déforestation ; la pêche illicite ; l’exploitation minière illégale et le trafic des minerais ; le déversement dans la nature et le commerce illégal des déchets dangereux et toxiques ; le braconnage des animaux et des plantes sauvages.

L’Afrique de l’Ouest est aux confluents de toutes ces infractions. Selon le Groupe de recherche et d’information sur la paix et la sécurité (GRIP), les pays côtiers ouest-africains, et en particulier les grands ports d’Afrique de l’Ouest, constituent des zones de transit pour les diverses denrées issues du trafic illégal et des crimes environnementaux. Un rapport de l’ONUDC publié en 2016 et cité par le GRIP révèle des chiffres impressionnants.

Entre 2007 et 2014, ce sont plus de 17.000 kg d’ivoire qui ont ainsi été saisis en Afrique de l’Ouest, majoritairement au Nigeria et au Togo, mais aussi au Ghana, en Côte d’Ivoire et en Guinée. Par ailleurs, le commerce lié à la contrebande de gibier prospère dans cette zone régionale – à l’exception notable de la Mauritanie et du Niger – tandis que le trafic de déchets toxiques et dangereux tend à prendre de l’ampleur, notamment au Nigeria, au Ghana, au Burkina Faso, au Sénégal, en Guinée et en Côte d’Ivoire, qui ont émergé comme les principales destinations d’enfouissement et de stockage de ces déchets.

Une opération INTERPOL menée dans neuf pays de la zone a conduit à une saisie de bois de rose exploité illégalement dont la valeur fut évaluée à hauteur d’environ 216 millions de dollars. A cela s’ajoute le pillage organisé des fonds marins ouest-africains qui met en péril tant la sécurité alimentaire régionale que le secteur de la pêche artisanale.

Selon les estimations du PNUE, la valeur de la pêche « illégale, non déclarée et non réglementée (INN) » dans les eaux ouest-africaines – laquelle représente entre un tiers et la moitié de la prise totale effectuée dans la zone – est estimée à au moins 1,3 milliards de dollars par an. En pratique, les zones les plus durement touchées par le phénomène de la pêche INN en Afrique de l’Ouest sont les eaux sénégalaises, guinéennes et sierra-léonaises. « Toutefois, les pays côtiers ne sont pas les seuls à souffrir de cette activité ; ainsi, le Burkina Faso et le Mali, dépendants des importations des produits halieutiques de leurs voisins, pâtissent également de la pêche illicite », estiment les chercheurs du GRIP.

Face à cette situation, il est d’une nécessité impérative de soutenir le journalisme d’investigation pour dénoncer les crimes environnementaux en vue de provoquer des changements positifs en faveur du développement durable des pays de l’Afrique de l’Ouest.

CENEZO

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