En Guinée, où l’économie informelle représente 43 % du PIB et 96 % des emplois (selon la Banque mondiale), l’élargissement de l’assiette fiscale devient une priorité. Les méthodes actuelles de collecte de certaines taxes (la patente) dans les marchés sont devenues obsolète, peu adaptées aux besoins de recouvrement actuel et donc peinent à intégrer cette large part de l’économie. Pour relever ce défi, il est temps d’adopter une approche disruptive, qui s’appuie sur les outils déjà utilisés par ces acteurs informels.
Le boom des téléphones mobiles et des solutions de paiement numérique en Guinée offre une piste intéressante à explorer : un dispositif de prélèvement fiscal basé sur les recharges téléphoniques. Plutôt que de recourir aux collecteurs de marché, les taxes (patente) pourraient être prélevées automatiquement sur les recharges réalisées par les commerçants avec les opérateurs téléphoniques comme Orange. Cette méthode, simple et efficace, pourrait s’avérer beaucoup plus adaptée aux habitudes des travailleurs informels.
Parallèlement, un programme incitatif pourrait offrir une exonération fiscale temporaire aux structures informelles acceptant de s’enregistrer. Ce dispositif encouragerait une transition douce vers le secteur formel, sans pression fiscale immédiate, renforçant ainsi la confiance envers l’administration.
Cette stratégie d’élargissement fiscal permettrait à l’État, d’augmenter son taux de recouvrement, de réduire les pertes dues à la corruption et aux mauvais payeurs, et d’intégrer durablement l’économie informelle dans le cadre formel. Il s’agit d’une opportunité pour l’État guinéen de réinventer sa politique fiscale et de faire de l’économie informelle une source de croissance pour tous.
Souleymane Kourouma