Le journaliste, dont les analyses politiques sur la chaîne STV sont souvent critiques envers le chef d’Etat Filipe Nyusi, avait reçu des menaces de mort le jour précédant son enlèvement. Lors de l’émission hebdomadaire “Pontos de Vista” du 25 mars, il avait notamment reproché au gouvernement la mauvaise gestion des dettes de l’Etat, et appelé le ministre des Finances à démissionner. La police de la République du Mozambique (PRM) a déclaré avoir ouvert une enquête pour identifier les agresseurs.
“Ce passage à tabac d’un journaliste s’inscrit dans un climat d’hostilité croissante fait d’intimidations et de menaces verbales à l’égard des voix critiques du pouvoir, estime Arnaud Froger, responsable du bureau Afrique à RSF. Nous exhortons les autorités à tout faire pour retrouver les auteurs de cette violente agression afin d’envoyer un message fort à ceux qui s’en prennent aux journalistes mozambicains.”
Déjà en décembre 2017, le directeur de l’hebdomadaire Ikweli à Nampula, dans le nord du pays, avait été menacé de mort à la suite d’un article critiquant un candidat du Mouvement démocratique du Mozambique (MDM) aux élections municipales. En janvier 2018, le directeur de Radio Encontro avait également reçu des menaces du Front de Libération de Mozambique, le parti au pouvoir, après avoir dénoncé des fraudes dans ces mêmes élections.
Des organisations de la presse ont fermement condamné l’agression de Ericino de Salema, dont le Conseil suprême des médias de Masse (CSCS) pour qui “cette attaque exécutée au grand jour révèle un climat d’impunité.” L’organisme Human Right Watch a également dénoncé une “atmosphère de peur” au Mozambique.
Le pays occupe la 93e place dans l’édition 2017 du Classement de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières.
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