(Agence Ecofin) – L’Europe dépend des pays producteurs sud-américains et chinois pour son approvisionnement en lithium, produit indispensable aux batteries des véhicules électriques. Pour réduire cette dépendance, la production locale est une option, mais soumise à de nombreuses contraintes.

La France doit-elle rejoindre le rang des pays producteurs de lithium ? Pour Barbara Pompili (photo), ministre française de la Transition écologique, la réponse à cette question est oui. Elle a défendu ce point de vue dans une interview vidéo diffusée le 17 février par le journal Les Échos.

« Si nous voulons devenir une société qui émet moins de gaz à effet de serre, nous devons en assumer les conséquences. Et les conséquences, c’est que nous avons besoin de lithium », explique l’ancienne députée, qui souhaite néanmoins que cette exploitation soit encadrée par des normes environnementales et sociales strictes.

Il y a loin de la coupe aux lèvres…

Depuis quelques années, l’Union européenne en général, et la France en particulier, accorde davantage d’attention aux métaux stratégiques que sont, entre autres, le lithium et les terres rares. Ils sont jugés stratégiques, car les pays européens n’en produisent pas, mais en ont besoin pour réussir leur transition énergétique, en raison de l’utilisation de ces métaux dans les véhicules électriques ou les éoliennes.

Pour la France, produire du lithium permettrait de garantir l’approvisionnement des constructeurs locaux que sont notamment Renault, Peugeot et Citroën. Une étude réalisée en 2018 par le Bureau français de recherche géologique et minière a d’ailleurs identifié pas moins de 41 ressources et occurrences de lithium en France métropolitaine, avec six gisements qui hébergeraient près de 445 000 tonnes d’oxyde de lithium.

Cependant, l’exploitation de ces réserves va nécessiter des investissements importants pour des travaux d’exploration plus poussés. S’ils sont concluants, la production pourrait alors démarrer, mais le respect des normes environnementales de l’UE peut entrainer un coût élevé d’extraction, sans compter sur l’opposition possible des populations locales, comme c’est actuellement le cas avec le projet de Rio Tinto en Serbie.

Le lithium français produit malgré ces contraintes risque alors d’être moins compétitif par rapport au lithium chinois, chilien ou argentin et les constructeurs automobiles français et européens continueraient à s’approvisionner ailleurs. Le Mali, la RDC ou encore le Ghana, qui aspirent tous à devenir producteurs de lithium, ont donc peu de chances d’être concurrencés sur le marché par des producteurs français.

Emiliano Tossou

LEAVE A REPLY

Please enter your comment!
Please enter your name here

Résoudre : *
20 × 9 =