Dans un entretien accordé à notre rédaction, le Chef de service du laboratoire d’analyses environnementales du Ministère de l’Environnement, des Eaux et Forêts, Aboubacar Kaba, s’est exprimé sur le fonctionnement de son service, ses missions et attributions qui, pour l’essentiel, reposent sur le respect des normes liées à la pollution (eau, air, les nuisances etc…), ainsi que la protection de la biodiversité animale.
Un entretien réalisé par Younoussa SYLLA pour guinée mines nature
Bonjour Monsieur Kaba, Présentez-nous votre service, ses missions et attributions?
Merci à vous. Pour vous répondre, je dirai que c’est un laboratoire qui a été créé par décret présidentiel en avril 2019 au compte des services rattachés au Cabinet du Ministère de l’Environnement, des Eaux et Forêts. Il est chargé de surveiller et caractériser les pollutions et nuisances sur l’environnement. C’est un laboratoire qui a plusieurs missions. Il contribue à la mise en place des réseaux de surveillance thématique. Si nous prenons la pollution atmosphérique, ce laboratoire est appelé à contribuer à l’installation des surveillances et à la qualité de l’air. Donc ces stations de surveillance ne peuvent être installées qu’avec un travail intelligent avec le laboratoire d’analyses environnementales. Tout récemment, nous avons commencé à prendre attache avec certaines institutions et certaines ambassades afin que Conakry soit dotée en station de service de la qualité de l’air qui va partir des analyses des particules de poussières jusqu’au niveau des gaz à effet de serre. Notre laboratoire est aussi chargé de contrôler la pollution pour accompagner la mise en œuvre du programme de gestion et de protection de l’environnement. Donc toutes les missions, même au niveau des différentes directions du Ministère en charge de l’Environnement, doivent faire intervenir des agents du laboratoire d’analyses environnementales pour les appuyer, d’où sa transversalité.
La troisième mission, c’est de contribuer au respect des engagements nationaux et internationaux en matière de surveillance et de contrôle de la pollution.
La Guinée s’est engagée à travers plusieurs conventions et accords internationaux relatifs au respect des normes sur la pollution. Parlez-nous-en ?
En effet, la Guinée s’est engagée comme vous l’avez dit, par exemple depuis 2012 à un contrôle sérieux des mesures de protection de l’environnement et de la préservation de la santé des communautés. C’est ainsi, qu’elle a élaboré ses premières normes environnementales qui engagent l’Etat, non seulement vis-à-vis des partenaires sociaux et économiques qui sont avec nous, mais aussi les partenaires internationaux. Donc ces normes sont un élément d’engagement de l’Etat guinéen vis-à-vis de ces structures. Et le laboratoire a pour rôle, de veiller au respect rigoureux de ces engagements de l’Etat, vis-à-vis des structures partenaires. C’est-à-dire, que nous devons faire des campagnes annuelles au niveau de tous les établissements classés, de toutes les structures susceptibles de respecter, générer les impacts sur l’environnement et les communautés riveraines, de voir est-ce que les normes sont respectées. Tout cela fait partie des missions du laboratoire d’analyses environnementales.
Ce laboratoire a pour mission également, de participer à la coordination du réseau des laboratoires opérant dans le domaine de l’environnement et contribuer au respect rigoureux des normes environnementales du rejet à l’échelle nationale auprès des différentes institutions, y compris les institutions de recherches, et aussi de développer d’autres champs de surveillance de la pollution. Donc le laboratoire d’analyses environnementales est chargé de coordonner les activités de tous ces laboratoires afin que nous conjuguions le même verbe pour le développement de la Guinée dans le sens des bonnes pratiques environnementales et sociales.
Il est ensuite chargé de contribuer à la mise à niveau environnementale du secteur privé en apportant des prestations de service nécessaire en matière de mesures d’analyses. Si toutefois les compagnies qui évoluent chez nous ne sont pas en mesure d’assurer leur propre suivi ou surveillance environnementale, si une société qui doit s’installer doit générer les impacts ce qui est évident, notamment sur l’environnement et la santé des communautés riveraines, on l’oblige à réaliser une étude d’impact environnementale et sociale au préalable. Cette étude est assortie d’un plan de gestion environnementale et sociale. C’est ce PGES qui engage le promoteur vis-à-vis de l’Etat guinéen, c’est-à-dire qu’il s’engage à faire le contrôle hebdomadaire des eaux de surface, des eaux souterraines, le contrôle mensuel ou trimestriel des bruits et nuisances, des poussières, des gaz à effet de serre etc.
La dernière mission du LAE, c’est d’assister techniquement les différentes requêtes émanant des pouvoirs publics. Aussi, les gens pensent que l’Administration Publique est épargnée de tout ce qui est contrôles environnementaux, ce n’est pas vrai. En matière de contrôles environnementaux, les structures étatiques sont assujetties aux mêmes rigueurs que les structures privées. Ceci étant, toutes les activités de l’Etat doivent être suivies sur le plan environnemental, social et économique conformément, au développement durable.
Quels sont vos domaines d’intervention ?
LAE est chargé d’assurer la surveillance environnementale et sociale dans tous les milieux récepteurs. Si je prends le volet social, nous avons l’obligation de suivre le niveau d’émission de bruit. Si nous prenons toujours le volet social, nous sommes obligés de suivre la qualité de l’air à travers les particules de poussières émises et les gaz à effet de serre qui sont émis.
Si je prends la qualité de l’eau, nous nous intéressons à l’évaluation qualitative de l’eau mais au point de vue environnemental, en se basant sur les normes de la SFI société financière internationale, et de la banque mondiale qui sont les normes les plus aigües aujourd’hui en termes de santé humaine. Nous nous intéressons aussi aux eaux de surface tout comme les eaux souterraines, nous faisons leur caractérisation qualitative. Si nous prenons les sols, nous déterminons aussi la qualité des sols, nous avons un ensemble d’arsenal de prélèvement de conservation et de transport des sols pollués prélevés sur le terrain. Dons LAE s’intéresse à tous les domaines d’intervention de l’environnement.
Dans le domine de la biodiversité, comment vous collaborer avec la direction en charge des parcs et réserves ?
C’est un autre aspect d’ailleurs que les gens ne connaissent pas. Dans les parcs, les animaux sont protégés. Parfois il se trouve qu’un animal meurt. Dans ce cas précis, il faut diagnostiquer pour savoir pourquoi cet animal est mort, la cause de sa mort, est-ce qu’il a été mordu par un serpent ou agressé par quelque chose, ou bien il a bu quelque chose qu’il ne devrait pas. Si c’est auprès d’un cours d’eau, on va venir investiguer ce cours d’eau pour voir la toxicité de l’eau. Cela fait partie aussi des rôles de LAE.
Toujours dans le domaine de la biodiversité, nous avons les sanctuaires phoniques qui sont déjà identifiés mais qui ne sont pas matérialisés jusqu’au jour d’aujourd’hui entre les côtes guinéennes et les points de transbordement. Les transbordements, c’est la pratique par laquelle les sociétés minières prennent la bauxite au niveau des côtes guinéennes à travers les barges et transportent jusqu’en haute mer. Arrivé à ce niveau, ils prennent la même bauxite des barges pour mettre dans les navires, c’est ce qu’on appelle le transbordement. Et donc la traversée de la côte jusqu’au niveau du point de transbordement en haute mer, il y a des sanctuaires phoniques, c’est-à-dire les points de reproductions privilégiés de certaines espèces aquatiques. Ces points sont connus par les spécialistes mais ils ne sont pas matérialisés, il n’y pas de bornage, le bornage n’est pas fait. Donc ces barges ou ses navires viennent traverser ces sanctuaires phoniques le plus souvent et ça tue les espèces. Ça tue les petits et les gros. Donc le rôle du LAE, si on trouve d’autres espèces qui n’ont pas été agressées physiquement, on peut venir pour faire les prélèvements, on analyse la cause de leur mort. Mais si on trouve qu’elles sont diagnostiquées, en ce moment la question de recherche de la cause revient à la Direction de l’Office Guinéen des Parcs et Réserves, OGUIPAR ou au Centre National de protection des zones marines et Côtières.
A suivre…