Du mardi 8 au mercredi 9 octobre 2024, l’ONG Réseau Guinéen des Zones Humides (REGUIZOH), en partenariat avec Africa Aquatic Conservation Fund, a séjourné à Benty dans la préfecture de Forécariah.
Cette visite s’inscrivait dans le cadre de la sensibilisation des citoyens, sur la nécessité de la préservation des mangroves afin de protéger les espèces aquatiques, à l’occurrence les Lamantins.
Après une opération d’inspection dans les corridors de mangroves dévastés par la communauté, le président du REGUIZOH, Cécé Noël Kpoghomou, a déploré et condamné la destruction de la zone côtière qu’il considère comme une menace pour les espèces aquatiques.
« Comme vous le savez, il ya une destruction massive des mangroves en Guinée. A l’indépendance, on avait jusqu’à 350 000 hectares de mangroves. Chaque année, il y a plus de 450 hectares qui sont détruits. Aujourd’hui, nous sommes venus pour faire voir à la population guinéenne à travers les médias l’ampleur de la destruction des mangroves en Guinée ».
Depuis plusieurs années, le Réseau Guinéen des Zones Humides et ses partenaires œuvrent dans le cadre de la protection des habitats des Lamantins. Mais très malheureusement, cette espèce est menacée par la destruction de leur habitat, ce qui réduit considérablement leur espace vital.
« L’impact de la destruction des mangroves sur les Lamantins est énorme. D’abord, c’est son habitat naturel. C’est comme si par exemple on brûle la maison d’un homme et finalement il n’a plus où vivre. Donc les mangroves sont les habitats naturels et c’est là que le Lamantin vit. Il se nourrit de ces mangroves et il demande à la mer une protection. Donc la destruction des mangroves a un impact très sérieux sur la vie des lamantins. Il faut mener une sensibilisation et proposer aux communautés des solutions de reconversion », a ajoute Cécé Noël Kpoghomou, Spécialiste sur la question de conservation et de protection des mangroves.
La plupart des citoyens ne sont pas informés de la présence des Lamantins dans leurs localités encore moins de sa vulnérabilité. Etant une ressource à valoriser, la mangrove joue un rôle crucial en terme séquestration de carbone dans leurs milieux naturels. Ousmane Camara, biologiste de pêche, Master en Sciences de l’environnement explique:
« Le Lamantin est une espèce qui a une anatomie morphologique, il peut peser entre 400 et 750 kg selon nos sources. C’est une espèce qui allaite comme nous les humains pendant deux ans, voire trois (3) ans. La femelle mène sa vie pendant cinq (5) ans pour lui permettre de faire grandir son petit avant de se séparer. Sa femelle ressemble typiquement à la femelle de l’homme. L’unique différence c’est par rapport au squelette, la clavicule que nous avons n’existe pas chez le Lamantin. Mais tous les autres ossements existent chez l’animal. Il a deux (2) palettes natatoires qui lui permettent de tenir. Son poids ne lui permet pas de vivre à plus de cinq (5) mètres de profondeur. C’est pour lui permettre de mettre sa queue au fond pour avoir une respiration, parce que c’est un animal pulmoné, il respire avec l’oxygène que nous respirons. Il refait surface, il respire l’oxygène et après il redescend. Il se nourrit des feuilles de mangroves, des jeunes racines de palétuviers, des herbes le long des côtes. Parallèlement à ça, leur peau est souvent garnie de petites algues qui sont aussi utilisées par les poissons comme nourriture. En plus de ses ficesses utilisées comme nourriture, sa peau contribue aussi à enrichir le milieu pour booster ce qu’on appelle la productivité naturelle de l’habitat pour donner la naissance à une alimentation riche d’un milieu pour les poissons ».
Par ailleurs, treize (13) jeunes guinéens ont bénéficié d’une bourse d’étude sur la conservation des Lamantins. Parmi eux, Kolanga Camara, biologiste et Maîtrise en botanique. D’après lui dans ses recherches, les Lamantins sont beaucoup plus connus au niveau du littoral qu’à l’intérieur du pays où ils vivent particulièrement dans les eaux douches. Précisant que la construction des barrages hydroélectriques dans certaines zones impacte négativement l’espèce.
» A travers notre bourse, on a eu à monter des projets par rapport à la conservation des Lamantins. Lors de ce programme, nous avons compris que la construction des barrages à l’intérieur du pays impacte les Lamantins et les empêche à se déplacer dans leur mouvement. Parfois quand ils sont dispersés, et qu’une population se trouve de l’autre côté, ça peut les séparer et créer de l’isolement. Donc aujourd’hui, nous voulons valoriser et faire comprendre à la population que Lamantin est une espèce à protéger. C’est pourquoi nous qui avons bénéficié cette bourse, nous voulons mettre en place des structures pour faire comprendre à la population que cette espèce ne fait pas du mal aux gens, il faut la protéger ».
Il faut rappeler que contrairement à la Guinée, les Lamantins sont une source de revenus dans certains pays, contribuant à l’économie locale à travers l’écotourisme. C’est pourquoi leur protection une aubaine dans le cadre de la promotion du tourisme et donc du développement durable de notre pays.
Sylla Youn, pour guineeminesnature.com
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