Mesdames et Messieurs les membres du Gouvernement ;

Monsieur le Gouverneur de la Banque Centrale de la République de Guinée ;

Monsieur le Directeur Exécutif Adjoint de l’AFI ;

Mesdames et Messieurs les membres du corps diplomatiques et représentants des institutions internationales et partenaires de la BCRG ;

Mesdames et Messieurs les représentants des Banques Centrales ;

Mesdames et Messieurs les Directeurs et représentants des Institutions financières ;

Distingués invités ;

Mesdames, Messieurs.

C’est pour moi un grand plaisir d’être parmi vous ce matin pour le lancement de la deuxième édition de la Table Ronde sur l’inclusion financière, sous l’égide de la Banque Centrale de la République de Guinée.

Permettez-moi tout d’abord, au nom du Président de la République, le Professeur Alpha CONDÉ, de souhaiter une cordiale bienvenue aux participants, venus des pays frères et amis, pour nous enrichir de leurs expériences et nous marquer la solidarité et la disponibilité de leurs institutions respectives.

Le thème choisi pour cette édition, « Inclusion Financière et Entreprenariat des Femmes et des Jeunes » est particulièrement cher à Monsieur le Président de la République, qui, comme vous le savez, a non seulement dédié son mandat aux femmes et aux jeunes, mais a aussi placé la problématique de l’inclusion économique et sociale parmi les préoccupations centrales du Gouvernement que j’ai l’honneur de diriger.

La problématique de l’inclusion financière est un enjeu économique majeur pour les économies en développement comme celle de la Guinée. À l’heure actuelle, environ deux (2) milliards de personnes dans le monde n’ont pas accès aux services et instruments financiers de base. La plupart sont pauvres et une grande proportion est africaine.

En Guinée, selon des données disponibles, sur une population adulte estimée à 6,4 millions d’individus, le nombre de personnes titulaires d’un compte dans une institution financière était d’environ 10% en 2014. Avec la forte pénétration de la téléphonie mobile et le progrès subséquent de la monnaie électronique, ce taux est passé à 23,5% (soit 1,5 millions de personnes) en 2017.

Toutefois, malgré cette évolution, il reste encore des marges importantes de progression en comparaison, par exemple, avec des pays comme le Rwanda, le Kenya et le Sénégal, où au moins 42% de la population adulte détient au moins un compte.

Mesdames, Messieurs,

Distingués invités,

Pour réduire l’extrême pauvreté et l’exclusion sociale qu’elle induit, il est essentiel de mettre en place des politiques publiques spécifiques pour maintenir ou relancer une croissance forte, durable et inclusive.

L’inclusion financière est une dimension essentielle de cette action. Des études empiriques démontrent l’importance de l’inclusion financière comme vecteur de croissance économique.

En effet, l’accès aux services financiers ouvre des perspectives de consommation, d’épargne et d’investissement aux ménages, en leur permettant d’adapter leur consommation et d’investir dans l’éducation et la santé pour améliorer leurs conditions de vie.

L’accès au crédit permet également aux entreprises de se développer, en créant des emplois et en réduisant les inégalités.

Toutefois, pour que l’inclusion financière puisse avoir un impact économique significatif, il est indispensable que les services soient situés au plus près des populations, en leur offrant des infrastructures de collecte des dépôts, de traitement des paiements, du micro-financement, des prêts hypothécaires, ou encore des produits d’assurance. Il s’agit là, en d’autres termes, de toute la gamme de services et d’instruments financiers, qui alimentent la consommation et l’investissement, stimulent la croissance, créent des emplois. Et améliorent en définitive le bien-être des populations.

Les banques centrales ont, bien entendu, un rôle prépondérant à jouer, pour réguler les interventions et garantir la stabilité financière globale.

Il appartient aux pouvoirs publics de prendre les mesures qui s’imposent pour assurer le développement du secteur financier en général, favoriser l’inclusion financière en particulier.

C’est dans ce cadre que le Gouvernement guinéen a engagé, avec l’aide de ses partenaires, des actions visant à impulser une dynamique de croissance inclusive, à travers un meilleur partage de la prospérité économique.

Comme vous le savez, sur la période récente, la Guinée s’est collectivement enrichie, si l’on considère l’évolution du Produit intérieur brut (PIB), qui a quasiment doublé sur la dernière décennie. Les indicateurs macroéconomiques sont stables, le secteur minier est relancé et l’attractivité économique de la Guinée se renforce.

Mais ces performances économiques restent peu perceptibles en termes d’inclusion économique, financière et sociale. Au moins 60% des guinéens vivent dans la pauvreté, c’est-à-dire avec moins de 1,90 dollars par jour. Dans les zones rurales, la pauvreté touche 65% des populations. Environ 30% des guinéens vivent dans l’extrême pauvreté, c’est-à-dire avec moins de 1,25 dollars par jour. L’inclusion financière, quant à elle, est, comme je l’indiquais tout à l’heure, à un niveau très en dessous de 42%, qui est la moyenne des pays les plus performants sur le continent.

Mesdames, Messieurs,

Chers invités,

C’est précisément pour corriger ce déficit d’inclusion de la croissance économique guinéenne, que l’Agence Nationale d’Inclusion Économique et Sociale (ANIES) et l’Agence Nationale de Financement des Collectivités (ANAFIC) ont été créées.

Ces initiatives permettent un transfert de ressources vers les populations vulnérables et les collectivités locales, et à impulser une dynamique d’inclusion et de développement par la base.

Des initiatives spécifiques telles que les Mutuelles des Femmes Africaines (MUFFA), soutenues par Monsieur le Président de la République, permettent de réduire l’asymétrie d’accès au financement en faveur des femmes. Sur un autre registre, avec la politique du contenu local instaurée dans les contrats miniers, l’entreprenariat jeune est encouragé, et l’emploi local, favorisé.

Plus particulièrement, l’Agence nationale d’inclusion économique et sociale (ANIES) a pour mandat de développer l’inclusion économique, sociale et financière, à travers des politiques d’inclusion classiques telles que les transferts monétaires aux plus pauvres, mais également des politiques d’inclusion productive dans les domaines de l’énergie, de l’agriculture et de l’entreprenariat des femmes et des jeunes. L’inclusion financière sera la colonne vertébrale de l’action de l’ANIES, puisque toutes les transactions financières devront s’effectuer à travers des instruments et services financiers classiques.

L’identification des personnes constitue un préalable à cette action. C’est pourquoi l’ANIES a lancé la semaine dernière, en partenariat avec l’Institut national de la statistique (INS) et la Banque mondiale, la collecte des données économiques et sociales des personnes en situation de pauvreté et de vulnérabilité en Guinée. Cette collecte des données économiques et sociales sera suivie de l’identification biométrique des personnes pauvres, avec l’appui de l’entreprise IDEMIA, un des leaders mondiaux dans le domaine de la biométrie.

Le programme d’identification unique pour l’intégration régionale et l’intégration en Afrique de l’Ouest (WURI), qui est en cours de déploiement avec la Banque mondiale, poursuivra ce processus d’identification et l’étendra à l’ensemble de la population guinéenne.

Ce sont là quelques initiatives qui permettront à coup sûr de promouvoir l’inclusion économique et financière de nos populations en stimulant l’activité et l’emploi, notamment celui des femmes et des jeunes.

L’inclusion financière ainsi comprise concerne, en plus de l’État, d’autres acteurs, en particulier le secteur privé et la société civile. Les défis sont énormes. Pour réduire la fracture entre les zones urbaines et rurales et entre les hommes et les femmes, il est nécessaire que toutes les parties prenantes, y compris les entreprises, les régulateurs et le législateur, conjuguent leurs efforts dans le cadre du combat contre la pauvreté, la précarité et l’exclusion.

Mesdames, Messieurs,

Distingués invités,

Je vous invite donc, à l’issue de ces travaux, à cerner les défis et les obstacles qu’il faut surmonter, en vue de formuler des recommandations pertinentes quant aux stratégies d’inclusion économique et sociale, assorties de conseils spécifiques en matière de promotion de l’emploi des jeunes et des femmes.

C’est sur cette note d’espoir que je déclare ouverte, cette deuxième édition du Dialogue de haut niveau sur l’inclusion financière en Guinée et en Afrique.

Je vous remercie.

Transmis par la Cellule de Communication du Gouvernement