La préfecture de Boké est située à environ 300 Km de la capitale Conakry. Elle compte plus de 1 083 147 habitants ( 2019) et la 5ème région la plus peuplée de la Guinée, avec un poids démographique d’environ 10,3 ( stats. 2019).
En 2019, la region de Boké a été déclarée par le régime d’Alpha Condé comme la Zone Economique Spéciale ( ZES), un choix qui se justifie par l’étendue des ressources minières de la région et sa forte attractivité pour les investisseurs internationaux.
De nos jours, pluseurs compagnies minières opèrent dans cette région, nous pouvons citer entre autres la Compagnie des bauxites de Guinée (CBG, détenu à 49% par l’État guinéen et à 51% par Halco Mining Inc, un consortium formé par l’Américain Alcoa, l’Anglo-Australien Rio Tinto-Alcan et Dadco Investments) et le Russe Rusal. Ensuite, la Société minière de Boké (SMB, consortium formé par l’armateur singapourien Winning Shipping, le producteur chinois d’aluminium Shandong Weiqiao, le groupe Yantaï Port), pour ne citer que ces deux.
Depuis l’implantation de ces sociétés, la région minière de Boké fait face à un grave problème de dégradation des terres. Cette situation résulte de l’exploitation minière intensive qui a un impact dévastateur sur l’environnement, la biodiversité et les moyens de subsistance des communautés locales.
L’exploitation de la bauxite, utilisée dans la production d’aluminium, a entraîné la déforestation massive de vastes étendues de terres à Boké. Les opérations minières impliquent la déforestation pour accéder aux gisements de bauxite, ce qui entraîne la perte d’habitats naturels, la fragmentation des écosystèmes et la disparition de la biodiversité locale.
En plus de la déforestation, l’exploitation minière génère d’importantes quantités de déchets et de résidus toxiques qui contaminent les sols et les cours d’eau environnants. Les produits chimiques utilisés dans le processus d’extraction de la bauxite entraînent également une pollution sévère de l’environnement, affectant la qualité de l’air, de l’eau et des sols, ainsi que la santé des populations locales.
La dégradation des terres dans la zone minière de Boké a un impact direct sur les communautés locales qui dépendent des ressources naturelles pour leur subsistance. Les terres agricoles sont souvent expropriées pour faire place aux activités minières, privant les populations locales de leurs moyens de subsistance traditionnels et compromettant leur sécurité alimentaire.
En outre, la dégradation des terres à Boké accentue les risques de désertification, d’érosion des sols et de perte de fertilité, menaçant la durabilité des écosystèmes et la capacité des terres à soutenir la vie végétale et animale.
Face à cette situation préoccupante, des mesures de protection de l’environnement et de restauration des terres doivent être mises en œuvre de manière urgente dans la région minière de Boké. Il est impératif que les autorités guinéennes, les entreprises minières et la communauté internationale collaborent pour prévenir davantage de dégradations des terres et pour réhabiliter les zones déjà affectées.
Des pratiques minières plus durables et respectueuses de l’environnement doivent être promues, telles que la réhabilitation des sites miniers, la protection des zones forestières critiques, la gestion responsable des déchets et la consultation des communautés locales dans le processus décisionnel.
La sensibilisation des populations locales sur les enjeux liés à la dégradation des terres, ainsi que sur les pratiques agricoles durables et la diversification des moyens de subsistance, est également essentielle pour favoriser une gestion plus équilibrée des ressources naturelles à Boké.
Aussi, des efforts de surveillance et d’évaluation de l’impact environnemental des activités minières doivent être renforcés pour garantir le respect des normes environnementales et la préservation des écosystèmes fragiles de la région.
La dégradation des terres dans la zone minière de Boké est une réalité, devenue un défi majeur qui nécessite une réponse concertée et coordonnée de la part de tous les acteurs concernés. En adoptant des pratiques plus durables et en investissant dans la restauration des terres dégradées, il est possible de préserver l’environnement, de soutenir les communautés locales et de garantir un avenir plus viable pour la région de Boké et ses habitants.
Younoussa Sylla
Chargé des questions minières, environnementales et agricoles, pour guineeminesnature.com
Tel: 624 36 64 35