« Tirant, de façon constructive, des enseignements de ses réussites antérieures, la Banque africaine de développement ausculte l’expérience acquise et les erreurs commises, comme des composantes et des outils essentiels pour promouvoir la reddition de comptes dans le domaine du développement, et comme un élément crucial pour renforcer l’impact sur le développement. »
Abidjan, Côte d’Ivoire, le 7 septembre 2018 –Le département de l’Évaluation indépendante du développement (IDEV) de la Banque africaine de développement a donné le coup d’envoi de la nouvelle édition de sa Semaine de l’évaluation du développement, le 6 septembre 2018 à Abidjan, en Côte d’Ivoire, en présence de quelque 400 participants – responsables politiques et décideurs gouvernementaux, représentants des partenaires au développement, ainsi que des membres d’instituts de recherche, d’organismes universitaires, d’associations d’évaluation et de la société civile. Des représentants des pays actionnaires de la Banque, certains de ses dirigeants et des membres du personnel étaient également présents à cet événement prévu sur trois jours.
La Semaine de l’évaluation 2018 se penche sur ce que peut apporter l’évaluation pour obtenir un plus grand impact sur le développement en Afrique en tirant les leçons du passé. L’événement s’est ouvert le 6 septembre sur un Café des connaissances, axé sur l’évaluation au service d’un plus grand impact des opérations de la Banque, un atelier de perfectionnement professionnel sur le genre et à l’évaluation, et un débat sur les critères d’évaluation du Comité d’aide au développement de l’OCDE.
Les évaluations d’IDEV et ses activités de connaissances jouent un rôle décisif dans la direction stratégique à donner pour accomplir au mieux les cinq grandes priorités de la Banque – ses High 5 –, qui viennent compléter les objectifs ambitieux de l’Agenda 2063, visant à combler le déficit en infrastructures sur le continent et à encourager les projets de développement à même de sortir les générations futures de la pauvreté. Elles offrent ainsi aux décideurs et aux responsables des connaissances basées sur des données probantes, des plus utiles pour définir les politiques, les stratégies et les cadres propices à une prospérité économique et sociale partagée.
De nombreux pays africains en voie de transformation ne parviennent pas à obtenir ou établir des résultats, des indicateurs et des objectifs qui soient à la fois mesurables, pertinents et efficaces. Des outils de suivi et d’évaluation performants leur permettent justement de tirer les leçons des succès et des échecs du passé, et de mieux conduire la transformation de leur pays.
« Tirant, de façon constructive, des enseignements de ses réussites antérieures, la Banque africaine de développement ausculte l’expérience acquise et les erreurs commises, comme des composantes et des outils essentiels pour promouvoir la reddition de comptes dans le domaine du développement, et comme un élément crucial pour renforcer l’impact sur le développement », a déclaré le vice-président de la Banque chargé du secteur privé, des infrastructures et de l’industrialisation Pierre Guislain, dans l’allocution de bienvenue qu’il a prononcée au nom du président Akinwumi Adesina, à l’ouverture de l’événement.
« La force de la Banque réside dans sa capacité à assister les pays dans la mise en place d’un cadre propice à l’évaluation », a déclaré Mme Nkosazana Dlamini-Zuma, ministre de la Planification, du suivi et de l’évaluation en Afrique du Sud, dans un discours liminaire. « Nous avons besoin des efforts conjoints des évaluateurs et de ceux chargés de la mise en œuvre pour réaliser l’Agenda 2063 », a-t-elle ajouté. « L’Afrique en est capable. Nous le ferons et nous devons réussir à créer l’Afrique que nous voulons. »
Entre autres défis d’ampleur concernant le développement de l’Afrique au programme de la Semaine de l’évaluation organisée par IDEV, figurent notamment le rôle des partenariats public-privé (PPP) dans le développement des infrastructures et les chaînes de valeur agricoles qui favorisent l’inclusion. Quelles leçons tirer des évaluations menées ? Comment les mettre en pratique, notamment dans ces secteurs décisifs, pour éradiquer la pauvreté ?
IDEV a procédé à des évaluations groupées de projets et une évaluation thématique de neuf projets de la Banque sur les chaînes de valeur agricoles – qui ont mobilisé environ 4,3 milliards de dollars américains entre 2005 et 2016 –, examinant ainsi leur pertinence, leur inclusivité, leur efficacité et leur durabilité. Qu’est-ce qui a fonctionné ou n’a pas fonctionné et pourquoi ? Les résultats desdites évaluations sont édifiants. L’agriculture est au cœur de l’initiative de la Banque pour Nourrir l’Afrique. Aussi est-il important de créer des systèmes agricoles durables, qui relient les agriculteurs aux économies émergentes tout en favorisant l’inclusion financière.
Selon les rapports d’évaluation, les projets de développement de chaînes de valeur agricoles se sont avérés des plus pertinents pour les pays membres, les stratégies de la Banque et les populations cibles. Toutefois, y est-il relevé, dans de nombreux cas, la conception des projets et les approches adoptées n’ont pas fait l’objet d’analyses suffisamment approfondies. D’autres difficultés ont été constatées en matière d’inclusivité, outre une prise en compte insuffisante de la chaîne de valeur dans son ensemble.
S’agissant des PPP, un moteur de la croissance économique pour industrialiser l’Afrique – l’une des cinq grandes priorités de la Banque –, d’autres enseignements ont été mis en lumière grâce aux évaluations menées, comme l’insuffisance des cadres juridiques et réglementaires pour le secteur privé, qui peine à se développer faute d’accès suffisant aux financements à moyen et long terme, et l’importance d’établir des relations de confiance entre les secteurs public et privé. Parmi les avantages qu’offrent les PPP, figurent toutefois des possibilités de financement en général plus souples dans le secteur de l’agro-industrie, plus de valeur et l’exportation de produits semi-transformés ou transformés – entre autres.
Là encore, les évaluations d’IDEV, à l’instar de l’Évaluation de l’utilisation par la Banque du mécanisme de partenariat public-privé (2006-2016)[CO1] en cours, offrent de précieuses recommandations pour l’avenir.
Autre point souligné par la Semaine de l’évaluation 2018, le besoin de créer des partenariats solides entre les gouvernements, la société civile, les organismes d’évaluation, les universités et les partenaires au développement, afin de bâtir une vraie culture de l’évaluation du développement, mais aussi de renforcer les capacités en matière d’évaluation dans les pays africains. En augmentant tant l’offre que la demande d’évaluation, on espère que celle-ci sera de plus en plus utilisée dans la prise de décision et les politiques.
Mettre à profit les évaluations établies sur des données probantes et les enseignements tirés permet d’éviter de reproduire les erreurs du passé dans les projets en cours et à venir, et offre aux décideurs politiques et aux chargés de la mise en œuvre les informations requises pour apporter des changements ou s’engager sur une nouvelle voie, en vue de garantir des résultats efficaces.
Les résultats seront mesurés à l’aune de la réalisation de l’Agenda 2063, dont l’ensemble du continent espère le succès.