Selon un rapport réalisé par une centaine de chercheurs bénévoles de 45 pays pour le compte de la Plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES), 40% de l’humanité est touchée par la dégradation des sols, un seuil critique. Cette étude, dévoilée lundi 26 mars, est une première mondiale.
90% de la planète affectée à l’horizon 2050
Le bien-être d’au moins 3,2 milliards de personnes se trouve affecté par ce phénomène, car les sols ne remplissent plus leur rôle de filtration de l’eau, de stockage du carbone ou encore de fertilisants. En cause : les activités humaines, comme la déforestation, l’agriculture, l’exploitation minière ou encore l’urbanisation qui détériorent nos sols. Seul un quart de la planète n’est pas concerné, mais d’après les scientifiques, ce chiffre tombera à 10% en 2050.
Les zones humides ont été le plus détruites. En 300 ans, 87% d’entre elles ont disparu, 54% depuis 1900. Conséquence : les plantes, les animaux et les insectes perdent leurs habitats, ce qui conduit à la sixième extinction de masse des espèces depuis la disparition des dinosaures il y a 66 millions d’années. Et les projections ne sont guère enthousiasmantes.
Des actions possibles avant qu’il ne soit trop tard
Si aujourd’hui près de trois milliards d’habitants vivent dans des zones de sécheresse, ils seront quatre milliards en 2050. La dégradation des sols va s’accentuer à l’avenir en Amérique centrale et du sud, ainsi qu’en Afrique subsaharienne et en Asie. Associé au changement climatique, cela fera diminuer de 10% nos rendements agricoles. L’inaction coûtera trois fois plus cher en Afrique et en Asie que la restauration des sols.
Il existe, heureusement, des moyens de préserver les sols, voire de les remettre en état. Le rapport préconise ainsi des politiques nationales et internationales conjointes : reforester, végétaliser les villes, mieux gérer les pâturages et les zones humides. En dégradant les sols, nous avons aggravé le réchauffement de la planète, en rejetant dans l’atmosphère 4,4 milliards de tonnes de CO2 entre 2000 et 2009, alertent les experts. En restaurant les sols, nous pourrions réduire les émissions d’un tiers d’ici 2030, permettant de respecter l’accord de paris pour contenir le réchauffement à 2 degrés.