La première bio-raffinerie d’algues en France vient d’être inaugurée à Plouénan (29) pour produire des compléments agro-alimentaires. Mais en consommant des algues vertes abondantes et disponibles localement, la nouvelle filière industrielle pourrait bien légitimer la pollution aux nitrates.
« Les algues créent de l’emploi », « Bretagne, ton économie bleue est là ». Tels sont les slogans lancés à l’occasion de l’inauguration de la bio-raffinerie de Plouénan dans le Finistère. L’usine qui vise à extraire les principes actifs des algues comme les protéines et sucres pour produire des compléments alimentaires, voire des produits phytosanitaires biosourcés, s’inscrit en effet dans un projet industriel nommé Ulvans. Mené par quatre partenaires industriels (PRP Technologies, Melspring, Agrival, Amadéite) appuyés de deux centres de recherches (UBS et CNRS de Mulhouse), le programme a bénéficié d’une aide de 10,7 millions d’euros de la banque public d’investissement (BPI) sur un investissement total de 25 millions d’euros. A terme, 60.000 tonnes d’algues devraient être traitées chaque année tandis que 300 à 500 emplois devraient être créés d’ici 2020.
Ombre verte au tableau
Deux machines ont été mises au point pour récolter les algues en mer ou sur le rivage. Si toutes les algues sont valorisables, (rouges, vertes et brunes) ce sont bien les algues vertes qui constituent la principale matière première de cette « économie bleue ». Dès lors se pose la question du développement durable de cette nouvelle filière cofinancée par les pouvoirs publics. En donnant un débouché industriel aux algues vertes, tandis que la réglementation s’assouplit sur les élevages, le projet Ulvans risque bien de conforter l’immobilisme en matière de lutte contre la pollution aux nitrates en Bretagne.