Les pays vulnérables aux famines en Asie du Sud et en Afrique sub-saharienne pourraient être fragilisés par les mécanismes d’atténuation des gaz à effet de serre prévus par l’Accord de Paris, souligne une étude.

Dans un article paru dans Nature Climate Change le 3 août, une équipe de scientifiques conduite par Tomoko Hasegawa, de l’Institut national pour les études environnementales du Japon, montre que les politiques d’atténuation du changement climatique sont susceptibles de renforcer l’insécurité alimentaire en Afrique sub-Saharienne et en Asie du Sud, régions où 12 à 16 millions de personnes supplémentaires seront exposées à la malnutrition à l’horizon 2050.

L’objectif d’atténuation des émissions de gaz à effet de serre (GES) fixé par l’Accord de Paris devrait réduire les impacts négatifs du changement climatique sur l’agriculture et la production alimentaire. Son revers est de stimuler à grande échelle l’expansion des plantations de biocarburants et le boisement de puits de carbone. Ces stratégies concurrenceraient les besoins en terres et en eau douce pour la production alimentaire, avec pour conséquence un risque accru d’insécurité alimentaire, soulignent les auteurs de l’étude.

Dans tous les modèles, la hausse des prix du carbone entraîne une augmentation des coûts de production et des prix des denrées alimentaires. Par ailleurs, la taxation des émissions associées au changement d’affectation des terres entraîne la hausse du prix des terres agricoles. Enfin, la taxe carbone induit une hausse globale de la demande de biocarburants, ce qui augmente encore la demande de terres et conforte la hausse des loyers fonciers.

Financer une agriculture résiliente

Il en résulte que l’augmentation des prix des denrées alimentaires diminue la consommation alimentaire ou oriente la demande vers des aliments moins coûteux, avec des implications sur la prévalence de la faim.

Cette étude souligne la nécessité d’une conception minutieuse des politiques d’atténuation dans les prochaines décennies, par exemple, des programmes ciblés encourageant une agriculture plus productive et résiliente dans ses systèmes de production. Des programmes de sécurité alimentaire devront compenser ou contrer les impacts de l’atténuation du changement climatique sur les régions vulnérables. Le produit des taxes sur le carbone apporterait une nouvelle source de financements qui pourraient être utilisés au profit de programmes d’aide alimentaire dans les pays à faible revenu.

Les auteurs notent que les systèmes de production dans les régions exposées à l’insécurité alimentaire sont souvent moins efficaces en termes d’émissions de gaz à effet de serre et de gestion des ressources que ceux des pays développés. Par exemple, le monde en développement contribue à 75% des émissions mondiales de GES des ruminants alors qu’il ne fournit que la moitié du lait et du bœuf.

Le transfert de techniques de production économes en ressources aux régions vulnérables, y compris celles qui permettent d’économiser des terres et des émissions, pourrait contribuer à l’atténuation des changements climatiques et au développement économique.

Lu sur actu-environnement.com

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