Depuis la prise du pouvoir par le CNRD à la suite du coup d’État militaire du 5 septembre 2021, les libertés individuelles en Guinée ont été gravement compromises. Bien que les forces vives du pays, composées de partis politiques et d’ONG de défense des droits humains, tentent de résister à l’instauration d’une dictature militaire, leurs efforts restent souvent vains.
Les droits des femmes, des jeunes, ainsi que la liberté d’expression sont sévèrement restreints. Cette situation pousse de nombreux jeunes guinéens à fuir le pays pour échapper à la répression, comme c’est le cas d’Alpha Oumar Diallo, un jeune leader engagé et militant au sein du parti de l’Union des Forces Démocratiques de Guinée (UFDG). Après avoir été menacé de mort par la police et des milices opposées à l’UFDG, il a été contraint de quitter le pays, et depuis, personne n’a de nouvelles de lui.
Les circonstances de la disparition d’Alpha Oumar Diallo
Les faits remontent au 5 septembre 2023, lors du deuxième anniversaire du coup d’État. À cette occasion, les forces vives ont organisé une grande manifestation à Conakry pour dénoncer la restriction des libertés individuelles et exprimer leur opposition au régime militaire. La répression de cette manifestation a coûté la vie à sept personnes, blessé 32 autres, et conduit à l’arrestation de 56 manifestants.
Un témoin rapporte : « Ce jour-là, j’étais avec Alpha Oumar en marge de la manifestation quand les gendarmes sont arrivés. J’ai crié pour alerter Alpha Oumar et les autres. Nous avons réussi à échapper de justesse à l’arrestation. »
Les jeunes arrêtés ce jour-là ont été soumis à des violences physiques et verbales avant d’être emprisonnés à la prison PM3 de Matam. Grâce à l’intervention d’ONG locales et internationales comme Human Right Watch, ils ont été libérés après quatre jours de détention.
Alpha Oumar Diallo : cible de la répression
Innocent, Alpha Oumar Diallo a été ciblé simplement parce qu’il milite pour le changement en Guinée. Depuis quelque temps, les arrestations arbitraires sont devenues monnaie courante en Guinée, visant en particulier des jeunes leaders politiques. La vie d’Alpha Oumar est devenue sérieusement menacée après que son nom ait été associé à l’organisation de la marche pacifique réprimée par les militaires. En tant que membre actif de l’UFDG et responsable de la mobilisation des jeunes dans la commune de Matoto, il a subi trois descentes des forces de l’ordre à son domicile avant de fuir le pays.
Échapper à la mort à trois reprises
Le 7 septembre, à 2 heures du matin, des militaires ont brutalement attaqué le domicile d’Alpha Oumar, violentant sa famille. Grâce à l’alerte d’un voisin, il a pu échapper à cette attaque. Une semaine plus tard, le 15 septembre 2023, une deuxième descente policière a eu lieu chez lui, mais il n’était pas à son domicile, se cachant après avoir reçu plusieurs menaces de mort. Trois jours après, le 18 septembre 2023, une troisième descente a eu lieu. Cette fois encore, la maison a été saccagée, et plusieurs objets de valeur ont été volés.
Les assaillants ont menacé sa mère, exigeant de savoir où se cachait Alpha Oumar sous peine de représailles. Depuis, Alpha Oumar Diallo est porté disparu, sans aucune nouvelle de lui. Les forces de sécurité continuent de le rechercher sur le territoire guinéen.
Le cas d’Alpha Oumar Diallo n’est pas isolé, d’autres leaders politiques guinéens ont également dû fuir le pays, contraints de vivre en exil loin de leur patrie.
Younoussa Naby Sylla
Tél: (+224) 624 36 64 35
E-mail : syllayoun87@gmail.com