Dans le cadre de la préservation des écosystèmes de mangroves sur les îles Tristao dans la région de Boké, nous avons eu un entretien avec le Directeur Exécutif de la dite institution lors de son séjour en Guinée. Objectif, selon M.Ahmed Sehoury, s’enquérir de l’état d’avancement du projet de  » conservation de la mangrove sur les îles Tristao ».

Plusieurs questions ont été évoquées entre autres les attentes du projet, la responsabilité des acteurs notamment des communautés dans le cadre de la préservation de ces écosystèmes, sans oublier l’importance de la mangrove ou encore les perspectives pour notre pays dans les prochaines années.

Nous vous invitons à lire l’entretien réalisé par notre redaction

Bonjour Monsieur !

Bonjour !

C’est quoi une mangrove ? Et quelle est son importance ?

La mangrove constitue des écosystèmes qui sont importants pour la biodiversité dans la mesure où elle  est constituée d’un refuge pour des espèces importantes. Mais aussi un habitat pour un nombre important de poissons. Elle constitue à cet effet une source de revenu pour les populations qui y vivent.

En plus de cela, la mangrove protège contre les catastrophes naturelles notamment les inondations. Elle contribue également à atténuer les changements climatiques  dans la mesure où elle absorbe du carbone, plus d’ailleurs que les forêts tropicales. A cela s’ajoute de fait qu’elle fournit une source d’énergie pour les populations. Donc c’est pourquoi elle est très importante.

Pourquoi doit-on la protéger ?

On doit la protéger parce qu’elle est importante pour les communautés. Mais elle est aussi vulnérable, elle est menacée.  Elle fait l’objet d’une exploitation effrénée, elle subit l’effet du changement climatique. Donc il y a une dégradation importante qui s’accélère ces derniers temps, et il faut maintenant dans le contexte actuel chercher à la protéger et à réduire l’impact humain sur cet écosystème.

Vous êtes en Guinée dans le cadre d’un projet portant sur la préservation de la mangrove à Tristao. Dites-nous qu’est-ce qui est fait aujourd’hui?

Justement, le projet porte sur la préservation de la mangrove à Tristao qui constitue la première ANP créée en Guinée. Et les personnes qui avaient contribué à la création de cette ANP sont donc honorées de venir contribuer à la mise en œuvre de cet objectif qui est la conservation de l’écosystème. Et ça passe par la conservation de la mangrove. Nous avons donc développé ce projet avec un partenaire qui s’appelle DOB fondation qui vise à restaurer la mangrove, les espaces qui sont dégradés et mettre en place des filières qui permettent aux communautés de tirer profit de ces activités à travers des activités génératrices de revenu qui, par finir, contribuent à lutter contre la pauvreté mais aussi à la conservation de la mangrove.

Qu’est-ce qui est réalisé aujourd’hui, vu que c’est un projet qui s’étend sur trois ou quatre ans si je ne m’abuse?

Nous venons à peine de finir 18 mois de la durée de ce projet, un an et demi sur quatre ans. Malgré le contexte du covid-19, il y a eu des avancées notables, il y a eu déjà la restauration d’environ 280 hectares sur 400 hectares envisagés. Il y a eu un reboisement d’où il y en aura 70 hectares sur 200 hectares prévus sur quatre ans. Nous avons mis en place d’autres activités de restauration de riziculture, de rizière, des groupements de communautés, nous avons fait de la formation pour ces communautés. Nous avons distribué des foyers améliorés et des fours pour réduire la pression sur le bois de la mangrove, parce que nous savons que l’activité de la pêche est développée dans cette île et qu’elle exploite beaucoup de mangroves pour le fumage des poissons et autres. Donc il y a eu d’autres études de base qui étaient réalisées pour comprendre le fonctionnement de  l’écosystème et orienter nos interventions. Il y a eu l’acquisition d’une vedette pour permettre le déplacement et la surveillance surtout de cette ANP, parce que cette ANP a des règles de gestion qui nécessitent une surveillance. Nous avons aussi appuyé la restauration d’une maison qui va servir de maison de la conservation de la mangrove à Tristao.

Est-ce qu’il y a eu d’autres difficultés avec l’association ?

Cette année, il y a eu la Covid-19 qui était la difficulté principale, qui a ralenti les activités, notamment l’activité de suivi, et qui nécessite le développement des communautés, des usagers, les activités qui nécessitent la formation. Mais en même temps le Covid a constitué une opportunité parce qu’il a réduit l’impact sur la ressource, c’est à dire l’exploitation de la ressource elle-même, qu’elles soient les ressources halieutiques ou la mangrove avec le ralentissement des activités économiques. Il a aussi constitué une opportunité à travers la disponibilité de la main d’œuvre, parce que dans de pareil cas la population ne va pas au travail donc elle est disponible pour faire la conservation. Le projet lui-même est réalisé à travers les communautés. Donc ce sont les communautés qui plantent la mangrove. Donc on a besoin de la main d’œuvre et la Covid-19 a constitué à cet effet une opportunité.

Y a-t-il d’autres difficultés ?

D’autres difficultés portent essentiellement sur le fait que Tristao est plus ou moins excentré du reste du pays avec une difficulté d’accès, dans la mesure où il n’y avait pas de moyen de transport entre Kamsar et Tristao. Mais avec la vedette, nous arrivons maintenant à avoir une mobilité des équipes, la mise en place des infrastructures notamment la restauration de la maison de la conservation, le déplacement des matériaux, ça retarde un peu le projet. En dehors de cela, les populations n’ont pas constitué d’obstacle, au contraire elles sont très compréhensives, elles sont même très enthousiastes pour contribuer à la restauration du projet  dans la mesure où elles voient déjà des retombées sur eux-mêmes.

Vous intervenez dans la restauration de la mangrove en Guinée. Quelles sont les perspectives immédiates ?

En Guinée, on travaille presque sur tous les aspects du PRCM dans la mesure où la Guinée est un  pays du PRCM depuis d’ailleurs sa création. Nous avons contribué à la création d’ANP pour le renforcement de capacité. Donc les perspectives c’est d’élargir ce projet sur d’autres sites. Des enseignements tirés de ce projet, c’est de développer des activités similaires. Nous envisageons de développer un grand projet régional qui va couvrir les 12 pays de l’Afrique de l’ouest, et la Guinée fera partie de ce projet, toujours sur la mangrove mais à une échelle aussi plus grande. Nous travaillons aussi avec les autorités du ministère de l’environnement pour promouvoir la réduction des impacts des infrastructures côtières, notamment les ports, les routes sur le littoral à travers un certain nombre d’études d’impact environnemental, des audits environnementaux mais aussi des formations qui étaient réalisées au bénéfice des acteurs. Nous pensons développer dans les prochains mois un projet sur la pêche. La Guinée avait manifesté son intérêt pour accéder à la FITI, c’est-à-dire l’initiative pour la transparence dans la pêche qui a un outil de gouvernance optimale. Nous avons appuyé les autorités à mettre en place les mécanismes appropriés. Nous allons continuer dans le cadre d’un projet aussi national pour appuyer toutes les activités d’amélioration de la gouvernance des pêches. Nous pensons que la Guinée est un pays où la diversité est abondante. Elle est importante mais elle est aussi menacée. Donc il va falloir agir avec les populations, la société civile mais aussi avec le gouvernement.

Décryptage réalisé par Sylla Youn,   

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