New York – M. QU Dongyu, Directeur général de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), a appelé à un financement accru de l’agriculture afin d’assurer la disponibilité et l’accessibilité des denrées alimentaires en situation de crise, notant que les conflits «demeurent le principal facteur responsable de la faim».

«Mon message aujourd’hui est plus pertinent que jamais: l’agriculture est l’une des clés permettant d’assurer une paix et une sécurité durables», a déclaré M. Qu Dongyu, Directeur général de la FAO, lors d’un débat qui s’est tenu au Conseil de sécurité de l’ONU, à New York, sur le thème «Maintien de la paix et de la sécurité internationales – Conflits et sécurité alimentaire».

Selon M. Qu, l’agriculture ne représente que 8 pour cent du financement total des interventions humanitaires en faveur de la sécurité alimentaire, et ce en dépit de l’importance cruciale que revêt ce secteur. Par ailleurs, la guerre en Ukraine pourrait venir augmenter le nombre déjà croissant de personnes menacées par l’insécurité alimentaire dans le monde.

Le Rapport mondial sur les crises alimentaires indique que le nombre de personnes confrontées à une insécurité alimentaire aiguë est passé à près de 193 millions en 2021, soit 40 millions de plus qu’en 2020, et devrait encore augmenter cette année. L’Afghanistan, la Somalie, le Soudan du Sud et le Yémen sont tous confrontés à un risque de famine.

La hausse la plus récente découle de plusieurs facteurs, dont la pandémie de covid-19 et la crise climatique.

Cependant, les conflits restent le principal facteur responsable de la faim dans le monde. Selon M. Qu, le nombre de personnes en situation de crise, dans les pays au sein desquels les conflits ont été le principal moteur de l’insécurité alimentaire aiguë, a connu une hausse de 88 pour cent entre 2018 et 2021, pour atteindre un peu plus de 139 millions de personnes.

La guerre qui oppose la Russie et l’Ukraine, deux des principaux fournisseurs mondiaux de blé et d’huile de tournesol, a perturbé les exportations et la logistique et a sérieusement compromis la disponibilité des denrées alimentaires. En outre, l’augmentation des prix de l’énergie et des engrais met en péril la prochaine récolte mondiale. Selon les scénarios les plus récents élaborés par la FAO, le conflit pourrait entraîner une augmentation de la sous‑alimentation chronique et toucher 18,8 millions de personnes supplémentaires d’ici 2023.

Rôle de la FAO

En 2021, la FAO a apporté une assistance agricole d’urgence et a mis en place des programmes de renforcement de la résilience au bénéfice de plus de 30 millions de personnes à travers le monde. En Afghanistan, par exemple, la FAO a remis à 3 millions de personnes des lots destinés à la culture du blé, d’un coût unitaire de 160 dollars seulement, qui permettent de couvrir les besoins en céréales de base d’une famille de sept personnes pendant une année entière. En Éthiopie, malgré des difficultés d’accès, les semences et le matériel de plantation fournis par la FAO et les partenaires du Groupe agriculture ont permis aux agriculteurs locaux de produire 900 000 tonnes de nourriture – soit cinq fois plus que les approvisionnements alimentaires à caractère humanitaire et commercial qui sont arrivés dans la région.

Néanmoins, de grandes difficultés subsistent.

M. Qu a souligné combien il était important, afin d’éviter l’accélération des tendances à l’insécurité alimentaire aiguë au cours des mois et des années à venir, d’accroître la production alimentaire au niveau national en fournissant une aide en espèces et des intrants indispensables à la production de céréales et de légumes, et de protéger le bétail en dispensant des traitements, des vaccins, de la nourriture et de l’eau.

«Il convient de renforcer les chaînes d’approvisionnement et les chaînes de valeur agroalimentaires à l’appui des petits exploitants et des ménages, en faisant appel à la participation des secteurs public et privé», a-t-il déclaré.

M. Qu a également appelé la communauté mondiale à consacrer de nouvelles ressources au maintien de la production agricole dans des contextes difficiles, ainsi qu’à investir davantage dans l’innovation et les nouvelles technologies, en particulier dans la gestion de l’eau et dans des systèmes d’information sur les marchés qui soient plus transparents.

«Les Membres doivent faciliter de toute urgence la transition vers des systèmes agroalimentaires plus efficaces, plus inclusifs, plus résilients et plus durables, qui permettent d’apporter des améliorations en matière de production, de nutrition, d’environnement et de conditions de vie, en ne laissant personne de côté», a affirmé M. Qu.

La réunion tenue à New York était présidée par M. Antony Blinken, Secrétaire d’État des États-Unis d’Amérique (les États-Unis d’Amérique assurent actuellement la présidence tournante du Conseil de sécurité). Y ont également participé M. Antonio Guterres, Secrétaire général de l’ONU, et M. David Beasley, Directeur exécutif du Programme alimentaire mondial.

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