Dans le cadre de la sensibilisation des citoyens face aux enjeux du réchauffement climatique, notre rédaction a rencontré Ahmed Sékou Traoré, Directeur pays du Mérite International de la Jeunesse Guinée. Notre entretien s’est porté sur des mesures à prendre en vue de la préservation de l’environnement en Guinée et partout ailleurs. Au terme de l’interview, notre interlocuteur a fait quelques propositions de solution pour limiter le réchauffement climatique à l’objectif +1,5°C. On vous propose ci-dessous, l’intégralité de l’entretien.

Bonjour Monsieur Traoré !

Bonjour !

Quelle analyse faites-vous des menaces qui pèsent aujourd’hui sur l’environnement ?

Vous savez, la Guinée est en avance sur plusieurs pays. Le Président Ahmed Sékou Touré, paix à son âme, avait fait voter la Loi Fria. Cette loi consistait à planter des arbres dans chaque cérémonie de réjouissance : mariage, baptême, etc. Cela nous permettait d’avoir une couverture verdoyante. Après son époque, nous autres on n’a pas compris cette politique ; mais les Nations Unies en ont pris en compte dans les huit (8) objectifs du millénaire. C’est pour dire que plusieurs années avant, la Guinée avait déjà raison de prendre les dispositions par rapport à la préservation de l’environnement à travers la Loi Fria.

Quelles sont, selon vous, les dispositions à prendre actuellement afin d’atténuer les risques du changement climatique ?

Le premier point doit être inscrit à l’ordre de l’enseignement national. C’est-à-dire à partir de la base. Les enfants à l’école doivent savoir beaucoup sur l’environnement ; parce que l’environnement est une partie de nous. Savoir comment traiter l’environnement, savoir que les arbres que nous avons autour de nous vivent comme nous, et ils ont besoin d’être entretenus. Leur entretien permettra de donner plus de vie saine et propre à nos communautés, et à toute la planète. Donc il faut commencer à la base avec les enfants à l’école, dans un programme de formation sur l’éducation civique et citoyenne sur l’environnement. D’ailleurs la Guinée est très heureuse que même dans notre tricolore, la troisième couleur qui est verte parle de l’environnement. Donc ça doit être une formation idéologique pour permettre de préparer le mental des enfants ; ce qui aidera beaucoup à contribuer à une préparation psychologique.

Selon vous, quel rôle que l’Etat guinéen doit-il jouer pour préserver l’environnement?

D’abord, il faut féliciter notre Etat pour cet effort qui vient d’être fait ; parce qu’il y a eu cette année une campagne nationale de reboisement où plusieurs ONG ont bénéficié des fonds. Il reste à savoir si toutes ces ONG ont été des bons citoyens pour appliquer ce qui a été convenu dans les accords. Les accords avec le ministère c’était de replanter les arbres. Et cela doit continuer pour que les ONG qui sont les acteurs de développement puissent continuer à travailler dans le reboisement. Mais ça ne doit pas se limiter qu’à cela. Vous savez en matière de développement communautaire, le fondamental est comment appeler les citoyens à s’approprier du développement de leur communauté, à en faire un souci. Donc la concertation autour des enjeux du développement à la base inclut l’environnement. Donc eux-mêmes doivent discuter que les localités ne se limitent pas seulement à prendre l’argent et bouffer. Mais c’est de créer ce qu’on appelle les ‘’Forêts Communautaires’’. Et si on mange l’argent et ne pas consacrer une partie de cet argent qu’on nous donne en rétrocession, ça devient compliquer. Donc les collectivités doivent savoir que dans la rétrocession une partie doit être consacrée à la création de l’espace vert, des forêts communautaires. Nous devons même être acteurs à résoudre nos problèmes, et surtout s’impliquer dans l’action communautaire qui exige des concertations, et situer des problèmes de façon prioritaire afin que les communautés répondent eux-mêmes à leurs propres besoins ; car c’est eux qui les vivent.

Bien ! Alors, quelle analyse faites-vous de la politique de responsabilité sociétale des entreprises minières dans le pays ?

Les entreprises minières ne peuvent donner que de l’argent à l’Etat. Il ne faudrait pas que cet argent contribue seulement à acheter des habits, à construire des maisons. Ça doit aussi tenir compte de cette problématique ; surtout que cette entreprise qui donne cet argent, c’est sa contribution par rapport à ce dégât qu’elle cause à la communauté. Donc il faudrait qu’une partie importante de ces fonds soit consacrée à ce dégât prioritaire causé par l’entreprise qui est installée dans cette communauté.

Parlant du littoral guinéen, il est aujourd’hui menacé par des construites anarchiques. Quelles sont les mesures, selon vous, à prendre afin d’arrêter ces pratiques ?

D’abord, c’est à l’Etat de prendre des dispositions. Et aux propriétaires de ces maisons de voir eux-mêmes l’endroit où ils construisent si l’eau ne peut pas venir les agresser un jour. Alors, l’autre point est que les citoyens de cette localité doivent pouvoir dire non à la construction dans l’intérêt de la citoyenneté. Parce qu’avant tout, c’est eux qui vont souffrir. Donc ils doivent être honnêtes et sincères pour dire au propriétaire de la maison que vraiment nous t’aimons mais nous préférons cela, parce que la communauté risque de souffrir plus tard. Si toutefois le pouvoir central (l’Etat) ne prend pas les dispositions. Au cas contraire les individus consciemment doivent pouvoir dire non, un jour l’eau va retourner contre nous, ça pourra être moi où mes enfants. Donc c’est les citoyens qui doivent se défendre, pas dans la violence, mais dans les règles de l’art.

Un appel à l’endroit des citoyens et autorités à la lutte contre le dérèglement climatique ?

J’invite les citoyens à assumer leur responsabilité, et savoir que les communautés leur appartiennent. Ils sont responsables de ces communautés. Ils doivent s’activer à les développer à travers toutes les bonnes actions.

Merci Monsieur Traoré

C’est moi qui vous remercie

Entretien réalisé par Younoussa Sylla
Tel: 624366435

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