Après son retour de la conférence internationale sur l’industrie minière en Afrique, qui s’est tenue le 6 février 2019 à Indaba (Afrique du sud), l’ambassadrice du Royaume-Uni a accordé une interview cette semaine à quelques médias de la place. Au cours de l’entretien, Catherine Inglehearn est revenue sur l’avantage de cet évènement dont la Guinée a pris part à travers son ministre des mines. Elle a profité de l’occasion pour expliquer l’initiative de la Grande Bretagne d’investir dans des projets miniers en Guinée.

Lisez l’intégralité de l’interview !

Vous avez pris part, il y a quelques jours, à une conférence internationale à Indaba (Afrique du sud) sur l’industrie minière en Afrique. Quels enseignements en avez-vous tirés ?

J’ai remarqué que c’est l’un des plus grands événements pour le secteur minier en Afrique. Donc, il y avait toutes les sociétés, des investisseurs, des sous-traitants. J’ai aussi remarqué que la Guinée était bien remarquée. Il y avait au moins 3 panels (présentations) sur la Guinée qui étaient tous très bien. Il y avait une participation importante dedans. Ce que j’ai compris, c’est qu’il y a de l’intérêt en Guinée actuellement. Et la bauxite est un essor actuellement pour la Guinée. La Guinée pourrait devenir dans l’avenir, à court termes, au moins le deuxième sinon le premier  producteur de bauxite dans le monde. Et la bauxite est très importante pour l’aluminium et le monde entier veut de l’alumine.

Donc, c’est vraiment une opportunité pour la Guinée actuellement. Une opportunité qui vient avec beaucoup de défis et de risques aussi. Mais pour l’instant, ça pourrait être une bonne opportunité pour la Guinée et son peuple.

Avec la dernière chute des prix des produits pétroliers, la question de la diversification des économies des pays à grandes potentialités de ressources naturelles, revient au menu du débat. A votre avis, comment la Guinée intègre-t-elle ce défi et comment la Grande Bretagne pourrait-elle aider sur la voie de cette diversification ?

La Guinée n’a pas que de la bauxite. Elle est l’une des premières ressources de fer dans le monde, elle a de l’or, de diamant. Le pays est très riche en minerai et ressource naturelle. Elle a aussi une terre qui est très riche et fertile et le gouvernement en parle toujours, en disant qu’en fait c’est ça qui pourrait être le plus important pour la Guinée parce que c’est l’agriculture qui va fournir de l’emploi, qui va permettre la Guinée de vraiment diversifier. Mais comment le faire ? J’ai dit tout à l’heure que la bauxite est un essor pour la Guinée et avec les projets, depuis mon arrivée en Guinée en 2015, je crois qu’il y a entre 11 à 14 nouveaux projets de bauxite qui se sont lancés.

Avec tous ces projets de bauxite, il y a aussi de nouvelles infrastructures qui ont été construites ou qui sont en voie de construction. On voix de nouveaux ports, des routes, même des projets pour des chemins de fer. Pour la Guinée, c’est très important et le gouvernement le reconnait pleinement, ça va être très important de maximiser toutes les infrastructures afin de permettre d’autres industries de se développer dans les zones minières. C’est déjà une réalité, qu’on voit des initiatives de la part du gouvernement, avec l’assistance de la banque mondiale et d’autres pour commencer à développer une stratégie pour la région de Boké qui utiliserait ces infrastructures pour permettre le développement de l’agriculture dans la région. Il commence à regarder chaque nouveau projet, ils vont insister sur des infrastructures pour le transport qui ne sont pas dédiés seulement aux sociétés, mais qui pourrait être utilisés pour d’autres industries ou d’autres utilisateurs.

Je sais aussi que le ministre des mines est en train d’élaborer une telle stratégie pour la région de Siguiri et je crois aussi pour la région de Boffa. C’est une très bonne initiative, ce n’est que pour l’instant le début. Donc, il faut voir la réalisation des objectifs de cette stratégie mais pour l’instant, on commence à avoir vraiment une approche plus stratégique pour l’usage de toutes ces opportunités.

La part de la Grande Bretagne par rapport à ce projet 

Ce que la Grande Bretagne peut apporter à cette situation, à Indaba, nous avons fait une présentation avec la Guinée comme un cas spécifique, c’est l’offre que peut apporter la Grande Bretagne et l’autre offre, ça dépend d’abord du secteur privé. Parce que c’est le secteur privé qui à la fin. C’est vraiment le moteur du développement économique dans les pays africains en voie de développement y compris la Guinée. Nous avons une longue histoire dans les mines. Donc, nous avons toute l’expertise soit ingénieur, du développement durable, le transport et gestion des maisons de production pour les travailleurs. On a vraiment l’expertise nécessaire pour développer des projets qui ne sont pas que des projets miniers mais qui sont des projets qui vont contribuer aussi pour développement durable.

Les mines ne sont pas des revenus des minerais mais des activités qui encourage l’agriculture, qui créer de nouvelles industries par rapport à l’activité minière, qui créer une base sociale, qui assiste les communautés qui sont impactées par les mines, des sociétés qui ont l’expertise aussi dans la protection et la conservation de l’environnement qui est aussi fortement impactée par les mines.

Comme exemple en Guinée, nous avons un groupe de société qui commence par une société minière qui a de licence pour la bauxite et ils projettent utiliser cette mine pour attirer le financement pour un chemin de fer et pour le port. Mais, tout en assurant que le chemin de fer et seront à multi usage.

Puisse qu’on parle d’un projet,  dans la région de Mamou, il y a un projet.  Le projet c’est de créer un chemin de fer de Mamou jusqu’à un nouveau port près de Forécariah. Donc, c’est une zone qui ne connait pas d’abord beaucoup d’exploitations minières. Ce n’est pas comme Boké ou Siguiri. Nous le présentons comme une opportunité. Nous avons l’exemple de la Guinée et cet exemple est spécifique comme une opportunité pour la Guinée aussi de faire voir, comment on peut faire travailler ensemble le secteur minier avec le développement durable.

Dans l’exploitation minière en Guinée, l’autre défi c’est l’impact environnemental et social de cette exploitation. Qu’en pensez-vous et dans quelle mesure la Grande Bretagne pourrait-elle contribuer à la réduction des effets négatifs de l’exploitation minière ?

C’est évident que les sociétés, les communautés et l’environnement sont fortement impactés par les mines et chaque gouvernement a une responsabilité de protéger l’environnement et les communautés contre l’impact minier. Mais, ce n’est pas facile. Ici, en Guinée, il y a beaucoup d’ONG nationale et internationale et la société civile qui s’inquiètent pour cela mais qui reconnaissent aussi la nécessité pour la Guinée d’exploiter sa richesse naturelle. J’ai parlé des stratégies pour le développement qui sont déjà lancées, mais il y a eu aussi certaines initiatives qui ont déjà été lancées par le SFI par exemple, il y a deux ans. C’était une initiative pour le développement responsable des mines. Cette initiative a créée des tables rondes, toutes les parties prenantes qui sont impactées par les mines  ont pris part. Après la première phase de l’initiative, on n’a pas vu de suite. Mais, maintenant le ministère des mines est en train de relancer l’initiative qui est une très bonne chose et nous espérons voir une suite importante. Mais il y a déjà d’autres initiatives. Il y a plusieurs bayeurs y compris nous, qui travaillent déjà  en Guinée pour la protection de votre faune et flore. Nous avons plusieurs projets qui travaillent pour la protection des chimpanzés, des éléphants mais aussi les flores.

Ces projets sont aussi importants pour le secteur minier parce que souvent les mines trouvent des traces des chimpanzés ou même des éléphants. Il faut que les sociétés payent de la compensation pour tout impact négatif. Elles doivent trouver une façon de compenser ça en favorisant d’autres activités par exemple le parc national du moyen bafing est financé en partie par la Compagnie de Bauxite en Guinée (CBG) et GAC. Là aussi, il y a des façons d’assurer la protection de l’environnement et des communautés.

Pour la Grande Bretagne, j’ai parlé de certains projets que nous avons déjà. Mais nos sociétés ont aussi beaucoup d’expertises partout dans le monde. Le gouvernement Britannique, nous avons une responsabilité à assurer la redevabilité de nos sociétés. Ce qui n’est pas facile parce que nous ne sommes pas là pour les gardiens de chaque société. Mais comme nous donnons notre soutien à des sociétés, nous disons toujours que le droit des communautés soit bien respecté. Si non, on pourrait même arrêter notre soutien. A cause de cela, nous faisons attention aux sociétés que nous soutenons. Les grandes sociétés au Royaume Unis sont obligées à faire des rapports annuels pour leurs actionnaires. Donc, nous avons un média très fort et une société civile très forte chez nous qui aussi demandent une redevabilité de toutes les sociétés britanniques. Donc de cette façon,nous aussi nous devons faire attention et puis finalement, je fais mention aussi du fait que pour la transparence, la corruption qui est aussi une question importante. Toutes les sociétés Britanniques sont contraintes par notre loi sur la corruption. Ce qui veut dire que cette loi ne s’applique pas  seulement au Royaume Uni mais à toutes les Britanniques ou les sociétés Britanniques enregistrées chez nous qui agissent ailleurs dans le monde. Donc, toutes les sociétés Britanniques connaissent bien ce fait.  C’est pour cette raison, elles doivent absolument faire attention.

Votre pays s’investit aussi beaucoup dans la promotion de la transparence dans les industries extractives. Comment cette bataille se déploie-t-elle en Guinée ?

Le cas guinéen, on s’y intéressait beaucoup et nous avons vu pas  mal de progrès  depuis que je suis là comme ambassadrice du Royaume Uni, il y a de cela 4 ans. On a vu pas mal de progrès avec l’initiative ITIE sur les industries extractives. C’est un progrès marqué, les rapports sont maintenant publiés, ils sont disponibles qui les rendent plus facile pour la société civile de comprendre les revenus qui arrivent au gouvernement et comment ils sont utilisés. Nous travaillons aussi sur le partenariat pour un gouvernement ouvert. Ce qui n’est pas seulement sur le secteur minier mais c’est des finances publiques.

Là aussi on voit une avance de la part du gouvernement en partenariat avec la société civile qui rendrait plus transparente et disponible les finances publiques de façon numérique. Nous travaillons aussi avec la société civile sur des initiatives pour lutter contre la corruption. Là aussi, on voit un langage plus fort de la part de la société civile en Guinée. Ça c’est les activités de l’ambassade.

De la part du gouvernement,  indépendamment de nous avec l’assistance de la Banque, de l’Union européenne et du PNUD, on voit aussi des reformes importantes par exemple le nouveau code sur l’investissement, les guichets uniques, l’assainissement du cadastre minier, le nouveau code contre la corruption, l’agence nationale sur la lutte contre la corruption. A part ça, il y a plusieurs reformes qui vient d’être faites qui assureront un principe de 15%, des revenus miniers vont au développement local. Donc, il y a plusieurs initiatives comme celle-là, qui sont très bien. L’important, c’est vraiment de les faire appliquer, c’est la mise en œuvre et je sais très bien qu’il y a certains ministres qui sont vraiment très engagés surtout le ministre des mines.

Je trouve que c’est vraiment une avancée marquée depuis 2015. Mais, la corruption est toujours un grand problème pour la Guinée.  Même si la Guinée a chuté 27 point sur l’index de Doing Bisness depuis 2010, mais c’est toujours le rang 152/190. Donc, il y a encore des efforts à faire.

Il faut lutter contre la corruption à tous les niveaux. Donc, pas seulement, au niveau du gouvernement mais aussi à la base et dans tous les secteurs. C’est pour cela que nous travaillons aussi avec la société civile. C’est elle et les médias qui doivent rendre compte des activités du gouvernement. La perception de la Guinée à l’étranger n’est toujours pas très bien. C’est toujours considérer à un pays à haute risque et ça un problème pour attirer les investisseurs. Mais je souligne que je trouve qu’il y a des ministres dans le gouvernement qui font vraiment un effort pour changer cette perception et je pense qu’avec les pas qu’ils ont pris, peuà peu ça va changer. La situation actuelle, avec tant d’intérêt dans la bauxite, ça c’est aussi une opportunité pour la Guinée. Les mines peuvent contribuer au développement durable et que les revenus peuvent être bien utilisés pour le bénéfice de la population guinéenne.

Le 29 mars prochain, le Brexit devrait être effectif. Concrètement, qu’est-ce que cela devrait changer dans les relations diplomatiques entre la Guinée et la Grande Bretagne ?

Le processus du Brexit est toujours en discussion. Le premier ministre est parti aujourd’hui pour Paris pour encore des négociations avec la France. Ce que nous savons pour la Guinée, il n’y a aura pas de changement négatif à cause du Brexit. Nous voyons en fait Brexitcomme une opportunité parce qu’en principe on va répliquer les accords que nous avons à travers l’Union européenne avec la Guinée. En faisant cela, nous aurons aussi des opportunités de trouver des façons d’améliorer des accords sans les contraints de l’Union européenne qui ont peut-être des industries, que nous n’avons pas par exemple le Café, oui nous n’avons pas d’industrie du café mais nous buvons beaucoup de cafés. Pourquoi ne pas explorer le café guinéen. Donc, nous voyons comme une opportunité.

Pour l’Afrique en entier, notre premier ministre a déjà annoncé qu’il y a de nouveaux financements importants pour l’Afrique dans l’investissement du développement. Nous avons déjà des programmes d’assistances pour les développements très important mais je parle de financement pour le développement. C’est-à-dire des financements dans des infrastructures par le secteur privé. Donc, ils sont des financements disponibles aux secteurs privés pour des projets commerciaux. Et je vous ai dit avant que nous voyons le secteur privé comme quelque chose qui va dynamiser l’Afrique, qui est le moteur du développement. C’est pour cela que nous espérons avoir plus de sociétés britanniques en Guinée.

On a fait beaucoup de publicité pour la Guinée quand j’étais à Indabala semaine dernière. Le prochain pas, c’est le symposium des mines guinéennes qui aura lieu en avril. Nous espérons avoir une délégation forte Britannique pour cela. Pas seulement des sous-traitant mais aussi des investisseurs, pas seulement dans le secteur minier mais peut être aussi dans d’autres secteurs comme l’énergie ou l’agriculture.

Source : Aminata.com

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