(Agence Ecofin) – Régulièrement accusé d’entraîner des pays africains dans le « piège de la dette », l’empire du Milieu utilise l’annulation des prêts sans intérêts comme un « instrument de politique étrangère » pour polir son image, dans un contexte de rivalité accrue avec les puissances occidentales.

La récente annulation de 23 prêts sans intérêts accordés à des pays africains par la Chine porte sur un montant total de 610 millions de dollars, a estimé l’Université de Boston dans une note de recherche publiée le jeudi 8 septembre.

Le ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yi, a annoncé le jeudi 18 août, que Pékin a décidé d’annuler 23 prêts sans intérêts accordés à 17 pays africains, et qui sont arrivés à échéance à fin 2021. Il n’a cependant pas donné de détails sur le montant de ces prêts et les pays bénéficiaires de l’annulation des dettes.

Des chercheurs de l’Université de Boston ont évalué le montant maximal de ces prêts sans intérêts faisant l’objet d’annulation à environ 610 millions de dollars.

 En utilisant la base de données sur les prêts chinois à l’Afrique (Chinese Loans to Africa /CLA) compilée par le Global Development Policy Center de l’Université de Boston, les chercheurs ont précisé que ces prêts arrivés à échéance en 2021 ont été servis à des pays africains entre 2000 et 2012.

Outils diplomatiques

Rappelant que la Chine a accordé 53,8 milliards de dollars de prêts à l’Afrique entre 2000 et 2012, la note de recherche précise que les prêts sans intérêts annulés ne représentent que 1,1% des prêts servis par Pékin aux pays du continent, durant la période sous revue.

« L’octroi et l’annulation de prêts sans intérêts sont des outils diplomatiques et symboliques importants dans les pratiques de prêt de la Chine », concluent les auteurs du rapport, notant que ce genre de prêts « s’apparente davantage à des instruments de politique étrangère qu’à des instruments financiers axés sur les résultats ».

Selon le Global Development Policy Center de l’Université de Boston, Pékin a prêté 159,98 milliards de dollars aux pays africains depuis l’an 2000, principalement par l’intermédiaire de la China Eximbank (60 %) et la China Development Bank (25 %).

La Chine est le premier créancier de huit pays africains éligibles à l’initiative de suspension du service de la dette (DSSI), selon une étude publiée en juin dernier par Green Finance & Development Center, un think tank basé à Shanghai. Cette étude précise que Pékin détient 55% de la dette de Djibouti, 42% de celle de la République du Congo et 34% de celle de l’Angola. Les autres pays du continent dont l’empire du Milieu est le premier créancier sont : la Guinée (32% du stock total de la dette), les Comores (31%), le Cameroun (29%), la Zambie (25%) et le Togo (24%).

En 2020, la Chine avait soutenu le plan d’allègement de la dette du G20 pour les pays les plus pauvres de la planète, en acceptant de différer le remboursement de 5,7 milliards de dollars de dette entre mai 2020 et décembre 2021.

Fin juillet dernier, Pékin a également accepté une restructuration de la dette de la Zambie, et invité les créanciers privés de ce pays à « s’engager sans délai » à négocier un allégement de la dette « à des conditions au moins aussi favorables ».

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