Ce vendredi 03 mai 2019, l’humanité célèbre la 26ème journée mondiale de la liberté de la presse. Cette journée, pour rappel, a été instaurée par l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) en décembre 1993 après la tenue du séminaire qui a conduit à l’adoption de la Déclaration de Windhoek en Namibie, sur la promotion pour le développement d’une presse africaine indépendante et pluraliste.

Cette Déclaration exigeait aux Etats membres, l’établissement, le maintien et la promotion d’une presse pluraliste, libre et indépendante et mettait l’accent sur l’importance d’une presse libre pour le développement et la préservation de la démocratie au sein d’un Etat, ainsi que pour son développement économique.

Cette date du 03 mai est donc devenue partout dans le monde, l’occasion propice d’informer le public à propos des violations flagrantes du droit à la liberté d’expression et le moment de se rappeler que plusieurs journalistes risquent la mort ou la prison en transmettant la nouvelle aux citoyens.

Cette année, le thème retenu est : « Les médias pour la démocratie : journalisme et élections en temps de désinformation». Un thème qui cadre avec l’idée que la démocratie et la liberté de la presse sont inséparables. Il n’y a pas d’exemple de régime dictatorial qui respecte la liberté de la presse et il n’y a pas non plus de démocratie qui puisse fonctionner sans liberté de la presse. C’est donc un pilier fondamental des valeurs auxquelles nous croyons et pour lesquelles nous nous battons.

En Guinée, nous croyons, plus que jamais, qu’il y a besoin de soutenir les hommes et femmes de médias qui vivent des heures extrêmement difficiles dans l’exercice de leur métier tant sur le plan matériel que sécuritaire. Les médias en tant qu’entreprises ne font pas exception à cette précarité indescriptible qui tire vers le bas et menace de façon sérieuse la continuité et la lucidité dans la pertinence des structures de presse. Le montant trop élevé de la redevance annuelle, l’étroitesse de l’assiette de la subvention accordée aux médias privés qui a été rabotée à l’extrême passant de 5 milliards 224 millions 17 mille francs guinéens en 2018 à 3 milliards de francs guinéens en 2019, le manque criard de la culture de la publicité, entre autres, exacerbent et accélèrent la chute des entreprises de presse, malgré le caractère public du service rendu et pour la plupart gratuit.

Le besoin est plus qu’impérieux aujourd’hui, de rappeler que l’adoption par l’Assemblée nationale suivie de la promulgation et de la publication dans le Journal Officiel de la loi portant Droit d’accès à l’information publique permettra sans nul doute aux journalistes, de contribuer de façon efficace, à la promotion de la bonne gouvernance et à l’émergence d’un équilibre social dans le pays.

La presse guinéenne a besoin de rattraper son retard infrastructurel à l’image de beaucoup de pays de la sous-région à travers la construction d’une Maison de la presse digne de nom. Hier à Coléah-Moussoudougou, aujourd’hui à Kipé-Dadia, demain peut-être à Kagbèlen, dans la préfecture de Dubréka. Ce mouvement giratoire ne nous honore point et nous osons croire qu’il en est de même chez nos autorités, car une presse est avant tout la vitrine d’un pays. C’est pourquoi, nous profitons de la célébration de cette journée internationale de la presse, pour lancer un appel solennel à l’endroit de Monsieur le Président de la République et à son Gouvernement pour aider la presse guinéenne à se doter d’une Maison de la presse.
La formidable aspiration des peuples à la liberté, à la libre expression, à la démocratie, au respect de la personne humaine est, nous croyons, une raison supplémentaire pour nous inciter à célébrer, avec conviction et engagement, cette journée internationale de la liberté de la presse.

Nous reconnaissons l’effort consenti par les autorités guinéennes dans l’obtention de la loi L002 sur la liberté de la presse qui a le mérite de dépénaliser les délits de presse en Guinée. Il convient cependant de mentionner que des actes allant dans le sens contraire de cette loi sont encore posés par des commis de l’Etat, des partis politiques et même par des citoyens. C’est dans ce registre que des journalistes ont été privés de leur liberté de façon arbitraire, bastonnés à Eco 3 de Matam, insultés et bafouillés dans leur dignité dans des évènements sans aucune forme de justice jusqu’à date, malgré des plaintes régulières portées auprès des tribunaux du pays. Nous n’oublions pas non plus les enquêtes qui traînent ou qui ne satisfont pas les parties dans les dossiers liés aux cas de morts et de disparition de nos confrères.
L’impunité des crimes commis contre les journalistes est une menace qui touche toutes nos sociétés. Cette menace nous impose une vigilance sans cesse.

Par ailleurs, nous lançons un appel aux autorités compétentes de faciliter l’octroi des agréments et des fréquences aux promoteurs de l’audiovisuel privé.

Un journalisme indépendant permet d’exposer aux citoyens des faits et de se forger une opinion. La liberté de la presse garantit des sociétés où règnent la transparence, où chacun peut accéder à l’information. Un journalisme indépendant analyse le monde et le rend accessible à toutes et à tous, œuvrant pour la diversité des opinions.

Cette journée offre à l’opinion également l’occasion de parler aux hommes et femmes des médias, les rappeler le sens de la responsabilité sociale, du respect strict de l’éthique et de la déontologie sacerdotale, car nous sommes tous conscients de l’impact combien important de la presse sur les populations. Une virgule mal placée, par exemple, peut avoir des conséquences inimaginables et dangereuses.

Nous devons à cet égard, agir ensemble pour protéger la liberté d’expression et la sécurité des journalistes, afin que ces derniers exercent dans la plus grande tranquillité leur métier au bénéfice exclusif de la nation toute entière et pour toute l’humanité.

On ne saurait terminer cette déclaration sans parler de l’imminence de la Convention collective des journalistes et techniciens de la presse privée de Guinée dont la rédaction est dans sa phase finale. Cette convention, une fois en vigueur, permettra notamment d’assainir la corporation et d’améliorer significativement les conditions de vie et de travail des professionnels des médias.

Vive la liberté de la presse !

Vive la presse Guinéenne !

Vive à un environnement économiquement propice aux médias guinéens !
Je vous remercie !

Conakry, le 3 mai 2019

URTELGUI, AGEPI, AGUIPEL, SPPG, REMIGUI, UPLG, UFSIG, APAC

 

 

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